Vers des universités publiques fédérales ?

Des universités publiques fragilisées par la crise

Face à la tourmente économique, les Etats fédérés réduisent leurs lignes budgétaires dans le domaine de l’enseignement supérieur impulsant ainsi un mouvement contraire à l’embellie de 2008 où les allocations avaient augmenté de 7.5% [1]. C’est le cas notamment de la Floride (coupe de 48 millions de dollars), du Kentucky (coupe de 50 millions de dollars) du Rhode Island (17.8 millions de dollars), du New Jersey (76 millions de dollars) et surtout de la Californie [2]. Or, les Universités publiques aux Etats-Unis dépendent à environ 35% du support des Etats (contre 1.9% pour les établissements privés) et sont donc obligées de prendre des mesures drastiques: augmentation des frais d’inscription [3], réduction des coûts variables…

Une forte proportion de la population étudiante est concernée par cette politique de rigueur puisque les universités publiques accueillent à elles seules environ 75% de ceux-ci.

Du patrimoine foncier au patrimoine financier… un besoin de soutien fédéral

Robert J. Birgeneau -le Chancellier de l’Université publique de Californie Berkeley- et Frank D. Yeary -le Vice-Chancellier de Berkeley- proposent dans un article ouvert du Washington Post de s’inspirer de l’initiative du Président Abraham Lincoln il y a 150 ans lorsqu’il avait signé le Morrill Land Grant Act qui donna un patrimoine foncier aux Etats de l’Union et dont les revenus générés ont permis par la suite de construire des universités compétitives. Ainsi, ils suggèrent au Président Obama d’imiter son prédécesseur mais en s’appuyant cette fois sur le patrimoine financier, c’est-à-dire en abondant les endowment funds des Universités publiques [4].

Ces idées semblent s’inscrire dans un courant d’idées pour un interventionnisme accru de l’Etat fédéral en faveur des universités publiques (voir aussi la brève en référence ci-dessous [5]). Cet appel du pied aura-t-il quelconque écho au Congrès ? Aujourd’hui les financements du gouvernement fédéral attribués aux universités représentent environ 11% de leurs sources totales dans le public et 13% dans le privé.

Par ailleurs, cette solution proposée -abondement des endowment funds- ne risquerait-elle pas d’affaiblir davantage les universités publiques en les exposant aux aléas des marchés financiers ?

Source :

[4] Robert J. Birgeneau & Frank D. Yeary, the Washington post, Rescuing our public universities, 27 Septembre 2009

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Estelle Bouzat, "Face à une situation économique difficile, de nombreux états réduisent leurs budgets dédiés à l’enseignement supérieur"
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/53433.htm
-[2] Johan Delory "Rentré des classes dans le contexte de la crise, le cas de la Californie à la loupe"
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60440.htm
-[3] Florence Barnier, Pascal Delisle "Les universités américaines dans la tourmente : l’accès à l’enseignement supérieur dans le contexte de la crise financière"
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56733.htm
-[5] Johan Delory, "Retour aux co-financements obligatoires pour la NSF: vers une réduction du "laisser-faire" du marché universitaire américain ?" https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60532.htm
Code brève
ADIT : 60822

Rédacteur :

Johan Delory, [email protected]

Partager

Derniers articles dans la thématique