Microsoft et l’écosystème mobile

1. La place du logiciel dans le monde mobile

La complexité de l’écosystème du monde des télécommunications mobile s’est accrue au cours des dernières années, avec la montée en puissance des logiciels. Le segment logiciel du marché mobile représentera, selon Strategy Analytics, un débouché de près de 5 milliards de dollars en 2007.
Néanmoins, les éditeurs doivent faire face à un secteur très fragmenté. Une même application doit en effet généralement être développée plusieurs fois du fait de l’absence standard unique et d’interopérabilité. Cette fragmentation technologique est en fait présente quasiment à tous les niveaux de l’architecture en couches. D’une manière générale, le développement d’une application dépend à la fois du constructeur du terminal (et en fait même du terminal), de l’opérateur (technologie réseau) et de plusieurs acteurs logiciels (OS et middleware). Les entreprises se montrent particulièrement intéressées de pouvoir disposer des mêmes applications sur leurs appareils nomades et fixes, notamment outils de bureautiques et gestion (accès email). Le secteur des télécommunications est un secteur prioritaire pour Microsoft, qui ne cherche toutefois pas à devenir un acteur spécifique du secteur mais à profiter des phénomènes de numérisation de la société et de convergence des terminaux pour diffuser plus largement son offre logicielle.

2. Téléphonie mobile et système d’exploitation

Le marché de la téléphonie mobile peut être segmenté en trois catégories du point de vue du système d’exploitation (OS), présent sur tous les appareils mobiles mais avec un niveau de sophistication variable. Les terminaux les moins évolués reposent généralement sur des solutions propriétaires des constructeurs ou sur des solutions assez basiques (à la limite de l’OS), d’acteurs comme Openwave. Les fonctionnalités offertes restent minimes. Microsoft propose ainsi Mobile Explorer pour certains téléphones WAP. Les terminaux évolués de téléphonie (ou smartphones) reposent sur la nouvelle génération d’OS avec les offres de Microsoft, Symbian et Palm OS. Les fonctionnalités proposées sont équivalentes à celle de certains PDAs (Personal Digital Assistant), mais limitée par la taille de l’écran. Les PDAs les plus avancés acquièrent des fonctionnalités de communication. Les fonctionnalités disponibles sont très riches, proches de celles d’un PC. Ces deux dernières catégories représentent deux stratégies différentes qui seront, a priori, amenées à converger.
Ainsi, Windows CE, développé en premier lieu par Microsoft pour les systèmes embarqués, a d’abord été décliné sur les PDAs avec l’OS PocketPC depuis 2000. Avec ses alliances à de grands constructeurs tels Compaq, HP, Casio ou encore Toshiba, la firme de Redmond à réussi à conquérir des parts sur le marché le plus rentable, celui des entreprises (près de 80% du marché selon Gartner), qui apprécient la possibilité d’accéder aux mêmes applications sur leurs PC et sur leurs appareils nomades. En 2003, Microsoft a décidé de clarifier sa stratégie mobile, s’appuyant sur la convergence des PDAs et des téléphones mobiles, en regroupant ses différents OS sous la marque Windows Mobile.
Pour faire face à la concurrence accrue des systèmes d’exploitation mobiles, notamment face à Symbian ou encore Research In Motion, Microsoft a récemment dévoilé sa nouvelle version de Windows Mobile. Windows Mobile 5.0 devrait ainsi répondre aux besoins des fabricants d’appareils mobiles, sous toutes leurs formes (ssmartphones ou encore PDAs) en proposant de meilleures applications bureautiques, une nouvelle ergonomie d’utilisation et supportant de la mémoire non volatile. Egalement, cette nouvelle plate-forme devrait supporter les dernières technologies telles que le WiFi sur certains smartphones évolués, le standard 3G pour la téléphonie ou encore le Bluetooth et l’USB 2.0.
La concurrence sur le segment des systèmes d’exploitation mobiles est assez forte, notamment avec la présence de Symbian sur le secteur grand public et de Research in Motion (Blackberry) sur le secteur professionnel. Linux progresse également dans ce domaine.

3. L’enjeu du middleware

Pour l’heure, ce marché est, et pour au moins trois ans, en phase de démarrage, marqué par l’affrontement entre les plates-formes .Net (Microsoft) et J2EE/Java (IBM, Sun, BEA), des plates-formes qui se déclinent dans le monde mobile. J2EE continue ainsi de dominer le marché du développement des grandes entreprises. D’autres plates-formes ont été spécifiquement créées pour l’industrie mobile, comme BREW de Qualcomm. Contrairement aux produits associés (serveurs, OS, applications), certaines de ces plates-formes sont gratuites (ou à très faible coût) pour les développeurs, que chacun tente d’attirer vers sa technologie. Le marché se mesure donc en nombre de développeurs et d’applications développées, facteur clé de diffusion de la technologie pour posséder un catalogue conséquent. Cette mesure se complète par le nombre d’opérateurs ou de terminaux ayant recours à ce middleware.
En matière de middleware, avant tout développé aux Etats-Unis, Java semble dominer la plate-forme BREW de Qualcomm. Nokia est aussi en partie présent directement sur le middleware, notamment avec Series 40 et Series 60, des technologies encore peu répandue en dehors de Nokia.
Depuis 2003, la plate-forme .NET de Microsoft est dotée d’une version adaptée pour les terminaux. Il s’agit de .NET Compact Framework (.NET CF), un environnement indépendant du matériel permettant d’exécuter des programmes sur divers périphériques informatiques à ressources limitées : assistants numériques personnels (PDA) tels que le Pocket PC, téléphones mobiles, décodeurs, périphériques personnalisés intégrés au système d’exploitation Windows CE .NET. Il apporte ainsi aux périphériques la puissance de développement du Framework NET. NET Compact Framework facilite la création et le déploiement de services Web XML et d’applications clientes actives sur un grand nombre de périphériques mobiles. Ainsi parmi les fonctionnalités offertes aux périphériques, on retrouve l’accès aux web services (il est aussi simple d’appeler un web service XML que d’effectuer un appel), l’accès aux données d’entreprise (Microsoft ADO.NET) et à la messagerie électronique, accès aux opérations de commerce électronique ainsi que l’utilisation de jeux et d’applications composées de formulaires (fonctionnalités graphiques, dessins…). .NET Compact Framework permet également aux développeurs d’associer tous services afin qu’ils offrent aux utilisateurs finals des applications et services personnalisés.

4. Les applications

Les systèmes d’exploitation de Microsoft pour les terminaux mobiles ne sont jamais fournis seuls. Ils sont accompagnés d’une suite d’applications qui sont toutes des classiques sur le marché du PC. Microsoft propose en standard plusieurs de ces applications : Mobile Internet d’Internet Explorer, Outlook, Windows Media Player et bien entendu Office (Word, Excel et Power Point), des applications clés pour les professionnels, qui peuvent les synchroniser avec leurs PCs. Egalement, ActiveSync permet de synchroniser les données. Microsoft a proposé en novembre dernier la version 4.1 de cette solution qui offre la possibilité de synchronisation via USB, Bluetooth ou infrarouge, le support WiFi ayant été supprimé, et le logiciel dispose d’un nouvel assistant de partenariat. Côte navigateur web, Pocket Internet Explorer est l’adaptation d’Internet Explorer, le navigateur gratuit qui équipe plus de 90% des PCs. Enfin, la suite d’applications se complète d’autres éléments clés sur le PC comme Windows Media Player. Egalement, depuis peu, les services en ligne Windows Live Mail et Windows Live Mobile Search sont disponibles au téléchargement dans leur version bêta pour les appareils mobiles.
La concurrence reste relativement rude pour Microsoft, avec des acteurs en mesure de rivaliser avec lui. Les principaux portails cherchent à prendre une position de leader, en s’appuyant sur leurs atouts en Internet (AOL, Yahoo et surtout Google). Les opérateurs, soucieux de contrôler les usagers et les revenus dégagés par les services additionnels, dominent également le marché. Certains équipementiers ne sont pas en reste et se veulent le point central de la relation avec le client final, avec notamment des plates-formes de téléchargement (sonneries, logos, etc…). On retrouve ainsi des acteurs tels que Opera (navigateur web), Real Networks (Audio/Video) ou encore Nokia (services d’e-mails).

Source :

– La fiche de synthèse sur le marché des logiciels aux Etats-Unis éditée par la ME de San Francisco : https://www.missioneco.org/etatsunis/documents_new.asp?V=7_PDF_104357
– La fiche de synthèse sur le secteur des télécommunications aux Etats-Unis éditée par la ME de San Francisco : https://www.missioneco.org/etatsunis/documents_new.asp?V=7_PDF_109483
– https://www.microsoft.com/windowsmobile/5/default.mspx
– https://www.rim.nethttps://www.palmsource.com
– https://www.symbian.com
– L’analyse complète de Microsoft et l’écosystème mobile dans les revues "Convergences Numériques et Audiovisuel" éditée par la Mission Economique de San Francisco : https://www.missioneco.org/etatsunis/documents_new.asp?V=7_PDF_113864 https://www.missioneco.org/etatsunis/documents_new.asp?V=7_PDF_114560 https://www.missioneco.org/etatsunis/documents_new.asp?V=7_PDF_115906
– https://www.java.sun.com/j2me/index.jsp
– https://www.brew.qualcomm.com/brew/en
– https://www.nokia.com
– https://www.opera.com/products/mobile/operamini
– https://www.google.com/talk
– https://www.real.com
– https://www.nokiaforbusiness.com/emea/fr/mobile_email.html

Rédacteur :

Magali Voisin-Ratelle, [email protected]

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