Une série de changements de direction au sein de l’Office des sciences et des laboratoires nationaux du Département de l’Energie

L’Office of Science du Département de l’Energie (OS-DoE) est la plus importante agence de  financement fédéral pour la recherche fondamentale en sciences physiques. L’OS-DoE est responsable de six programmes interdisciplinaires dans les domaines de la recherche avancée en calcul scientifique, les sciences fondamentales de l’énergie, la recherche biologique et environnementale, les sciences de l’énergie de fusion, la physique des hautes énergies, et la physique nucléaire. Or, ces derniers mois, plusieurs hauts responsables ont quitté l’OS-DoE, et les directeurs de la moitié des dix laboratoires nationaux relevant du bureau sont partis ou prévoient de partir prochainement [1]. Bien que de nouveaux dirigeants aient été nommés à certains de ces postes, tous ne sont pas encore pourvus.

Il n’y aurait pas de cause unique derrière ces changements, ni de lien entre les événements se déroulant au sein de l’OS-DoE et des laboratoires nationaux. Cependant, dans une lettre adressée à la secrétaire à l’Énergie, Jennifer Granholm, huit Républicains du Comité des sciences de la Chambre soutiennent que les départs du OS-DoE sont une conséquence directe de la priorité de l’administration Biden : « Récemment, alors que les membres de la communauté scientifique sont de plus en plus frustrés par le manque de soutien adéquat du Département de l’Énergie à ce Bureau [des Sciences], nous avons assisté à un exode sans précédent de hauts fonctionnaires de carrière du Bureau des Sciences » [2].

Selon Asmeret Asefaw Berhe, directrice de l’OS-DoE [3], il s’agirait simplement de départs en retraite, et les autres personnels continuent d’assurer les fonctions pendant que le DoE  finalise la sélection des nouveaux dirigeants. Elle a écrit : « Nous avons la chance de disposer d’équipes de cadres supérieurs expérimentés et de personnels de programmes possédant une excellente expertise et une expérience scientifique et technique » [4].

Le Bureau des sciences a supprimé le poste de directeur adjoint qui avait été créé lors d’une précédente réorganisation en 2020 [5]. Suite à cette dernière réorganisation, les postes de directeur adjoint des programmes scientifiques et des opérations, occupés respectivement par Harriet Kung [6] et Juston Fontaine [7], sont désormais les seconds postes de direction les plus élevés de l’OS-DoE. Cette réorganisation viserait à le rationaliser et à améliorer la coopération entre ses branches scientifiques et opérationnelles, selon Asmeret Asefaw Berhe ; celle-ci vise à rendre le Bureau plus agile, réactif et efficace pour exercer ses futures responsabilités [8].

Répartition géographique des 17 laboratoires nationaux dont 10 (en vert) sont sous la tutelle de l’Office of Science du Département de l’Énergie (crédit DoE).

De nombreux changements de postes au sein de l’OS-DoE touchent la communauté de la physique des particules. Par exemple, le responsable du programme de physique des hautes énergies du DoE, Jim Siegrist, a pris sa retraite en mars 2022. Gina Rameika, qui avait été nommée à différents postes au Fermilab -dont à la tête de la Division des Neutrinos- a été nommée pour le remplacer en novembre [9]. Au Fermilab, son sixième directeur, Nigel Lockyer, a quitté son poste de directeur au printemps 2022 [10] pour devenir le nouveau directeur du Cornell Laboratory for Accelerator-based Sciences and Education (CLASSE) [11]. Il a été remplacé par Lia Merminga, précédemment directrice du Proton Improvement Plan II (PIP-II) [12], un ambitieux programme visant à fournir un faisceau de neutrinos d’une intensité sans précédent pour le projet DUNE (Deep Underground Neutrino Experiment) [13]. La direction du laboratoire national de Brookhaven a également changé, Doon Gibbs ayant pris sa retraite au printemps, après avoir dirigé le laboratoire depuis 2013. Il sera remplacé par JoAnne Hewett, physicienne et responsable du SLAC National Accelerator Laboratory [14],[15].

Le programme des sciences de l’énergie de fusion du DoE a également connu un changement de direction, avec le départ de Jim Van Dam, et l’arrivée de Jean Paul Allain en tant que nouveau directeur adjoint [16].

Le Bureau des sciences (Office of Science) du Département de l’Énergie en quelques chiffres (crédit DoE). L’OS-DOE revendique notamment 10 300 étudiant(e)s en doctorat et 100 lauréats du Prix Nobel.

Certains postes de direction au sein de l’OS-DoE et des laboratoires nationaux restent encore à pourvoir, et des directeurs ou directrices par intérim assurent actuellement ces responsabilités. Ces changements de responsables ont lieu dans un contexte où les priorités et les orientations de l’administration Biden dans le domaine de la recherche et du développement scientifique sont en évolution, ce qui pourrait expliquer, en partie, ces nouvelles nominations. En particulier, les détracteurs du Président Biden lui reprochent que le DoE semble constamment donner la priorité aux activités appliquées au détriment de la recherche fondamentale et du financement de l’infrastructure de recherche, alors même que le secteur privé serait, selon eux, en mesure de financer les activités appliquées.

 

Références :

1. L’Office of Science gère 10 des 17 laboratoires du Département de l’Energie (DoE).

5. Poste -occupé précédemment par Steve Binkley depuis 2016- qui avait été supprimé en 2007.

14. SLAC National Accelerator Laboratory, précédemment appelé le Stanford Linear Accelerator Center (SLAC)

 

Rédacteur : Renaud Seigneuric, Attaché pour la Science et la Technologie, Consulat Général de Houston, [email protected] 



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