Récemment, la pollution des nappes souterraines par le MTBE, substitut du plomb comme additif anti-détonnant des carburants, a suscité aux Etats-Unis un débat passionné entre environnementalistes et entreprises pétrolières. Mais pendant ce temps, les héritages de l’essence plombée, utilisée entre les années 20 et 80, se font toujours ressentir sur la qualité des eaux souterraines sans pour autant susciter l’attention des autorités.
Dans un article récemment publié dans la revue Environmental Science and Technology, Ronald Falta, de l’université de Clemson (Caroline du Sud) et ses collègues, présentent les résultats d’une étude portant sur deux additifs autrefois utilisés dans l’essence plombée : le 1,2-dibromoéthane (EDB) et le 1,2-dichloroéthane (DCA). Ces composés se combinaient avec le plomb dans l’étape de post-combustion et évitaient l’encrassement du moteur par les oxydes métalliques. EDB et DCA sont soupçonnés d’être de puissants cancérigènes, mais seuls onze Etats de l’Union obligent à les doser au cours des reconnaissances des quelque 400.000 sites contaminés par d’anciens stockages souterrains d’hydrocarbures.
L’étude effectuée par l’équipe du Professeur Falta en Caroline du Sud montre que sur les 7.200 sites concernés dans cet Etat, 537 présentent des concentrations en EDB supérieures à la limite fédérale. Les deux additifs étudiés ont une forte solubilité dans l’eau et sont très mobiles dans les nappes souterraines. Plus de vingt ans après, les sources résiduelles de polluants entretiennent une pollution rémanente de l’environnement. Selon les auteurs, il est urgent de s’intéresser à ces produits hérités de l’âge de l’essence au plomb.

Source :

– article : https://pubs.acs.org/subscribe/journals/esthag-a/39/i18/html/091505feature_falta.html
(avec liens bibliographiques)
– présentation du prof. Falta au symposium d’hydrogéologie de l’université de Clemson (14/4/2005) : https://www.ces.clemson.edu/hydro/symposium/2005_present/Falta_EDB.pdf

Rédacteur :

Philippe Jamet, [email protected]