Surconsommation de sodium aux Etats-Unis : une facture salée pour les soins de santé

Pour la première fois, une étude a évalué les bénéfices économiques de la diminution de la consommation de sel aux Etats-Unis. Selon l’organisation "RAND Corporation" (voir BE Etats-Unis BE numéro 166) [1], réduire la consommation de sodium aux Etats-Unis, au niveau des valeurs recommandées par l’Institut de médecine américain, pourrait faire économiser 18 milliards de dollars annuellement à la société américaine. La baisse de consommation de sel conduirait à une diminution des cas d’hypertension artérielle (Voir BE Etats-Unis numéro 78) [2]. L’amélioration de la qualité de vie de millions d’américains pourrait faire économiser 32 milliards de dollars supplémentaires par an. Cette étude est publiée dans l’"American Journal of Health Promotion".

La surconsommation de sel est un problème qui persiste aux Etats-Unis. C’est l’une des causes de l’hypertension artérielle, qui touche 30% de la population américaine. L’augmentation de la pression artérielle augmente le risque d’accident cardiovasculaire, et plus particulièrement l’infarctus du myocarde. La consommation excessive de sel est fortement déconseillée aux personnes souffrant d’hypertension artérielle, de diabète ou de pathologies rénales. L’Institut de Médecine recommande que les adultes consomment moins de 3.8 grammes de sel par jour, et les personnes âgées moins de 3.2 grammes de sel par jour. Dans la réalité, la consommation américaine moyenne de sel est de 8.8g par jour. Elle est supérieure à la dose journalière tolérable de 5.8g par jour (DJT) [3].

Les chercheurs de "RAND Corporation" ont analysé les données du "National Health and Nutrition Examination Survey" [4], qui recensaient la pression artérielle, l’utilisation de médicaments antihypertenseurs et la consommation de sel d’un échantillon de la population américaine. En respectant les doses maximales de consommation de sel recommandées par les autorités de santé, 11 millions de cas d’hypertension artérielle pourraient être évités, ce qui s’accompagnerait d’une économie de 18 milliards de dollars en frais de santé. De plus, en tenant compte de l’impact de la consommation de sel sur d’autres maladies telles que les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux, la diminution de consommation de sel pourrait économiser 32 milliards de dollars supplémentaires.

Pour Kartika Palar, auteur de l’étude, et membre de la "RAND Pardee Graduate School", les résultats de cette étude montrent qu’il y a un grand intérêt à poursuivre une politique de réduction de la consommation de sel chez les américains. Le chemin est encore long. En effet, pour plus de 75% des américains, la prise alimentaire de sel provient d’aliments transformés plutôt que de sel ajouté en cuisinant à la maison. La nourriture des restaurants est également très riche en sel. Les industriels de l’agroalimentaire et les enseignes de restauration sont pointées du doigt depuis plusieurs années par la communauté scientifique, qui les soupçonne de ne pas faire assez d’efforts pour diminuer la quantité de sel dans les aliments vendus et servis aux américains. Selon le "Center or Science and Public Interest", le niveau de sel des aliments transformés par l’industrie, ou dans les restaurants est resté relativement inchangé entre 2005 et 2008.

Le gouvernement a rappelé en 2005 dans le document "Dietary Guidelines for Americans" [5] que tout programme de réduction de la concentration de sel devait se concentrer en priorité sur la réduction du sel utilisé dans la transformation industrielle des aliments et des changements sur le choix des aliments et leur préparation. Les scientifiques recommandent également d’appliquer des stratégies basées sur le consommateur pour faire diminuer la consommation de sel, notamment, en améliorant l’étiquetage des produits alimentaires et l’information des consommateurs.

[3] La "dose journalière tolérable" DJT est une estimation de la quantité d’une substance dans les aliments ou dans l’eau potable qui peut être ingérée quotidiennement pendant toute une vie sans un risque appréciable pour la santé du consommateur. Elles sont calculées sur base de données de laboratoire sur la toxicité auxquelles des facteurs d’incertitude sont appliqués. Les DJT sont utilisées pour des substances chimiques autres que celles ayant une raison de se trouver dans les aliments ou l’eau de boisson (additifs, résidus de pesticides ou médicaments vétérinaires

[4] Le programme de recherche "National Health and Nutrition Examination Survey" (NHANES) est une enquête conduite par les centres de contrôle et de prévention des maladies aux Etats-Unis. Son but est d’évaluer de manière continue la santé et la nutrition des enfants et des adultes américains. L’enquête récolte des informations diététiques, socioéconomiques et démographiques par le biais de questionnaires et des informations médicales par le biais d’examens médicaux. Les données du NHANES ont été utilisées par les organismes de santé publique, pour déterminer la prévalence et les facteurs de risques pour de nombreuses maladies (ostéoporose, obésité…). Elles servent aussi de base aux standards nationaux de taille, poids, et pression artérielle.

Source :

– "Potential Societal Savings From Reduced Sodium Consumption in the U.S. Adult Population" – K. Palar , R. Sturm – American Journal of Health Promotion – Septembre/Octobre 2009 – Volume 24, Numéro 1 – Pages 49 à 57 – https://www.rand.org/health/abstracts/2009/palar.html
– "Lowering Sodium Consumption Could Save U.S. $18 Billion Annually in Health Costs" – RAND Health – 11/09/2009 – https://redirectix.bulletins-electroniques.com/NiIaR
– "Lowering salt consumption can reduce hypertension and saves billions in national health care costs" – Thomas Reilly – Examiner.com – 12/09/2009 – https://redirectix.bulletins-electroniques.com/Q05Sl
– "Lower Sodium Level in Campbell’sTomato Soup" – Allen Williams – Suite101.com – 24/08/2009 – https://redirectix.bulletins-electroniques.com/eiufc
– "Dietary Reference Intakes for Water, Potassium, Sodium, Chloride, and Sulfate" – Institute of Medicine of the National Academies – The National Academies Press – 2005 – https://www.nap.edu/catalog.php?record_id=10925
– "Application of Lower Sodium Intake Recommendations to Adults – United States, 1999-2006" – Morbidity and Mortality Weekly Report – 27/03/2009 – Volume 58, numéro 11- Pages 281 à 283 –
https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm5811a2.htm
– "Dose journalière tolérable" – GreenFacts – https://redirectix.bulletins-electroniques.com/0NjqQ

Pour en savoir plus, contacts :

– [1]. "La Rand Corporation : des analyses objectives, des solutions efficaces" – Camille Arnaud – BE Etats-Unis numéro 166 – 22/05/2009 – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59214.htm
– [2]. "Diminuer les rations de sodium réduit non seulement l’hypertension, mais aussi les risques de maladies cardio-vasculaires" – Sabrina Nolan, Brice Obadia – BE Etats-Unis numéro 78 – 11/05/2007 – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/42774.htm
– [5]. "Dietary Guidelines for Americans, 2005" – HHS, USDA – https://www.health.gov/DietaryGuidelines/dga2005/document/default.htm
– Sur le "National Health and Nutrition Examination Survey" : https://www.cdc.gov/nchs/about/major/nhanes/guidelines.htm
Code brève
ADIT : 60708

Rédacteur :

Alexandre Touvat, [email protected]

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