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Dans le contexte du changement climatique, les Etats cherchent à développer des stratégies pour limiter la hausse moyenne des températures. Alors que la diminution des émissions de gaz à effet de serre semble être une condition nécessaire à la limitation du réchauffement planétaire, d’autres actions visant à modifier localement ou globalement le climat sont proposées telles que le captage et le stockage du carbone atmosphérique, la restauration ou l’amélioration des écosystèmes naturels, ou encore la modification du rayonnement solaire. Un rapport détaillé de l’ambassade a été publié récemment sur le sujet.
La modification de l’impact du rayonnement solaire pourrait se faire par l’amincissement des cirrus, l’éclaircissement des nuages marins, la propagation d’aérosols réfléchissant dans la stratosphère ou le déploiement de parasols dans l’espace. Alors que les bases scientifiques et techniques font l’objet de recherches (voir le rapport récent des Académies Nationales en Sciences, Ingénierie et Médecine), les bénéfices, risques et coûts d’utilisation de ces méthodes ne sont pas connus. De plus, les aspects économiques, politiques et éthiques du recours à la géo-ingénierie solaire n’ont pas fait l’objet d’études détaillées. Des chercheurs de Duke University (Caroline du Nord) et Georgia State University (Géorgie), en collaboration avec des spécialistes aux Etats-Unis et au Canada, ainsi qu’en Allemagne, Inde, Italie et Suisse, proposent, dans Science, la mise en place de programmes de recherches en sciences sociales sur les méthodes de modification du rayonnement solaire (1). Cet article est aussi accompagné de deux autres réflexions sur le sujet (2,3).
Les chercheurs suggèrent qu’il est nécessaire d’avoir une réflexion sur l’incertitude des bénéfices de la géo-ingénierie solaire pour éclairer les futures décisions politiques quant à l’utilisation de ces méthodes. Actuellement, cette incertitude est trop grande pour justifier le recours à la géo-ingénierie solaire ou renoncer à son utilisation. Mais les preuves de potentiel de ces méthodes sont suffisantes pour soutenir la recherche technique et considérer un cadre législatif définissant leur utilisation. A partir des avancées en sciences physiques et en ingénierie, des études d’impact de la modification du rayonnement solaire sur nos sociétés doivent être menées. Ces recherches interdisciplinaires devront impliquer des spécialistes en sciences naturelles et sociales avec notamment des experts en relations internationales, en sciences du comportement, en science politiques et en modélisation. Ces experts doivent notamment documenter si l’utilisation de la géo-ingénierie est plébiscitée par le public dans différentes sociétés, comment sont prises les décisions politiques quant à l’utilisation de ces méthodes, et comment la possibilité d’utilisation de ces méthodes va guider les stratégies de lutte contre le changement climatique dans les différents pays. Par ailleurs, la mise en place de ces nouvelles stratégies nécessitera une réflexion sur les moyens de gouvernance nationaux et internationaux, ainsi que sur la mise en place de sanctions en cas de conséquences néfastes. Ces études doivent aussi intégrer les connaissances sur les conséquences du changement climatique sur les migrations, les conflits, la santé et la productivité agricole, notamment pour pouvoir conclure à l’existence de bénéfices réels (ou non) de l’utilisation de la géo-ingénierie solaire.
Rédacteur – Benjamin Boumard, Attaché adjoint pour la Science et la Technologie, Atlanta, [email protected]
REFERENCES
- Aldy, J. E. et al. Social science research to inform solar geoengineering. Science 374, 815–818 (2021).
- Parson, E. A. Geoengineering: Symmetric precaution. Science 374, 795–795 (2021).
- Keith, D. W. Toward constructive disagreement about geoengineering. Science 374, 812–815 (2021).
