En pleine tourmente financière, alors que les capitaux risqueurs continuent de s’interroger sur l’intensité, l’étendue et la longueur de la crise financière, on note dans la presse spécialisée une série d’articles au ton un brin alarmiste sur la menace de "la bulle" suspendue au-dessus des marchés des technologies vertes. Dans une précédente livraison, nous évoquions pourtant une perception contraire du phénomène par les opérateurs et investisseurs, à savoir que les technologies de l’environnement resteraient sans doute à l’écart du coup du froid soufflant sur le marché de l’innovation en raison du coût de l’énergie et d’un marché porteur.
Alors que se passe-t-il ? La période se prête aisément à l’introspection surtout que le sens du vent reste inconnu. Mais les faits sont là, ils se caractérisent par une extraordinaire montée en puissance des investissements dans les technologies vertes au cours des derniers mois. Selon le "Clean Tech Group", les sommes investies aux Etats-Unis ont atteint 5,8 milliards de dollars en 2007 contre 3,6 milliards en 2006, l’essentiel de ce premier montant allant à des technologies liées à la production d’énergie (2,75 milliards) dans le cadre de 172 projets. Viennent ensuite le stockage d’énergie (471 millions), les transports (445 millions), l’efficacité énergétique (356 millions) et le traitement et le recyclage (291 millions).
Les sommes investies frappent non seulement par leur importance mais aussi par leur formidable croissance qui semble suivre le même rythme que les prix des énergies fossiles. Pour mémoire, les investissements étaient de 714 millions en 2001, six fois moins qu’en 2007, ce qui laisse penser qu’une partie des investissements allant traditionnellement vers internet et les innovations en STIC s’est déplacée vers les projets énergétiques à la suite de la bulle internet dont l’éclatement est intervenu au premier trimestre de 2000.
D’où le rapprochement que certains opèrent entre cette dernière et le marché des investissements dans les technologies vertes. L’inquiétude est augmentée par le fait que les capitaux risqueurs vont devoir non seulement "sortir" plus tôt que prévu du marché pour faire face à la crise de liquidités de leurs mandants (fonds, banques, etc.) mais aussi affronter les incertitudes liées aux cycles énergétiques qui conditionnent dans une très large mesure la mise sur le marché les technologies alternatives de production et de stockage de l’énergie. Dit autrement, si le pétrole retombait à moins de 70 dollars, la bulle aurait de grandes chances d’éclater, volatilisant par la même quelques milliards de dollars et fragilisant encore davantage le système…
Source :
– "What Bubble in Green Technology Investment?", New York Times, Claire Cain Miller, 23/09/08 – https://bits.blogs.nytimes.com/2008/09/23/what-bubble-in-green-technology-investment/
– "Venture capital investors go green, but payoffs elusive", Mavis Scalon, East Bay Business Times, 08/08/08 – https://www.bizjournals.com/eastbay/stories/2008/08/11/story6.html
– "A Bubble in Green Tech? VCs say "Not"", Creative Capital, 24/09/08 – https://creativecapital.wordpress.com/category/a-bubble-in-green-tech-vcs-say-not/
Pour en savoir plus, contacts :
"Green-tech investment roars onward", Martin LaMornica, cnet news, 17/01/08 – https://news.cnet.com/8301-11128_3-9852833-54.html?tag=mncol;txt
Code brève
ADIT : 56163
Rédacteur :
Antoine Mynard, [email protected]