International Day of Women and Girls In Science 2024

Données chiffrées sur la place des Femmes et Filles en Science en France

Depuis 2015, la Journée internationale des Femmes et des Filles dans les Sciences (International Day For Women and Girls in Science), instaurée par l’UNESCO, est devenue un rendez-vous incontournable afin d’évaluer les avancées et les défis persistants en matière d’égalité des genres dans le domaine scientifique. Le Service Scientifique de l’Ambassade de France aux États-Unis s’attache à marquer cette date, mettant en lumière les progrès accomplis tout en soulignant le besoin persistant de poursuivre les efforts pour parvenir à une véritable égalité des genres.

Le choix des loisirs dès le plus jeune âge a une importance cruciale, car la socialisation initiale aux sciences peut impacter la perpétuation des inégalités de genre et les disparités dans les milieux étudiants et professionnels. Bien que les femmes représentent 55% du corps étudiant, elles ne constituent que 41% des étudiants en filières scientifiques. Ces chiffres se précisent davantage : 63% des étudiants en sciences de la vie sont des femmes, mais elles ne représentent que 31% en sciences fondamentales et seulement 25 % ont obtenu un diplôme dans les filières du numérique. Ce phénomène résulte de multiples obstacles qui se manifestent à chaque étape de l’orientation scolaire des jeunes filles, du choix des spécialisations jusqu’à la fin des études supérieures, étant qualifié de « problème du tuyau » ou “pipeline problem” dans la littérature anglo-saxonne. En Europe, les hautes fonctions académiques en sciences sont exercées à hauteur de 86% par des hommes, et moins de 4% des prix Nobel de science ont été décernés à des femmes. En France, seulement 29.9% des femmes sont chercheuses appartenants officiellements au domaine de la Recherche et Développement. La parité est mieux respectée dans les domaines de la santé et de la chimie, mais elle demeure largement déséquilibrée dans des secteurs tels que l’aérospatial, l’énergie nucléaire et les technologies du transport et du numérique.

Les chiffres révèlent également des disparités persistantes dans la représentation des femmes au sein des organismes de recherche en France. Au CNRS, la proportion de femmes parmi les ingénieurs et techniciens a bien atteint la parité, cependant seul 34% des chercheurs sont des femmes, avec des progrès encore lents et une estimation de l’atteinte de la parité vers l’an 2088. Des enjeux tels que la réussite aux concours ou l’accès aux postes de direction nécessitent une attention particulière. Notons qu’à l’INSERM, il existe une surreprésentation féminine avec 71 % de femmes parmi les ingénieurs et techniciens temporaires. Néanmoins cette proportion de femmes est contrebalancée par une distribution inégale dans les niveaux hiérarchiques et une distance à la mixité marquée dans certains métiers, ce qui engendre un écart des rémunérations en faveur des hommes. Enfin, à l’INRAE, si l’égalité est atteinte dans le corps des chargées et chargés de recherche, des disparités persistent dans les niveaux élevés, notamment chez les directeurs de recherche et les adjoints techniques, avec des différences de rémunération expliquées en grande partie par des écarts dans la répartition entre les corps. Ces données soulignent l’importance de renforcer la place des femmes, en équilibrant les décalages existant en terme de formation et d’accès aux postes, en particulier dans les niveaux hiérarchiques les plus élevés, comme une priorité essentielle pour promouvoir l’égalité des sexes dans la recherche scientifique

Actions en faveur de la parité dans le domaine scientifique 

Plusieurs initiatives sont mises en place afin de réduire l’écart entre hommes et femmes dans le domaine de la science et de la technologie :

Programmes gouvernementaux et institutionnels :

Actions spécifiques au sein des institutions de recherche :

  • Le Comité parité-égalité du CNRS, composé de représentants et représentantes des institutions, de la DRH et de la Mission pour la Place Des Femmes (MPDF), formule des recommandations pour garantir l’égalité professionnelle et la parité au CNRS.
  • La Mission pour la place des femmes au CNRS (MPDF) anime un réseau de correspondants et correspondantes en régions et interagit avec le comité parité-égalité du CNRS.
  • L’Institut de Physique du Physique propose une formation spécifique pour accompagner le parcours des femmes dans les laboratoires de physique du CNRS.
  • Les réseaux de référentes et référents parité-égalité du CNRS, mis en place dans certaines délégations et instituts, se focalisent sur les problématiques de sites et de carrière.

Initiatives internationales et associatives :

  • Le Programme Pour les Femmes et la Science de L’Oréal-UNESCO met en avant l’excellence scientifique et soutient les femmes scientifiques à travers des prix internationaux et des bourses.
  • Women in Tech et Women in AI sont des organisations mondiales visant à promouvoir l’inclusion, la diversité et l’équité dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques (STEAM).
  • Des associations telles que Elles Bougent et Femmes Ingénieures œuvrent également pour la promotion des femmes dans le domaine de l’ingénierie et des sciences.

 

Évènements du Service pour la Science et la Technologie de l’ambassade de France Aux Etats Unis. 

Chaque année les équipes du Service pour la Science et la Technologie s’attachent à célébrer cette semaine, à travers des actions à L’Ambassade de France de Washington DC et dans les différentes circonscriptions des Consulats de France aux Etats Unis.

 

Atlanta 

 

Le Service Scientifique du Consulat de France à Atlanta a choisi d’organiser un déjeuner Women In Science. Cet événement a rassemblé plusieurs femmes chercheurs notables de la communauté scientifique française dans la région et étudiantes des filières scientifiques affiliées aux prestigieuses universités Georgia Tech et Emory University. Cet événement a offert une plateforme de discussion sur le statut des femmes dans le milieu académique et professionnel. Les échanges ont mis en lumière plusieurs points clés, notamment une présence plus significative des femmes dans les établissements d’enseignement en France par rapport aux États-Unis. Mais également la nécessité de réaliser des efforts supplémentaires afin de renforcer la confiance en soi des femmes dans les domaines scientifiques et leur sentiment de légitimité, en particulier face à leurs homologues masculins.

 

Chicago  

Eleonora Gatta, Alice Pelosse, Laetitia Perronne, et Marie Poirot lors de l’événement Women In Science 2024 au Lycée Français de Chicago.

Le Service Scientifique du Consulat de France à Chicago a choisi d’organiser une discussion au Lycée Français de Chicago, invitant plusieurs chercheuses, Eleonora Gatta, biologiste, Laetitia Perronne, médecin radiologue, et Alice Pelosse, physicienne, à partager leur parcours avec les élèves du lycée. L’événement a offert une occasion aux élèves d’entendre les récits inspirants de ces femmes, élargissant ainsi leur perspective sur les possibilités de carrière et les défis à relever. Cette initiative souligne l’engagement du consulat envers l’éducation et l’émancipation des jeunes, tout en encourageant la diversité et l’inclusion dans tous les domaines d’activité.

San Francisco

Evénement “Closing the data gaps in women’s health” organisé à San Francisco

L’événement « Closing the data gaps in women’s health » organisé par le Consulat Général de France à San Francisco au Women’s Building a mis en lumière l’urgence de combler les lacunes en termes de données pour la santé des femmes. Cet événement a réuni Marie Gombert-Labedens et Fiona Baker, chercheuses et directrices du Center for Health Sciences chez SRI International, ainsi qu’une discussion autour de Julien Penders, PDG chez Bloomlife Inc, et Massimiliano (Max) de Zambotti, co-fondateur et CSO chez Lisa Health. Les discussions ont souligné l’impact transformateur des pratiques évolutives, telles que l’émergence d’outils de mesure connectés. Il y a eu un consensus sur la nécessité d’adopter les principes d’ouverture de la donnée (open data) pour faciliter les recherches plus larges et équitables également axées sur la santé des femmes. Les normes évoluent, exigeant des chercheurs qu’ils justifient les lacunes dans la collecte de données et assurent l’inclusivité dans leurs échantillons d’étude. Le but de cette discussion était de promouvoir l’ouverture des données complètes afin de  permettre aux prestataires de santé d’offrir des soins adaptés et efficaces pour les femmes du monde entier.

 

Washington DC 

Affiche de la semaine des femmes et filles en Science à Washington DC

Les ambassades de France, d’Allemagne, d’Italie, le Children’s National Hospital, la George Washington University, le Meridian, en association avec l’Association Women in Science Diplomacy (WiSDA) ont collaboré pour promouvoir l’égalité d’accès des femmes à la science et encourager les jeunes filles à s’engager dans des carrières scientifiques lors de la semaine des femmes et des filles en science sous forme de divers événements.

Deux événements ont notamment été mis en place:

  • Un événement organisé conjointement avec l’ambassade d’Allemagne à Washington DC était consacré à l’Intelligence Artificielle et la liberté de la recherche, ainsi que les limites éthiques de cette technologie. A cette occasion, plusieurs invités se sont réunis afin d’aborder les questions importantes liées à l’état actuel de la recherche, le sens de la liberté et de l’éthique au 21e siècle et le rôle de la recherche dans leur préservation. Cet évènement fut l’occasion de mettre à l’honneur le travail de figures féminines telles que Madame Patricia Gruber du Département d’État sur la politique étrangère américaine en matière de technologie, la Professeure Mona Sloane de l’Université de Virginie sur ses recherches en IA et en éthique, ainsi que la Docteure Wendy Nielsen qui évoquait les plans de financement de l’IA par la NSF et les nouveaux centres de recherche en IA.
  • L’événement « Empowering women in tech through inspiring stories » s’est déroulé le 8 février à la résidence de France réunissant plusieurs intervenants dont trois femmes inspirantes : Ayumi Moore Aoki, fondatrice et PDG de Women in Tech® Global, Arlande Joerger-Aroukoun, PDG d’Ewosmart, et Bettina Experton, PDG d’Humetrix. Ces entrepreneuses ont partagé leurs parcours remarquables en tant que leaders dans le domaine des technologies, illustrant ainsi la diversité et l’excellence des femmes dans le secteur autour d’une discussion sur les défis persistants de la sous-représentation des femmes dans le domaine technologique et l’importance cruciale de l’autonomisation des femmes dans le secteur afin de construire un avenir plus inclusif et équitable.
Bettina Experton, Ayumi Moore Aoki et Arlande Joerger-Aroukoun lors de l’événement “Empowering women in tech through inspiring stories” le 8 février 2024 à la résidence de France

 

Rédacteurs : 

Pauline Boulay, Chargée de mission pour la Science et la Technologie, Consulat Général de France à Atlanta, [email protected]

Sources : 

Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM). « La parité et l’égalité en chiffres. » (2024) URL : https://pro.inserm.fr/rubriques/linstitut/parite-et-egalite-professionnelle/parite-et-egalite/la-parite-et-legalite-en-chiffres

Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE). « Femmes à l’INRAE. » (2023) URL : https://www.inrae.fr/actualites/femmes-inrae

Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). « Baromètre Parité Science 2019. » (2019) URL : https://carrieres.cnrs.fr/wp-content/uploads/2023/05/CNRS-BSP_2019-VF.pdf

United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization. « UNESCO Science Report: towards 2030  » UNESCO, (2021). URL: https://uis.unesco.org/sites/default/files/documents/unesco-science-report-towards-2030-part1.pdf

Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. « Vers l’égalité femmes-hommes : chiffres clés – 2022. » (2023) URL : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/sites/default/files/2022-03/esri—vers-l-galit-femmes-hommes-chiffres-cl-s—2022-17273.pdf

UNESCO Institute for Statistics (UIS) : Réfèrences statistiques

Blanchard, Marianne, et Philippe Lemistre. « Bacheliers et bachelières scientifiques dans l’enseignement supérieur. Quatre ans après, qui persiste dans les sciences ? », Éducation & formations, vol. 105, no. 1, 2023, pp. 25-46.

 

 

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