Un test du paludisme qui tient dans la poche

Des chercheurs de l’Université de Washington ont développé un prototype de test du paludisme, imprimé dans une carte en pastique qui tient dans la poche.

Dans les pays en développement, les ressources manquent pour réaliser de simples tests sanguins. Les médecins font face à de mauvaises conditions sanitaires et un manque de systèmes de réfrigération des réactifs dans la plupart des laboratoires. Les tests de diagnostic des maladies doivent être réalisés rapidement et être faciles d’utilisation, les patients étant souvent examinés une seule fois. Le prototype présenté par Paul Yager, professeur de bio ingénierie à l’Université de Washington permettra à terme de diagnostiquer le paludisme loin d’un laboratoire.

La carte de diagnostic rapide contient des réactifs secs et peut être stockée à température ambiante pendant plusieurs mois. Ces réactifs nécessitent normalement une réfrigeration, mais le Pr. Paul Yager et ses collègues ont trouvé un moyen de les stabiliser sous forme déshydratée en les mélangeant à un sucre. Les résultats ont montré que les anticorps anti-paludéens inclus dans cette matrice sucrée gardaient entre 80% et 96% de leur activité après 60 jours de stockage à température élevée. Le fonctionnement de cette carte a été simplifié au maximum par les chercheurs. Le but du projet est de pouvoir placer une goutte de sang dans la carte, et avoir un résultat qui apparaisse de manière visuelle en moins de 20 minutes.

Le cercle rouge au centre de la carte contient des anticorps déshydratés qui peuvent être stockés pendant des mois sans réfrigération. Des petits canaux guident le sang à travers la carte, permettant au sang de se mélanger avec les différentes solutions. Le fluide passe à travers les anticorps puis atteint au final le rectangle blanc, un point rouge apparaît et l’ intensité de la coloration indique si le patient est infecté.

La carte est ensuite lue par un système de diagnostic automatique appelé DxBox. L’utilisation de ce lecteur portable automatique réduit les risques d’errreurs humaines. Le projet DxBox, mené par Paul Yager, inclut plusieurs partenaires : Patrick Stayton, professeur de bioingénierie à l’Université de Washington, l’association "PATH", à but non lucratif, basée à Seattle et qui s’intéresse à la santé globale, la société "Micronics Inc." de Redmond (Washington) et "Nanogen Inc." localisée à San Diego.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, "un diagnostic rapide et précis du paludisme entre dans le cadre d’une prise en charge efficace de la maladie et permettra, s’il est mis en oeuvre avec efficacité, de réduire le recours inutile aux antipaludiques. Une grande sensibilité du diagnostic est importante dans toutes les situations, en particulier pour les groupes de population les plus vulnérables comme les jeunes enfants, chez lesquels la maladie peut être rapidement mortelle. La spécificité élevée du test permet un diagnostic différentiel d’une maladie fébrile et ainsi de stopper un traitement inutile par des antipaludiques". La carte développée par les chercheurs de l’Université de Washington répond à ce besoin de diagnostic rapide et précis

L’équipe de chercheurs ne s’intéresse pas seulement aux protéines parasitaires avec le prototype de l’Université de Washington, elle développe également des tests de protéines et d’acides nucléiques pour d’autres types de maladies infectieuses : dengue, grippe, rickettsiose, typhoïde et rougeole.

Ces recherches sont une étape dans un projet à long terme financé par la Bill and Melinda Gates Foundation pour développer des outils de diagnostic abordables et prêts à l’emploi pour les pays en développement. Cette recherche a été réalisée dans le cadre des Grand Challenges in Global Health, une initiative menée par les Etats-Unis qui cible les problèmes de santé dans les pays en développement.

[1] Le paludisme (ou malaria) est une maladie qui peut être contractée à tout âge. Elle est due à des parasites de l’espèce Plasmodium transmis d’une personne à l’autre par les piqûres de moustiques infectés. Les premiers symptômes les plus courants -fièvre, céphalées, frissons, vomissements- apparaissent de 10 à 15 jours après l’infection. En l’absence de traitement au moyen de médicaments efficaces, le paludisme peut évoluer rapidement vers une forme grave souvent mortelle. On considère qu’environ 40% de la population mondiale, essentiellement dans les pays les plus pauvres du monde, est exposée au paludisme. En 2006, on comptait 247 millions de cas de paludisme, dont près d’un million de cas mortels, pour la plupart chez les enfants de moins de cinq ans.

Source :

– "Astronaut food approach to medical testing: Dehydrated, wallet-sized malaria tests promise better diagnoses in developing world" – University of Washington News – Hannah Hickey – 20/01/2009 – https://uwnews.org/article.asp?articleID=46484
– "Directives pour le traitement du paludisme" – Organisation mondiale de la Santé – 2006 – https://www.who.int/malaria/docs/diagnosisandtreatment/TreatmentGuidelines2006-fr.pdf

Pour en savoir plus, contacts :

– "Le paludisme" sur le site de l’OMS – https://www.who.int/topics/malaria/fr/
– Site internet de la société "Micronics Inc." : https://www.micronics.net
– Site internet de la société "Nanogen Inc." : https://www.nanogen.com
– Site internet de l’organisation "PATH" : https://www.path.org
– Site internet de la fondation "Bill and Melinda Gates Foundation" : https://www.gatesfoundation.org
– Site internet de l’ initiative "Grand Challenges in Global Health" : https://www.grandchallenges.org
– Paul Yager, professeur de bio ingénierie – University of Washington – Tél: +1 206-685-2002 – Email: [email protected]
– Dean Stevens, doctorant en bio ingénierie – University of Washington – Tél: +1 206-280-9989 – Email: [email protected]
– Lien vers une image du prototype de carte, en grand format : https://uwnews.org/images/newsreleases/2009/January/20090120_pid46485_aid46484_malariacard_sourceimage.jpg
Code brève
ADIT : 57495

Rédacteur :

Alexandre Touvat ([email protected])

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