Remise de Légion d’Honneur au Docteur Subra Suresh: 4 décennies de collaboration avec la France

Comme il le disait lui-même lundi 16 octobre lors de sa remise de Légion d’Honneur par l’Ambassadeur de France aux États-Unis: “ce sont parfois les hasards, des petits rien, qui font chavirer vos vies et vous amènent à faire de grandes choses”. Retour sur le parcours hors normes du Dr Subra Suresh.
Discours du Dr Subra Suresh lors de sa remise de Légion d’Honneur en présence de Laurent Bili, Ambassadeur de France aux Etats-Unis

(crédit photo : French Embassy in the U.S.)

Un démarrage de carrière précoce aux Etats-Unis

C’est à l’âge de 15 ans que Subra Suresh valide l’équivalent du baccalauréat en Inde, son pays d’origine. Déjà à cette période son amour pour la France est marqué par ses liens avec l’Alliance française en Inde où il prend des cours d’initiation au français. Il y obtient son diplôme du réputé Indian Institute of Technology Madras en 1977 avant de s’envoler pour les États-Unis, où il obtient deux ans plus tard une maîtrise à l’Iowa State University

Subra Suresh réalise ensuite son doctorat en génie mécanique au Massachussets Institute of Technology (MIT) à Cambridge, MA, en deux ans. Afin de valider tous les crédits nécessaires à l’obtention de son doctorat, il choisit alors de compléter son cursus en se tournant vers des cours de littérature française et étudie Proust et Malraux. 

Après des recherches postdoctorales à l’University of California à Berkeley et au Lawrence Berkeley National Laboratory, il rejoint la faculté de Brown University, où il est promu professeur titulaire. Il retourne ensuite au MIT où il prend un congé sabbatique qu’il choisit de passer à Paris. 

 

La naissance d’une relation durable avec la France

Une rencontre avec une chercheuse de l’Institut Pasteur à l’occasion d’une visite à l’École des Mines, marque alors le début de collaborations fructueuses dans le domaine biomédical, qui dureront des décennies. Subra Suresh a ainsi collaboré avec des scientifiques de l’Institut Pasteur, de l’INSERM, du CNRS, du CEA, de l’École Polytechnique, de l’École Centrale de Paris, de l’École des Mines de Nancy, etc. Sa longue liste de co-publications avec ces différentes institutions illustre l’interdisciplinarité de ses travaux de recherche.

Ses collaborations sur les propriétés des matériaux avec des équipes françaises ont concerné un large éventail de domaines scientifiques. On peut ainsi citer ses études sur l’évolution microstructurale de films d’aluminium passivés sur des substrats de silicium au cours de cycles thermiques, menées en collaboration avec le CNRS et l’École des Mines de Nancy. On mentionnera également ses études, toujours en cours, sur la mécanique des globules rouges présents  dans la rate et ses conséquences dans les maladies sanguines héréditaires – recherches effectuées en collaboration avec l’INSERM et l’Institut Pasteur.

 

Une reconnaissance et un devoir de transmission

Outre son remarquable parcours de chercheur – tout au long duquel il a formé de nombreux étudiants français, notamment des stagiaires polytechniciens – Subra Suresh a assumé de hautes responsabilités institutionnelles: il fût successivement chef du département de science et d’ingénierie des matériaux et doyen de la faculté d’ingénierie au MIT, puis directeur de la National Science Foundation sous l’administration Obama, Président de la Carnegie Mellon University et enfin Président de la Nanyang Tech University à Singapour. 

L’Ambassadeur Laurent Bili lui a remis les insignes de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur le 16 Octobre 2023 en reconnaissance de son parcours et de ses réalisations exceptionnelles, ainsi que de son dévouement à la collaboration scientifique et amicale avec la France. Une semaine plus tard, le 24 Octobre 2023, Subra Suresh se voyait remettre la National Medal of Science par le Président Joe Biden à la Maison Blanche. Une médaille pour laquelle il reconnaît que ses travaux menés en collaboration avec des collègues français, entre autres, ont contribué à cette reconnaissance.

Reste à souhaiter que sa vision à long terme soit une inspiration pour de futures générations de chercheurs: « Nous ne pouvons pas sacrifier l’avenir en ne répondant qu’au présent ».

 

Rédactrice

Juliette Falewée, Chargée de mission auprès de la Conseillère Scientifique, Ambassade de France à Washington D.C. [email protected]

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