Les inspecteurs de l’agence d’apiculture américaine "Apiary America (AIA)" et des chercheurs (Dr. Jeff Pettis) du laboratoire "Honey Bee Lab" du Département de l’agriculture (USDA-ARS) de Beltsville ont divulgué les résultats de l’enquête visant à estimer le taux de pertes de colonies d’abeilles aux Etats-Unis entre Septembre 2008 et le début du mois d’avril 2009. L’enquête réalisée sur un échantillon représentant plus de 20% des 2,3 millions de colonies d’élevage du pays révèle que les pertes de colonies d’abeilles ont été d’environ 29%, toutes causes confondues. Cette observation est relativement encourageante par rapport à l’ensemble des pertes observées pour les années précédentes qui étaient de 36% entre 2007 et 2008, et de 32% entre 2006 et 2007.
Depuis plusieurs années, le problème de disparition massive de colonies d’abeilles est constaté aux Etats-Unis. Le 26 mars 2007, Renée Johnson, analyste en économie agricole, signait un rapport intitulé "Recent honey bee colony declines". Ce rapport délivré au Congrès américain, portait les problèmes de mortalités d’abeilles rencontrés par les apiculteurs américains à un niveau national. Ce rapport décrit le syndrome d’effondrement des colonies "colony collapse disorder" [CCD]. Ces troubles sont apparus pour la première fois en fin d’année 2006 sur la côte Est des Etats-Unis, au sein d’exploitations apicoles professionnelles qui pratiquaient la transhumance à grande échelle. Ils se sont ensuite étendus pour couvrir presque tous les Etats américains.
Dans le rapport de cette année, environ 26% des apiculteurs ont constaté que la cause majeure de la mort de leurs colonies était due au trouble "colony collapse disorder" (CCD), ce qui représente une baisse de 36% des pertes liées à ce phénomène, par rapport à l’année 2007-2008. Le phénomène de CCD est caractérisé par la perte des colonies qui apparaît lorsque les individus ne rentrent pas à la ruche. La disparition des adultes est rapide et lourde sans que des abeilles mortes ne soient retrouvées ni dans la colonie ni à proximité. Dans la phase terminale, la reine ne serait plus entourée que de quelques abeilles nouvellement émergées et ceci bien que la ruche contienne encore des réserves de nourriture et du couvain operculé. Ces mortalités, dans les cas extrêmes, atteignent 90% voire 100% du cheptel (se référer à l’article de Ribière et al, 2008).
Les causes du CCD sont encore inconnues, mais dès son apparition aux Etats-Unis, de nombreuses études à son sujet ont été menées. Les analyses initiales ont révélé la présence de nombreux agents pathogènes mais sans déterminer de cause spécifique à ce phénomène, une part importante des mortalités de colonies est attribuée à l’action de l’acarien Varroa destructor (Acari :Mesostigmata) associée à des attaques virales. Cet ectoparasite se développe dans le couvain des colonies d’abeilles. Son action délétère, par ponction de l’hémolymphe des individus, affecte à la fois les larves, les nymphes et les abeilles adultes. Il a été démontré une action immunosuppressive de l’infestation par le parasite sur les abeilles adultes. De plus, des virus se multipliant ou non dans ce vecteur sont transmis par cet acarien. La dissémination de V. destructor a eu pour résultat, entre autres, de modifier la prévalence de certains virus et leur impact sur la santé des colonies. D’autres facteurs peuvent être impliqués dans la perte des colonies tels que la compétition entre différentes espèces d’abeilles, l’usage des pesticides.
Jeff Pettis directeur de recherche du département d’apiculture du centre de l’ARS "Bee Research Laboratory", à Beltsville a déclaré que "bien que la baisse des pertes des colonies est encourageante, les pertes de cette ampleur sont toujours économiquement non viables pour le secteur de l’apiculture". Afin de renforcer l’industrie de l’apiculture, l’ARS a récemment commencé un programme de recherche sur cinq ans intitulée "areawide programme" visant à améliorer la santé des abeilles à miel, leur survie et leur pollinisation. La pollinisation des abeilles est essentielle à l’économie agricole américaine, aux Etats-Unis, bien plus qu’en France, les abeilles sont employées pour la pollinisation des cultures et notamment celle des amandiers, qui est assurée par la location de nombreuses ruches par les apiculteurs. Ces colonies proviennent d’Etats souvent éloignés de la Californie où les amandiers sont cultivés. La valeur des abeilles comme pollinisateurs est estimée sur l’ensemble du territoire américain à 15 milliards de dollars.
Source :
– Survey Reports Latest Honey Bee Losses, 19 mai – https://www.ars.usda.gov/is/pr/2009/090519.htm
– Preliminary Results: A Survey of Honey Bee Colonies Losses in the U.S. Between September 2008 and April 2009, 19 mai 2009 – https://maarec.cas.psu.edu/pdfs/PrelimLosses2009.pdf
– Les effondrements de colonies d’abeilles : le cas du CCD ("colony collapse disorder") et du virus IAPV (Israeli acute paralysis virus), 2008 – https://www.api-connaissance-sanitaire.fr/effondrement%20viro.pdf
Pour en savoir plus, contacts :
– Dennis van Engelsdorp,. Pennsylvania Department of Agriculture/The Pennsylvania State University; Apiary Inspectors of America (AIA), President – email : [email protected] – Tél : +1 717 497 1514
– Jerry Hayes, Florida Department of Agriculture, Past President AIA – email : [email protected] – Tél : +1 352 372-3505
– Jeff Pettis USDA-ARS Bee Research Laboratory, Beltsville, MD – email : [email protected] – Tél : +1 301 504-8205
– Le rapport "Recent honey bee colony declines" peut être consuté en ligne: https://www.fas.org/sgp/crs/misc/RL33938.pdf
Code brève
ADIT : 59292
Rédacteur :
Lila Laborde, [email protected] – Adèle Martial, [email protected]