Ce mémorandum se concentre autour de trois objectifs :
– Identifier et mesurer les principales menaces visant l’agriculture et le secteur agroalimentaire, en particulier les menaces dites CBRN, c’est-à-dire Chimiques, Biologiques, Radioactives et Nucléaires ; mais également les cyber-menaces et les conséquences liées au changement climatique ;
– Consolider les partenariats pour renforcer la résilience de la main-d’œuvre des secteurs agricole et agroalimentaire ;
– Renforcer la préparation et la réaction à ces menaces, en améliorant la formation des partenaires fédéraux et privés vis-à-vis des réponses à apporter ; mais également en mobilisant les instituts de recherche. L’U.S. Department of Agriculture (USDA) est fortement impliqué dans ces stratégies, à travers ses différentes agences.[1]
Des risques de cyberattaque avérés
Ce mémorandum est signé dans un contexte où la cybermenace est une question prédominante pour le secteur agricole, notamment dans la région des grandes cultures du Midwest. En effet, l’agriculture américaine est de plus en plus connectée, ce qui rend le secteur vulnérable aux cyber attaques : les agriculteurs utilisent des outils numériques comme l’intelligence artificielle (IA) ou le guidage satellite pour prendre des décisions, par exemple pour déterminer quand arroser les champs ou épandre des intrants. Le risque est particulièrement élevé pendant les périodes de récolte.[2]
En avril dernier, le FBI avait publié un communiqué pour mettre en garde les coopératives agricoles contre les risques de cyberattaque, en particulier autour des périodes-clé de l’année. Six cyberattaques visant des entreprises céréalières (dont une en Iowa[3]) avaient été recensées à l’automne 2021 par le FBI, lors des récoltes, et deux attaques début 2022 pendant la période des semis. [4]
Stratégies sur la santé des animaux d’élevage et des plantes
Une des stratégies avancées dans le mémorandum est de renforcer le National Plant Disease Recovery System ou NPDRS[5]. Il s’agit d’une stratégie conjointe de l’ARS (Agriculture Research Service, agence de recherche de l’USDA) et de l’American Physiopathological Society, qui comprend une série de plans d’actions établis par des chercheurs et des industriels pour répondre spécifiquement à chaque phytopathogène. Le NPDRS pourra bénéficier des ressources du U.S. National Plant Germplasm System (NPGS)[6], un organisme géré par l’ARS et visant à préserver la diversité génétique des plantes d’intérêt agricole.
D’autres mesures proposées, dans un contexte de grippe aviaire très impactant pour les éleveurs de volaille américains en 2022 [7], visent à améliorer la santé animale et faire face aux risques de maladies en élevage. Le mémorandum suggère de renforcer le National Veterinary Stockpile (NVS) [8], un programme géré par l’APHIS (Animal and Plant Health Inspection Service), l’agence de l’USDA en charge de la protection de la santé des animaux et des plantes. Le programme NVS correspond à l’ensemble des moyens et services (vaccins, produits thérapeutiques…) pouvant être déployés pour faire face à une épidémie touchant les animaux d’élevage.
Vers l’établissement d’un plan d’action solide
A la suite de cette signature, les secrétaires à l’agriculture et à la santé humaine, ainsi que tous les autres acteurs concernés, ont 180 jours pour mesurer et présenter précisément les principaux risques pesant sur les secteurs agricole et alimentaire. Ils auront ensuite un an à compter du jour de la signature pour présenter une évaluation des risques précise qui sera révisée tous les ans. Enfin, ils auront 180 jours à compter de la publication de cette évaluation pour établir et présenter un plan d’action. Ce plan qui devra contenir une analyse de l’atténuation des risques sera révisé deux fois par an. [9]
Références:
2 The feds warn that hackers could hold Midwestern harvests hostage with ransomware │ NPR
3 Iowa grain cooperative target of cyberattack by Russian-linked hacker │ Des Moines Register
6 Genetic Resource Collections │ USDA ARS
7Bilan de la grippe aviaire aux Etats-Unis et réponse de l’USDA│Newsletter France Science
8 National Veterinary Stockpile │ USDA APHIS
Rédactrice : Marie Poirot, Chargée de mission scientifique au Consulat Général de France à Chicago, [email protected]