"Avion flu", ou l’empreinte du 11 septembre 2001

Une étude des séries temporelles de mortalité grippale aux Etats-Unis met en évidence l’importance des fluctuations du transport aérien domestique et internationale sur la durée de propagation et la date du pic des épidémies de grippe annuelle.
Les auteurs ont étudié 9 saisons épidémiques (de 1996 à 2005) et les ont croisées avec les données mensuelles du trafic aérien domestique entre Novembre et Janvier et du trafic international entre Septembre et Novembre. Sur l’ensemble de la période indiquée, le volume du trafic aérien international du mois de Septembre est un bon prédicteur de la date du pic épidémique national (survenant habituellement à mi-février de l’année), tandis que le trafic aérien domestique du mois de Novembre est un indicateur de la durée de propagation de l’épidémie sur le territoire (mesuré par l’écart maximal entre les pics relatifs de chaque Etat). Cette dernière observation s’explique par le volume important des trajets effectués lors de la période de Thanksgiving. Quant au mois de Septembre, il apparaît comme une période critique pour l’entrée des souches virales sur le territoire des Etats-Unis.
Les importantes perturbations du trafic aérien consécutivement aux attentats du 11 Septembre 2001 ont ainsi engendré des effets sensibles dans l’épidémie de grippe de 2001-2002. La durée de propagation a ainsi augmenté de 68% et le pic national a reculé de 2 semaines. Aucun effet similaire n’a été observé dans les pays n’ayant pas pris de mesure d’interdiction aérienne, comme le montre l’étude parallèle effectuée par les auteurs sur les données du réseau Sentinelle (France).
Des études récentes avaient mis en évidence l’importance des transports inter-états dans la propagation de la grippe à l’échelle régionale, mais c’est la première fois qu’une étude caractérise les relations empiriques entre les dynamiques de l’épidémique grippale et du transport aérien à l’échelon du territoire américain.
Ces résultats suggèrent que la restriction du transport aérien, notamment lors de la période critique de Septembre, pourrait permettre de mieux gérer une épidémie conventionnelle, en permettant entre autres de gagner du temps pour la fabrication de vaccins. En revanche, en cas de pandémie, jugent les auteurs, de telles mesures seraient sans effets. L’Organisation Mondiale de la Santé a pourtant mis à l’étude des restrictions du transport aérien dans son plan d’action contre les pandémies.

Source :

– E-newspaper : https://www.usatoday.com/news/health/2006-09-11-flu-travel_x.htm
– John S. Brownstein, Cecily J. Wolfe, Kenneth, and D. Mandl, Empirical Evidence for the Effect of Airline Travel on Inter-Regional Influenza Spread in the United States, PLoS Medicine, Volume 3, Issue 10, October 2006
https://redirectix.bulletins-electroniques.com/zVdjN(texte intégral)
– Viboud, C. et al., Synchrony, waves, and spatial hierarchies in the spread of influenza, Science, 30 March 2006, 312: 447-451. https://www.hsph.harvard.edu/disasters/articles/spread-of-influenza-science-4-2006.pdf (texte intégral)
– Recommandations de l’OMS dans le cadre du plan de réponse aux pandémies grippales (2005) : https://www.who.int/csr/resources/publications/influenza/WHO_CDS_CSR_GIP_2005_5.pdf (texte intégral).

Rédacteur :

Philippe Jamet, AST, [email protected]

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