Le lancement depuis la base de Vandenberg en Californie d’un satellite révolutionnaire dans l’observation des émissions de CO2 – principal gaz à effet de serre – a tourné court mardi 24 février dernier après un problème technique lors de la séparation de la coiffe du lanceur et du satellite, un peu plus de 13 minutes après le lancement. L’engin s’est abîmé en mer au large de l’Antarctique quelques heures plus tard, semant une terrible déception parmi les ingénieurs ayant travaillé à sa conception depuis des années mais aussi parmi la communauté des chercheurs sur le climat.
La mission de cet ambitieux "Orbiting Carbon Observatory", d’un budget de $278 Millions, devait lancer une impulsion nouvelle dans l’observation et la lutte contre les émissions de CO2 en multipliant de façon significative les données recueillies – 8 millions de données tous les 16 jours contre 100 avec les moyens actuels – et en étudiant également plus en détails les puits de CO2 que sont les forêts et les océans. En outre, ce satellite était aussi l’objet de toutes les attentions sur le plan géopolitique puisqu’il aurait permis de contrôler le respect des protocoles environnementaux concernant les émissions de CO2 par les différents signataires.
De la NASA aux diverses universités et centres de recherches – Berkeley, Maryland, Saclay, Manchester,… – en passant par le National Center for Atmospheric Research à Boulder, tout le monde déplore la perte d’OCO. La société Orbital Sciences Corporation avait conçu le satellite et fourni le lanceur Taurus XL dont les statistiques de 56 succès sur 57 lancements précédents ne laissaient pas présager d’un tel échec. OCO devait rejoindre une constellation de 6 satellites d’observation de la Terre franco-américains appelé l’ "A-Train" – comprenant Acqua, Aura, Parasol, Calipso, Cloudsat et bientôt Glory le 15 juin prochain. Il devait également fonctionner en tandem avec le satellite japonais GOSAT (Greenhouse Gases Observing Satellite) lancé en janvier dernier et dont l’équipe comptait sur sa complémentarité avec OCO pour faciliter sa calibration et mieux exploiter ses données.
Ce genre d’incident fait néanmoins partie des risques liés au secteur spatial comme l’a rappelé le porte-parole d’Orbital Sciences Corporation et un bureau d’investigation a par ailleurs été mandaté par la NASA mercredi pour analyser les causes de l’échec. Il conviendra ensuite de prendre rapidement une décision quant à la construction rapide d’un "OCO II", copie conforme de celui qui vient d’être perdu, ou bien sur la conception plus lente d’un satellite encore plus innovant embarquant des instruments encore plus précis. Certains experts affirment d’ores-et-déjà que les implications sociales et géopolitiques de ce genre de mission – elle aurait pu faciliter des négociations internationales futures en matière d’effet de serre à quelques mois du très attendu sommet de Copenhague sur les changements climatiques – et l’urgence liée à la lutte contre le dégagement de CO2 réclament une réaction rapide et efficace après cet échec désastreux.
Source :
– Washington Post, 25/02/2009 – https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/02/24/AR2009022401803.html?hpid=topnews
– Nature News, 25/02/2009 – https://www.nature.com/news/2009/090225/full/news.2009.124.html
Pour en savoir plus, contacts :
Le site de la Mission https://oco.jpl.nasa.gov/
Code brève
ADIT : 57997
Rédacteur :
François Didelot [email protected] – Agathe Dumas [email protected] – Sarah Guillou [email protected]