Une consommation modérée d’alcool pourrait prévenir la maladie d’Alzheimer

Avec le vieillissement de la population, certaines pathologies tel le syndrome démentiel, deviennent des enjeux de santé publique. Le syndrome démentiel (ou démence) est caractérisé par une détérioration des fonctions cognitives supérieures dont la mémoire, accompagnée par un retentissement dans les activités de la vie quotidienne. La démence la plus fréquente est la maladie d’Alzheimer. C’est une maladie neurodégénérative conduisant à un affaiblissement progressif des fonctions cognitives ; elle représente environ 2/3 des démences. Sa fréquence augmente avec l’âge, variant de moins de 1% à 65 ans jusqu’à plus de 20% chez les plus de 90 ans.

La consommation d’alcool est connue pour ses effets psychotropes sur le système nerveux. Les changements de comportement lors d’une prise d’alcool varient en fonction de la dose d’éthanol ingérée : effet psychostimulant si l’alcoolémie est inférieure à 0,5g/l, et sédatif au-delà. L’effet psychostimulant s’accompagne d’une désinhibition : les tâches cognitives sont exécutées plus rapidement, avec une sensation de facilité mais avec un taux d’erreurs accru.

De nouvelles recherches de la "Wake Forest University School of Medicine" suggèrent que la consommation d’alcool modérée permettrait à long terme réduire le risque de démence chez les personnes âgées. L’étude a été présentée à la "Alzheimer’s Association" lors de la Conférence internationale sur la maladie d’Alzheimer (ICAD), à Vienne, le 13 Juillet dernier. Kaycee Sink, gériatre et auteur principal de cette étude a rappelé qu’en l’absence de traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer, le dépistage et la prévention reste prioritaire.

Pour cette étude, les chercheurs ont travaillé avec un panel de 3 069 personnes, âgées de 75 ans et plus et ne présentant aucun problèmes de mémoire. Les sujets ont été classés suivant leurs habitudes de consommation d’alcool afin de créer 4 groupes d’études: les individus abstinents (non-buveurs), les buveurs légers (1 à 7 verres par semaine), les buveurs modérés (8 à 14 verres par semaine), les gros buveurs (plus de 14 verres par semaine).

Durant 6 ans, les sujets de l’étude ont été examinés tous les six mois afin d’évaluer les éventuels changements dans leurs capacités de réflexion et leur niveau de mémoire. Pour ces évaluations, les chercheurs ont utilisé divers tests tels que le "Wechsler Adult Intelligence Scale" ou "WAIS" qui explore l’activité mentale sous ses différents aspects, le RAI pour évaluer au niveau social, psychique, relationnel et physique l’individu, le test de Benton (par rétention visuelle) qui exploite la capacité de mémorisation à court terme de figures géométriques plus ou moins complexes, la grille d’évaluation "AGGIR" qui permet de cerner les pertes d’autonomie.

Les résultats montrent que les sujets qui n’avaient pas de troubles cognitifs au début de l’expérience et qui consomment entre 8 et 14 verres de boissons alcoolisées par semaine, présentent une moyenne de 37% de réduction des risques de développer une maladie neurodégénérative par rapport aux personnes ne buvant pas d’alcool du tout. Par contre, ceux qui ont été classés dans la catégorie des gros buveurs, consommant plus de 14 verres par semaine, semblent être presque deux fois plus susceptibles de développer une pathologie neurologique au cours de l’étude par rapport aux non-buveurs. De même que pour les adultes plus âgés qui ont commencé l’étude avec une légère déficience cognitive, la consommation d’alcool, à n’importe quel montant, a été associée avec une accélération du déclin cognitif.

De nombreuses études ont été réalisées afin de définir des potentiels liens entre la consommation d’alcool et la déclaration de maladies de type démence chez les personnes âgées, mais cette dernière étude, est la plus grande jamais réalisée aux Etats Unis, c’ est également la première qui s’intéresse aux liens entre l’alcool et la déclaration de maladies neurodégénératives chez des personnes âgées. Les résultats du professeur Sink sont cohérents avec les études réalisées précédemment par le professeur Michael Collins du département de médecine de l’université de Loyola à Chicago et qui révélaient que la consommation journalière de 1 verre d’alcool pour les femmes et de 2 pour les hommes permettrait de réduire les risques de déclaration de maladie d’Alzheimer.

En conclusion, doit-on conseiller de boire modérément pour prévenir l’apparition de certaines pathologies ? Jusqu’à présent, les études épidémiologiques ont montré que les bénéfices éventuels de l’alcool sur la santé ne se faisaient sentir qu’à partir de 40 ans chez les hommes, et à partir de 50 ans chez les femmes. Avant cet âge, les conséquences de la consommation d’alcool sont nettement plus négatives en terme d’accidents, de pathologies directement liées à la consommation d’alcool (cirrhose, cancers hépatique ou des voies aéro-digestives, …) et de risque de dépendance à l’alcool ; en effet, la mortalité prématurée attribuable à l’alcool hors accidents et traumatismes est estimée à environ 15%. Cependant, au-delà de 50 ans, et en particulier chez les personnes âgées sans activité professionnelle, une consommation modérée d’alcool ne devrait pas être totalement déconseillée.

Source :

– Regular moderate alcohol intake has cognitive benefits in older adults, 13 juillet 2009: https://www.physorg.com/news166703798.html
– Moderate drinking can reduce risks of Alzheimer’s dementia and cognitive decline, 29 decembre 2008: https://www.physorg.com/print166703798.html
– Consommation d’alcool et risque de démence, par Luc LETENNEUR, Fondation Nationale de Gérontologie | Gérontologie et société, 2003/ – n° 105 ISSN 0151-0193 | pages 109 à 118: https://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=GS&ID_NUMPUBLIE=GS_105&ID_ARTICLE=GS_105_0109
– LOBO A, LAUNER LJ, FRATIGLIONI L, ANDERSEN K, DI CARLO A, BRETELER MM, COPELAND JR, DARTIGUES JF, JAGGER C, MARTINEZLAGE J, SOININEN H, HOFMAN A. (2000). Prevalence of dementia and major subtypes in Europe: A collaborative study of population-based cohorts. Neurologic Diseases in the Elderly Research Group. Neurology; 54(Suppl 5):S4-9.
– PTSD Associated With Higher Alzheimer’s/Dementia Risk; Moderate Alcohol Consumption May Lower it: https://news.prnewswire.com/ViewContent.aspxACCT=109&STORY=/www/story/07-13-2009/0005058435&EDATE=

Pour en savoir plus, contacts :

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la vidéo de la présentation de Kaysee Sink:
https://www.alz.org/icad/icad_video_Sink.asp
Code brève
ADIT : 60033

Rédacteur :

Lila Laborde, [email protected]; Adèle Martial, [email protected]; Sophie Groeber, [email protected]

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