Observée pour la première fois aux Etats-Unis en 1990 dans le Sud du Texas, l’abeille africaine s’est depuis propagée dans 8 Etats du Sud Ouest ainsi qu’en Floride. La propagation accélérée ces deux dernières années et le fait que la lointaine Floride soit désormais touchée renforcent l’idée d’une propagation anthropique. Il est particulièrement difficile de lutter contre ces abeilles puisqu’il n’existe aucun moyen de les tuer sans tuer les abeilles européennes. Le moyen le plus efficace pour retarder l’invasion reste de s’assurer que la niche écologique soit occupée par des colonies européennes saines et puissantes ; le point le plus délicat étant d’empêcher l’invasion chez les reproducteurs d’abeilles.
A l’oeil nu, il existe peu de différences entre les abeilles africaines et européennes. La différence la plus marquée est le comportement défensif très aiguë de l’abeille africaine, bien que les deux types d’abeilles exposent une grande variété de comportements en particulier en fonction de l’environnement. DeGrandi-Hoffman entomologiste à l’USDA essaie de déterminer si cette différence comportementale est d’origine génétique ou non. Pour cela, elle place des abeilles marquées tout juste métamorphosées dans une ruche de l’autre type et étudie leur comportement. Par ailleurs, lorsque certains comportements sont observés, ses collègues de l’Université d’Illinois analysent l’expression des gènes. Le récent séquençage du génome de l’abeille va ainsi permettre de comprendre si les petites différences génétiques qui existent entre les deux types d’abeilles sont responsables des différences phénotypiques qui intéressent les apiculteurs et d’en expliquer les mécanismes.
Les scientifiques ont aussi mis en avant un certain nombre de différences expliquant l’avantage compétitif des abeilles africaines (émergence plus précoce des reines, croissance des colonies plus rapides, résistance au Varroa,….). En Arizona, par exemple, le taux de colonisation annuel des ruches par les abeilles africaines peut atteindre 20 à 30%. Facteur intéressant et surprenant, quand les reines sont inséminées avec du sperme d’un même nombre de faux bourdons africains et européens, elles utilisent préférentiellement celui des faux bourdons africains, qui fertilise 70% de la descendance.
Au-delà du problème pour le public, l’expansion des abeilles tueuses est avant tout une menace pour le secteur agricole. En effet, à cause de leur comportement très agressif, ces abeilles sont beaucoup plus difficiles à gérer que les abeilles européennes. Les abeilles sont indispensables pour les apiculteurs producteurs de miel mais aussi pour un nombre important d’agriculteurs. Elles pollinisent près de 130 cultures différentes et la demande en abeilles pollinisatrices augment chaque année.
Source :
ARS-USDA
https://www.ars.usda.gov/is/AR/archive/feb07/bees0207.htm
Pour en savoir plus, contacts :
– Carl Hayden Bee Research Center, ARS-USDA
https://www.ars.usda.gov/Main/site_main.htm?modecode=53-42-03-00
– Carte de l’expansion de l’abeille africanisée en janvier 2007
https://www.ars.usda.gov/ahbmap
– Article sur la propagation des abeilles africanisées
https://www.ars.usda.gov/is/pr/2004/040302.htm
– Honey Bee Genome Project
https://www.hgsc.bcm.tmc.edu/projects/honeybee/
– Insights into social insects from the genome of the honeybee Apis mellifera. Nature 443, 931-949(26 October 2006)
https://www.nature.com/nature/journal/v443/n7114/pdf/nature05260.pdf
– Honey Bee Research at the University of Illinois
https://www.life.uiuc.edu/robinson/
– Mesure de l’importance agronomique et économique des insectes pollinisateurs, INRA
https://www.inra.fr/presse/mesure_de_l_importance_agronomique_et_economique_des_insectes_pollinisateurs
Code brève
ADIT : 41537
Rédacteur :
Claire Notin, [email protected] – Jean-Pierre Toutant, [email protected]