Ces dernières années, experts, cabinets spécialisés en analyse du marché, think tanks et autres oracles en infrastructures et réseaux ont régulièrement publié leurs craintes et des avertissements concernant la probabilité de voir Internet inéluctablement submergé par une charge croissante du trafic sur Internet si aucune mesure agressive d’amélioration des infrastructures n’était adoptée. La majorité de ces prévisions s’accordant à spéculer sur les inconvénients pour les utilisateurs et les entraves à l’innovation que cette trop forte croissance du trafic pourrait engendrer.
Les principaux contributeurs de l’augmentation des volumes de données échangées sont les sites de vidéos, les jeux en ligne, les vidéoconférences, la Télévision IP et les services de sauvegarde de documents en ligne. Le site YouTube a ainsi généré, à lui seul, plus de trafic en 2006 que l’intégralité d’Internet en 2000. Si certaines prévisions, notamment soutenues par les stratèges de Cisco, estiment que le rythme à venir de la croissance annuelle du trafic se situera autour de 300%, d’autres acteurs réfutent à l’aide des données qu’ils ont pu recueillir que cette croissance soit amenée à être si forte. Des chercheurs de l’Université du Minnesota rapportent ainsi que la croissance du trafic se situe aujourd’hui autour de 50 à 60% par an et craignent qu’une croissance trop faible du trafic ne soit bien plus néfaste à l’industrie qu’une croissance trop forte. Un déclin de cette croissance pourrait en effet diminuer les besoins d’amélioration des connexions et ainsi les ventes de nouveaux équipements.
L’étude de la croissance du trafic est cependant peu porteuse de sens si elle ne considère la croissance de la capacité du réseau. Si la croissance du trafic excédait celle de la capacité pendant plusieurs années après 2002 suite à l’éclatement de la première bulle Internet, les chiffres de 2007 et 2008 présentent un inversement de la tendance grâce aux travaux d’infrastructures sur la boucle locale et l’hypothèse d’un embouteillage cataclysmique semble de moins en moins probable. Cette hypothèse est pourtant toujours relayée par différents lobbies industriels afin de sensibiliser les législateurs et d’obtenir des réductions d’impôts pour la construction de réseaux afin de prévenir le supposé désastre.
Plus de raisons de s’alarmer d’un désastre pour autant ? Pas vraiment, puisque l’effet inverse, à savoir l’essoufflement de la croissance du trafic, est peut-être davantage porteur d’inquiétudes. Trop peu de trafic impliquerait une baisse des investissements en nouveaux équipements et une baisse des innovations matérielles et logicielles. Les acteurs industriels du secteur auraient donc tout intérêt à s’attacher à stimuler la croissance du trafic via de nouvelles applications pour maintenir une croissance proche de 100% afin d’assurer la pérennité des investissements en termes de réseaux.
Source :
– Surviving the exaflood, 4 Décembre 2008 – https://www.economist.com/science/tq/displaystory.cfm?story_id=12673221
– Will the internet ever peak? – https://www.newscientist.com/blog/technology/2008/04/will-internet-ever-peak.html
Pour en savoir plus, contacts :
Annual growth rates 2002-2008 : https://www.dtc.umn.edu/mints/2002-2008/analysis-2002-2008.html
Code brève
ADIT : 57251
Rédacteur :
Franz Delpont, [email protected]