La Chine : une menace informatique et des étudiants à surveiller selon un rapport américain

La commission étasunienne d’étude économique et sécuritaire sur la Chine a publié son rapport destiné au congrès pour l’année 2006. Il évoque entre autre les aspects de propriété intellectuelle, d’acquisition de technologies par l’espionnage, l’export de technologies sensibles, la préparation de guerre électronique et la censure sur Internet.
La violation des droits de propriété intellectuelle ferait partie d’une stratégie scientifique et technologique coordonnée, autant pour les usages civils que militaires. La mise sur le marché chinois de produits requiert l’obtention d’une certification qui ne peut être obtenue qu’en fournissant des spécifications détaillées du produit concernant les standards applicables et des échantillons d’évaluation ; les données recueillies servent à l’acquisition de technologies.

Ce qui a retenu l’attention des médias est le fait que ce rapport indique que l’armée chinoise se prépare activement à une guerre électronique : pour affronter un adversaire tel que les Etats-Unis, elle doit être capable de perturber son système C4ISR (Command, Control, Communications, Computers, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) par des moyens tels que l’attaque de ses ordinateurs et systèmes de communication. Elle met donc en place des unités et dispositif pour le combat cybernétique ainsi que des dispositifs antisatellites. Les publications militaires chinoises s’intéressent ainsi à l’exploitation des vulnérabilités créées par la dépendance militaire à ces technologies ; elles évoquent aussi des cibles civiles telles que les systèmes financiers.
La commission pense que les services d’espionnage chinois ont la capacité de se dissimuler dans les systèmes informatiques ; il y a des exemples incontestables de pénétrations de réseaux informatiques gouvernementaux, y compris de défense, venant de Chine.
Selon ce rapport, l’armée chinoise augmente son intérêt sur les capacités pour une guerre électronique et fait de sérieux progrès en s’appuyant sur l’expertise du secteur privé. De la défense de ses propres réseaux informatiques, sa stratégie a évolué vers la capacité à attaquer les réseaux de ses adversaires, à limiter leur capacité à récolter et traiter l’information ; des équipes développent des virus. De telles attaques visent à désactiver les systèmes de commande, de contrôle, et de communication d’espionnage ainsi que l’utilisation d’armes précises.
La Chine travaille aussi à l’amélioration de ses capacités C4ISR. Elle a mis en place des centres de commande et de contrôle mobiles où les commandants interagissent avec les unités sur le front par l’utilisation de communications satellite et sans fil numériques, rapportant en temps réel les informations du champ de bataille.

L’appareil d’espionnage chinois est constitué d’un nombre impressionnant de personnes, s’étendant aux étudiants en échange, chercheurs visiteurs et " specialty workers " ainsi qu’aux américains d’origine chinoise qui rapportent des petites quantités d’informations militaires et économiques ; les informations proviennent aussi d’officiels du gouvernement américain. Là encore des exemples illustrent ces informations. Ce rapport devrait donc contribuer au débat, toujours soutenu, sur les mesures de contrôle (à l’entrée et pendant le séjour) applicables aux étudiants étrangers. Ce sujet suscite une forte opposition entre les universités (où une bonne part des étudiants post-graduates, notamment en STIC) est d’origine chinoise et le gouvernement.
Dans la même veine, le rapport fait état de soucis relatifs au contrôle des exportations et réexportations de technologies sensibles.

La commission recommande que le Congrès examine le procédé fédéral d’acquisition pour s’assurer que les agences prennent en compte les mesures de sécurité lors de l’achat d’ordinateurs.

La censure d’Internet est un autre thème abordé par le rapport. Le rapport note la création en 2006 de la Global Information Freedom Task Force par le Département d’Etat. La commission recommande que le Congrès presse l’administration de demander à la Chine d’arrêter la censure de certains média.
Les sociétés Internet américaines qui souhaitent entrer sur le marché chinois doivent choisir entre respecter les régulations chinoises, qui limitent la liberté de parole, ou ne pas du tout y être présentes. Plusieurs projets de lois ont été déposés aux Etats-Unis. Ceux-ci prévoient la création d’un bureau d’étude de la liberté sur Internet, interdisant aux sociétés américaines d’autoriser la mise en place de filtres ou d’exporter des technologies relatives au filtrage. La Chine a en effet mis en place un système de filtrage des contenus Internet accessibles aux internautes chinois : les filtres se font sur des mots clés et par sites web entiers. Selon l’Open Net Initiative, il s’agirait du système de filtrage le plus avancé technologiquement dans le monde. L’US Broadcasting Board of Governors est en train de concevoir un système pour permettre l’accès des internautes chinois aux sites rendus inaccessibles par ces filtres.
Les fournisseurs d’accès à Internet chinois doivent enregistrer les pages consultées par leurs clients et communiquer sur demande ces informations au gouvernement. La commission recommande au congrès qu’il interdise la divulgation d’informations par des entreprises américaines au gouvernement chinois concernant des utilisateurs ou auteurs de contenu en ligne en l’absence d’action légale formelle et que le gouvernement américain soit informé de telles divulgations et qu’elles soient rendues publiques.
La commission recommande que davantage de support soit accordé au programme du Broadcasting Board of Governor et à la Global Internet Freedom Task Force.

Source :

China a major cyberthreat, commission warns
https://www.fcw.com/article96975-12-01-06-Web

Pour en savoir plus, contacts :

– 2006 report to congress of the u.s.-china economic and security review commission
https://www.uscc.gov/annual_report/2006/annual_report_full_06.pdf
– Ordinateurs gouvernementaux compromis : la série continue
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/039/39656.htm
Code brève
ADIT : 40369

Rédacteur :

Sébastien Morbieu, [email protected]

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