La présence des "think tank [1]" dans l’environnement politique américain est indéniable. Leur rôle est clairement d’influer sur les politiques publiques et économiques. C’est sur ce sujet qu’un récent rapport a été rédigé par le "Center for an Urban Future", centre de réflexions new-yorkais. Les auteurs y dénoncent la politique des universités new-yorkaises en matière de transfert de technologies ainsi que le manque d’effort politique de l’administration Bloomberg en faveur de la création d’entreprises.
New-York et sa région sont des hauts lieux de recherche, notamment grâce à ses universités prestigieuses (Columbia, NYU). En 2007, l’université de New-York (NYU) a négocié plus de 791 millions de contrats de licences et l’université de Columbia a perçu 135 millions de dollars en revenus de la recherche, chiffres largement supérieurs à ceux de l’université de Californie (97 millions de dollars) ou du MIT (61 millions de dollars).
Malgré cette excellence en matière de licences et de valorisation, la ville de NY et sa région restent en marge de l’activité entrepreneuriale. L’origine de cette situation est la faiblesse des investissements des entreprises de capital-risque dans les jeunes pousses new-yorkaises. Le capital s’oriente en effet davantage vers les grandes sociétés plus fiables en termes de retour sur investissement. En 2008, la ville de New York a comptabilisé 1,9 milliard de dollars d’investissements provenant de sociétés de capital risque. Comparés à ceux réalisés dans la Silicon Valley (11 milliards de dollars) ou la Nouvelle-Angleterre (3,3 milliards de dollars), ces investissements apparaissent comme assez faibles.
La seconde explication est le peu de financements alloués par le "Small Business Innovation Research Program", mieux connu sous le sigle SBIR. En 2006, la ville de NY n’a obtenu que 43 dossiers sélectionnés (sur 249 demandes déposées) alors que les régions de San Francisco et de Boston en ont respectivement enregistré 322 et 652. Ce constat est également valable pour l’attribution des subventions STTR, "Small Business Technology Transfer Program" : NY (7), la région de la baie de San Francisco (33) et la région de Boston (92). Il faut souligner, toutefois, que le taux de sélection SBIR et STTR des dossiers provenant de NY est élevé et que le problème majeur reste le faible nombre de dépôt de dossiers dans cette région.
Les auteurs du rapport en déduisent que NY manque d’une politique volontariste incitant à la création d’entreprises. Cette absence de climat entrepreneurial peut être mise en parallèle avec deux faiblesses majeures spécifiques à la ville de NY. Premièrement, l’absence d’écoles d’ingénieurs de même type que le MIT à Boston et l’université de Stanford en Californie dont la recherche est sans doute moins académique et plus orientée vers la création et l’entrepreneuriat.Une autre raison est le manque de surfaces constructibles nécessaires pour accueillir les nouvelles entreprises créées. Par exemple, la ville de Boston possède 1,5 million de mètres carrés pour cet usage tandis que la ville de New York est à un bien moindre niveau (0,1 million). Cette situation favorise le départ de quelques jeunes entrepreneurs ayant certes leur centre de recherche à New York mais forcés de trouver d’autres locaux à l’extérieur.
Les auteurs préconisent trois types de mesure : un renforcement des centres de transfert de technologies et des programmes des écoles d’ingénieurs, la promotion de l’entreprenariat auprès des chercheurs et la création d’une structure publique consacrée à l’innovation locale. Le vice-président du centre de transfert de technologies de l’Université Columbia [2] relativise les propos des auteurs qui y peignent une vision trop sombre selon lui de l’entreprenariat à New-York. Mais ces critiques ne sont pas restées sans réponse. Un mois après la diffusion du rapport, le fonds d’investissement de NY (le NYCIF) et le conseil de développement économique ont monté un programme doté d’un financement de 5 millions de dollars dans le but d’inciter à la création de start-ups dans le secteur des biosciences.
Un concours, le "Competition BioAccelerate NYC", a été lancé dans l’objectif de sélectionner 5 projets de recherches financés chacun à hauteur de 250.000 dollars et d’un accompagnement lors des premières phases de développement. Parallèlement, un investissement foncier de 700 millions de dollars a été consenti pour la construction d’un bioparc, le "East River Science Park" : Une preuve de la réactivité américaine et de la mobilisation des acteurs locaux, surtout dans le climat de concurrence auquel sont soumis les états de la côte nord-est des Etats-Unis en matière d’attractivité.
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Définition
Le "Center for an Urban Future" est un groupement d’experts basé à New York qui se définit comme une alternative libérale du Manhattan Institute (MI).
[2] "Columbia Technology Venture"
Source :
"What doggin NY biotech" – Edyta Zielinska – https://www.the-scientist.com/blog/display/56059/
Pour en savoir plus, contacts :
– [1] "Think tanks aux Etats-Unis : La politique scientifique américaine sous influence" – https://www.bulletins-electroniques.com/ti/14/143_07.htm
– "Building New York city’s Innovation Economy" Jim O’Grady et Jonathan Bowles – https://www.nycfuture.org/images_pdfs/pdfs/BuildingNYCsInnovationEconomy.pdf
Code brève
ADIT : 61132
Rédacteur :
Lynda Inséqué, [email protected]