Le 28 avril 2009, J. Clarence Davies [1], a présenté son rapport "Oversight of Next Generation nanotechnology" lors d’une conférence tenue au "Woodrow Wilson International Center for Scholars" [2] à Washington. Le rapport, constitué de trois parties, examine le futur des nanotechnologies dans les prochaines décennies. Il analyse la capacité des autorités et politiques actuelles à suivre et anticiper le développement de ces nouvelles technologies. Il expose enfin à quoi pourrait ressembler la surveillance des nanotechnologies grâce à un "Département fédéral de l’Environnement et de la Protection du Consommateur".
Tous les observateurs prédisent qu’un des aspects importants de la nanotechnologie du futur sera son association avec d’autres technologies et l’émergence de technologies hybrides complexes et innovantes. Ainsi, les technologies basées sur la biologie sont interconnectées avec la nanotechnologie – la nanotechnologie est déjà largement utilisée pour manipuler le matériel génétique et certains nanomatériaux sont construits à partir de composants biologiques. Certains experts, prédisent que la convergence de la nanotechnologie, la biotechnologie et les sciences cognitives sera l’une des caractéristiques du vingt et unième siècle. Pour d’autres, la nanotechnologie fait partie d’un ensemble de technologies qui accéléreront les avancées technologiques du siècle.
Dans son rapport, Davies montre que les outils de régulation actuels sont inadaptés face aux "formidables possibilités offertes par ces nouvelles technologies". Les agences gouvernementales responsables de la protection du public ont été conçues pour s’occuper de technologies de l’age industriel et ne sont pas prêtes pour gérer le développement des nanotechnologies. Les nanotechnologies de prochaine génération ("next generation nanotech") auront un impact important sur l’économie. Elles interviendront par exemple dans le domaine de la fabrication où les produits seront fabriqués à meilleur marché et plus rapidement.
J. Clarence Davies dresse ainsi une liste non exhaustive, des domaines qui seront affectés par les nanotechnologies d’ici une quinzaine d’années :
– Pharmaceutique (médicaments intelligents et traitements des cancers)
– Informatique (ordinateurs de prochaine génération)
– Energétique (batteries, utilisation de l’énergie …)
– Matériaux complexes et métamatériaux
– Militaire
Dans sa présentation orale, J. Clarence Davies s’est focalisé sur la proposition de création d’une nouvelle agence dédiée à la surveillance et au suivi des nanotechnologies : le "Département fédéral de l’Environnement et de la Protection du Consommateur" ("Department Of Environmental And Consumer Protection"). Constituée d’agences existantes : EPA (Environmental Protection Agency), NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), USGS (U.S. Geological Survey), OSHA (Occupational Safety and Health Administration), NIOSH (National Institute of Occupational Safety and Health) et CPSC (Consumer Product Safety Commission). Cette agence aurait trois rôles principaux: surveillance, recherche et contrôle. Elle se comporterait comme une "agence scientifique" plutôt qu’une "agence de surveillance", mais avec une composante de surveillance forte, en rupture avec les agences de régulation actuelles.
Pour Davies, le challenge actuel consiste à faire comprendre au gouvernement que les nanotechnologies auront un impact sur la société. Le rapport présenté lors de cette conférence a pour but de "stimuler la discussion", et de montrer qu’il y a un "fossé très large entre les avancées scientifiques et leur surveillance par les systèmes de régulation". A plusieurs reprises, il a ainsi expliqué que son rapport était un "agenda à long terme", qui donne des pistes pour aider à gérer la surveillance et la régulation des nanotechnologies dans les prochaines décennies.
Ce rapport s’inscrit dans le "Project on Emerging Nanotechnologies" et fait suite au rapport "Nanotechnology oversight: an agenda for the new administration" publié en juillet 2008.
[1] J. Clarence Davies a fait partie de l’administration de George H. W. Bush en tant qu’administrateur assistant pour la Politique, la Planification et l’Evaluation de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA). En 1970, il a co-rédigé le plan de création de l’EPA. Membre du Conseil sur la qualité environnementale, il a écrit la version originale du "Toxic Substance Control Act" (TSCA).
[2] Le "Woodrow Wilson International Center for Scholars" soutient de nombreux programmes et projets couvrant de très larges domaines d’études (énergie, politique, santé, sciences, technologie), dont le "Project on Emerging Nanotechnologies" et le "Synthetic Biology Project". Créé en 1968 par le Congrès, le centre est financé pour un tiers par des fonds gouvernementaux et pour deux tiers par des donations privées. Son objectif est d’établir des relations entre le monde de l’éducation et celui des affaires de manière non partisane. Parmi les moyens d’action du "Woodrow Wilson International Center for Scholars", l’attribution de bourses ou la possibilité de faire venir à Washington des scientifiques de grande qualité afin qu’ils puissent mener leurs projets en interaction avec le monde des affaires.
Source :
Conférence "Oversight of Next Generation Nanotechnology" – Woodrow Wilson International Center for Scholars – J. Clarence Davies, 28/04/2009 – https://www.nanotechproject.org/events/archive/nextgen/
Pour en savoir plus, contacts :
– "Oversight of Next Generation Nanotechnology". Rapport disponible en téléchargement à l’adresse suivante:
https://www.nanotechproject.org/publications/archive/pen18/
– "Nanotechnology oversight: an agenda for the new administration". Rapport disponible en téléchargement à l’adresse suivante: https://www.nanotechproject.org/news/archive/oversight/
Code brève
ADIT : 59401
Rédacteur :
Alexandre Touvat, [email protected]