Women in science – Dr Claire Baffaut, USDA-ARS, Columbia, Missouri

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Des maths à l’hydrologie : un parcours non imaginé initialement …

Dans ses souvenirs d’écolière, Claire se revoit attirée très tôt par les maths puis, un peu plus tard, par la physique ! Comment concilier ces deux matières ? Eh bien, tout simplement, en suivant les encouragements d’un prof de maths qui la pousse à se surpasser jusqu’au baccalauréat. Ceci va conduire Claire à « faire » Maths Sup puis Maths Spé pour essayer d’entrer dans une Grande Ecole. La compétition est rude mais, finalement, Claire est acceptée à l’Institut National Polytechnique de Grenoble ! Son choix pour l’Ecole d’Hydraulique se fera par élimination car l’électricité, l’électronique ou encore l’informatique ne la tentent pas vraiment à cette époque. Au fond d’elle-même, c’est un peu l’appel de la nature qui la pousse vers l’étude de cette ressource naturelle qu’est l’eau, et vers son exploitation mais aussi la compréhension de ses cycles et dynamiques. 

De l’hydraulique à la recherche et à la mobilité internationale : trois catalyseurs !

Deux de ses professeurs à l’Ecole d’Hydraulique vont être les catalyseurs de la spécialisation de Claire. Tout d’abord, un professeur d’hydrologie (bien sûr !) la convainc de poursuivre ses études supérieures à l’université. Le goût pour l’anglais, quant à lui, provient d’un professeur irlandais qui a bâti son cours d’anglais autour de la mécanique des fluides et des phénomènes de turbulence ! 

Après l’obtention de son DEA (équivalent de Master 2 aujourd’hui), Claire souhaite découvrir l’Amérique, mais juste pour voir, c’est promis ! C’est un troisième personnage, un professeur belge de Génie Civil, qui enseigne à l’Université Purdue (Indiana) et qui avait collaboré avec l’Ecole d’Hydraulique de Grenoble, qui va la mettre en contact avec la recherche américaine. Claire obtient une bourse française pour aller passer un an à Purdue. Là, ce professeur la convainc de ses capacités à poursuivre en doctorat, ce qu’elle finit par accepter et réaliser. Ce doctorat la renvoie vers ses affinités premières, les maths, car il s’agit de modélisation de l’hydraulique en lien avec l’intelligence artificielle qui en est à ses débuts. Dans la foulée, Claire continue avec l’intelligence artificielle pendant six mois de post-doc. 

Un retour en France puis un nouveau départ pour les Etats-Unis : l’appel de la … recherche

Déjà 4 ans passés aux Etats-Unis : c’en est trop, Claire décide de rentrer en France ! Elle trouve, sans difficulté, du travail dans un cabinet de conseil spécialisé en hydraulique où elle restera 3 ans. Mais, il lui manque quelque chose : pouvoir assouvir sa curiosité, la liberté de penser, de concevoir, de réaliser…. En un mot : la RECHERCHE !

Le retour vers les Etats-Unis s’opère très naturellement pour Claire car, le cœur aidant et le hasard faisant bien les choses, elle a épousé pendant son séjour en France, un Américain … qu’elle avait rencontré à Purdue !  Ils repartent donc à trois, car ils ont maintenant un enfant, pour l’Indiana. 

Les années suivantes sont plus compliquées pour concilier vie de famille (un second enfant arrive bientôt), formation de son mari (dans le Massachusetts), sa propre profession … et les démarches administratives pour obtenir la nationalité américaine. Néanmoins, Claire continue à nourrir sa curiosité pour la recherche en hydrologie, se tient à jour dans ses connaissances et effectue des activités complémentaires telles que lecture critique de manuscrits scientifiques pour des journaux, participation à des congrès, etc. 

Au début de cette seconde période américaine, Claire a réalisé un second post-doc qui va lui faire découvrir la branche recherche de l’United States Department of Agriculture (USDA) ! Claire découvre la recherche dans un institut public dont les objectifs sont plus à moyen terme qu’immédiats. « Pour moi, l’ARS [NDLR: Agricultural Research Service, l’une des agences de l’USDA] a été la découverte d’une grande famille, avec des objectifs sociétaux affirmés, des projets collaboratifs multiples, et une entraide dans les équipes », précise Claire. C’est donc logiquement du côté de l’ARS que Claire va se tourner pour un emploi plus stable, lorsqu’elle aura obtenu la nationalité américaine. Elle va évoluer vers des projets de plus en plus collaboratifs et interdisciplinaires, associant notamment les défis agronomiques, l’environnement et la socio-économie.

Des messages simples mais forts à transmettre …

L’un des moteurs de l’évolution professionnelle de Claire a été de vouloir participer, au fond d’elle-même, à l’évolution du monde qui l’entoure, en réfléchissant à des solutions durables pour nourrir la planète, tout en préservant l’environnement et la qualité des sols. Tout un programme de vie !

Fort de cette expérience, Claire encourage très fortement les jeunes à ne pas se sentir coupables de poser des questions, c’est le fondement de la science et de ses progrès. Elle les incite aussi à être eux-mêmes, elles-mêmes. Avoir des bases scientifiques (maths, par exemple) aide beaucoup dans la vie, même si l’on ne devient pas un ou une scientifique : le raisonnement, la logique, les capacités d’analyse, de déduction et de prises de décisions sont essentiels !

Pour les filles, Claire souhaite leur dire simplement : « surtout, ne pas essayer d’être un garçon, mais être soi-même, une fille, et l’imaginer dans un collectif de filles et de garçons, rassemblés autour d’objectifs communs…

 

Propos recueillis par Jean-Paul Lallès, Attaché pour la Science et la Technologie de Chicago, [email protected]

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