La NIF : une nouvelle agence fédérale de l’innovation ?

Comme nous l’indiquions dans nos précédentes livraisons, le débat électoral de 2008 a été riche sur la question des réformes, du rôle du gouvernement fédéral, le plan de soutien aux banques, etc. En matière scientifique et technologique, les discussions ont également été très nourries et d’autant plus vives que la crise économique se confirmait et affectait les ressorts de l’innovation technologique aux Etats-unis. Ainsi a-ton parlé de la réforme de la FDA dans un contexte de panne généralisée de l’innovation pharmaceutique, mais aussi de celle des régimes d’offres publique de mises sur le marché (IPO) alors que l’activité des sociétés de capital-risque est au point mort depuis plusieurs mois. Deux autres sujets ont été traités par les différents cercles de réflexion de la Capitale, ce sont ceux de la réforme du Bureau fédéral des marques et brevets (USPTO) et de la nécessité pour les Etats-Unis de mettre au point un système de suivi et parangonnage de l’innovation conduite par les principaux pays avancés.

L’ensemble de ces points constituent à eux seuls des thèmes de grandes réformes que la nouvelle administration sera amenée à traiter durant le mandat du Président Obama. Dans la pratique, ces thèmes recoupent aussi celui de l’inquiétude du pays face à son recul relatif en matière technologique et de l’absence supposée de stratégie fédérale en matière d’innovation. Mais certains groupes de réflexion prennent les devants. Ainsi, récemment, évoque-t-on la possibilité de créer une nouvelle agence fédérale de l’innovation – la NIF -, capable de "catalyser" les efforts épars des états, régions ou des pôles spécialisés existants ("cluster") dans des modèles de collaboration technologique nouveaux.

Les avocats d’une telle agence partent du constat que la recherche et développement (R & D) est à l’origine de plus de la moitié de la croissance américaine et que, malgré la promulgation de la loi sur la concurrence ("America Compete Act"), cette dernière n’a obtenu aucun budget. Autrement dit, la création d’une agence constituerait un moyen de mettre en oeuvre cette loi. Comment fonctionnerait cette nouvelle agence ? Ses défenseurs la voient comme le pendant industriel de la NSF avec une structure administrative réduite : ce serait le point d’entrée unique pour les industriels qui souhaitent développer de nouveaux projets innovants en collaboration avec les universités et autres centres de recherche dans le cadre d’un fonctionnement par subsidiarité avec les états. La NIF aurait pour vocation de faire émerger des consortia industriels d’au moins 5 entreprises et des plans de développement technologiques avec des échéances de 3 à 5 ans. Concernant le financement, les consortia apporteraient une contribution égale à celle versée par la NIF.

Le rôle de la NIF ne limiterait pas à catalyser les relations industrie-université. Il serait aussi d’abonder les initiatives en matière d’innovation prises au niveau des états et d’encourager les PME-PMI à adopter de nouvelles technologies. Au sujet du financement de la NIF, ses avocats défendent un budget initial de 1 milliard de dollars annuel dont 40% proviendrait de "la consolidation" d’autres programmes, dont celui de la NSF ("NSF’s partnership for innovation") ou du programme "WIRED". A plus longue échéance le budget de la NIF pourrait atteindre 2 milliards et ainsi représenter un tiers de celui de la NSF.

Alors que l’administration fédérale prépare un vaste train de mesures destiné à relancer l’économie, on peut se demander si la création de la NIF est toujours d’actualité surtout que le contexte budgétaire n’y est guère favorable. Il reste que le projet a de fervents défenseurs et peut constituer un moyen commode pour la nouvelle administration de demander une contrepartie "innovation" aux industriels qui réclament le soutien du gouvernement fédéral. A suivre.

Source :

"Creating a national innovation foundation", Robert Atkinson, Howard Wial, Science Progress fall/winter 2008/2009 p29 – 34

Pour en savoir plus, contacts :

Science Progress, https://www.scienceprogress.org/
Code brève
ADIT : 57614

Rédacteur :

Antoine Mynard, [email protected]

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