L’année Polaire Internationale se conclut à Washington par un "polaro-show" captivant

A moins d’un mois du 50è anniversaire de la signature du Traité de l’Antarctique, le sénateur Gaudin (Vice Président de l’Office Parlementaire de l’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques) et Gérard Jugie, Directeur de l’Institut Paul-Emile Victor, se sont rendus à Washington les 17 et 18 mars pour rencontrer les représentants de la division "polaire" (Office of Polar Programs) de la National Science Foundation (NSF). Ces rencontres ont permis d’explorer des pistes de collaboration renforcée entre les deux organismes. La NSF et l’IPEV collaborent déjà régulièrement dans l’Antarctique, mais avec la décision en date du 20 novembre 2008 de créer un observatoire de l’Arctique, Valérie Pécresse a donné une impulsion à la science "au nord" pour la France.

Renforcement des coopérations entre la France et Etats-Unis

Parmi les multiples sujets évoqués au cours des deux journées, un potentiel significatif d’échanges de bonnes pratiques est apparu. La NSF a fait état de sa pratique de travail en concertation systématique avec les populations locales, dont l’apport est très bénéfique aux observations, qu’elle soit terrestres, marines ou spatiales. Elle a également développé un "code de bonne conduite" pour la recherche polaire auquel tout bénéficiaire de financement s’engage à adhérer. Les ouvertures pour partager les moyens d’observation sont également nombreuses (car l’exploration polaire est une affaire coûteuse). L’accueil de chercheurs français à Toolik Lake (Alaska) et la collaboration dans la modernisation de la station Summit (Groënland), ainsi que la mutualisation de navires pourraient faire partie d’un ensemble de dispositifs de coopération. Enfin, un gros effort sera porté sur l’optimisation énergétique (efficacité, renouvelables, etc.), en partie grâce à l’abondant financement dont a bénéficié l’OPP à travers le plan de relance du Président Obama.

Les représentants français ont rappelé que le principe de l’Observatoire de l’Arctique est d’être avant tout un réseau virtuel. Parmi les motivations premières figure l’optimisation de la collecte et de l’échange de données, pour éviter les redondances, encore trop fréquentes aujourd’hui. Le Sénateur Gaudin, qui a tenu les auditions parlementaires conduisant à la décision de créer cet observatoire, a également rappelé l’importance d’une approche globale et pluridisciplinaire des sujets de recherche, incluant en particulier les sciences sociales.

Les deux pays ont souligné l’importance de l’étude des pôles et de l’arctique en particulier en raison des enjeux économiques qui se préparent (exploitation minière, gazière, etc.) et de l’influence qu’ont les pôles sur l’ensemble du système climatique global (circulation thermohaline, volume de la calotte de glace en antarctique).

Enjeux et spécificité de la recherche en milieu polaire

Afin de clore en beauté l’Année Polaire Internationale, l’Ambassade de France, avait demandé au directeur de l’IPEV d’intervenir auprès d’un plus large public. Pendant près de deux heures, Gérard Jugie a captivé les quelques 200 personnes venues l’entendre au cours d’une conférence intitulée: "Les déserts polaires et leurs secrets". Après avoir montré la variété des sujets que cette recherche recouvre (biologie, écologie, astronomie, sismologie, géophysique, médecine, etc.), et indiqué les multiples liens entre la recherche au pôle et en zone subpolaire (archipels français des Kerguelen), M. Jugie a aidé le public à toucher du doigt les difficultés inhérentes à la recherche en milieu polaire, comme la longue durée de l’hiver austral et ses conséquences sur le moral des habitants de la station, ou encore les contraintes lors de la construction de la station Concordia. Ces contraintes, a-t-il rappelé, inscitent fortement à la coopération internationale pour des raisons techniques et financières.

Puis il s’est attaché à éclairer l’auditoire quant aux mystères que révèlent chaque jour les pôles, que ce soit la faune, les météorites ou les effets du changement climatique. Sur ce dernier point, la nomination très prochaine de Michel Rocard au poste d’Ambassadeur chargé des négociations internationales relatives aux pôles démontre que les enjeux sont bien pris en compte et que la France entend peser dans les discussions, notamment sur l’Arctique, bien qu’elle ne soit pas directement concernée…

Source :

– Rencontres NSF-CNRS des 17 et 18 mars 2009
– Enviro2B: page vue le 19 mars 2009 : https://www.enviro2b.com/environnement-actualite-developpement-durable/28517/article.html

Pour en savoir plus, contacts :

– Site de l’Office of Polar Programs de la National Science Foundation : https://www.nsf.gov/dir/index.jsp?org=OPP
– Site de l’année polaire internationale : https://www.annee-polaire.fr/api
– Sciencepoles: interview de Gérard Jugie du 9/12/2005 :
https://www.sciencepoles.org/index.php?/articles_interviews/&uid=585
Code brève
ADIT : 58297

Rédacteur :

Marc Magaud ([email protected])

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