A la question "retour sur investissement" de la recherche, on songe immédiatement à la valorisation et aux étoiles américaines que sont le MIT ou Stanford. Ce que l’on sait moins, c’est que de bien plus modestes universités arrivent à les égaler voir les surpasser si l’on mesure le rapport entre l’argent généré par les produits de la recherche et argent investi dans celle-ci.
C’est ce que démontre l’étude du magazine Forbes réalisée en septembre dernier. Cette étude se fonde sur les résultats récoltés pour le rapport annuel de l’AUTM qui répertorie les données relatives à 189 institutions de transfert de technologies aux Etats-Unis. Ces données comprennent, entre autres : les investissements en recherche et développement des institutions, le montant des revenus générés par les licences, inventions, création d’entreprise. De ces données, Forbes a publié un classement des bureaux de valorisation présentant les meilleurs retours sur investissement. Le mode de calcul est simple ; il s’agit du rapport entre les revenus issus des produits de la recherche et le montant investi pour financer cette recherche sur une année.
Le résultat est disponible sur le site de Forbes: https://redirectix.bulletins-electroniques.com/0mYsa
Surprise : des universités modestes se trouvent dans le classement. Si l’on considère que le retour sur investissement est un bon indicateur de l’efficacité du transfert de technologies, cela balaie les idées reçues sur les champions reconnus de la valorisation de la recherche américaine. Ensuite, si l’on étudie plus en détail les sources de rentrée d’argent de ces universités, deux catégories d’organisations apparaissent.
Il y a celles qui justifient ces forts retours sur investissement par une stratégie précise de valorisation. C’est le cas du "Stevens Institute of Technology" au New Jersey. Celui-ci a développé un modèle basé sur une approche "market-pull" de sa valorisation en impliquant dès les premiers stades de développement tous les acteurs technologiques et financiers (voir BE Etats-Unis n°126 [1]). Cette approche semble payante puisque "Stevens Institute of Technology" arrive en troisième position avec un revenu de 4,56 millions de dollars. Le président prévoit désormais d’atteindre 50 millions de dollars de revenus de licences dès l’année prochaine.
Une autre catégorie justifie ce fort retour sur investissement essentiellement par une technologie qui s’est avérée très lucrative. C’est le cas de la "New York University", premier au classement qui assure la majorité de ses revenus grâce à Remicade, un médicament pour le traitement de l’arthrite vendu à "Johnson and Johnson". "Wake Forest University", le numéro deux se voit financer en grande partie par un contrat de licence avec "General Electric" et l’université de l’Ohio, quatrième au classement détient 90% de ses royalties grâce à Somavert, un médicament commercialisé par Pfizer pour limiter les effets de la surproduction des hormones de croissance.
Ce classement est basé sur une méthode simple de calcul de retour sur investissement sensée refléter de façon objective l’efficacité des structures de transfert de technologies. Il permet un premier constat qui est la capacité de petites structures à développer des modèles stratégiques intéressants leur permettant de générer des revenus conséquents. Cependant certains résultats restent à nuancer car ils s’avèrent fortement corrélés à l’effet de ponctualité de blockbusters auxquels sont soumis quelques universités chanceuses. Mais restons modestes, ces chiffres, si intéressants qu’il soient, reflètent aussi la difficulté d’évaluer de manière précise l’efficacité d’une structure de transfert de technologies, en particulier sur une période aussi courte qu’une année. A ceci s’ajoute le fait qu’un tel classement est aussi entouré d’intentions matoises : attirer l’attention des financeurs, bien sûr, mais aussi celle des entreprises en leur faisant miroiter la possibilité d’exploiter des technologies adaptées au marché. Et puis, bien entendu, un tel classement contribue à attirer davantage d’étudiants en faisant valoir le dynamisme et la proximité avec les entreprises de l’établissement universitaire.
Source :
"Universities That Turn Research Into Revenue", Maureen Farrell, 12/09/08, Forbe.com, https://www.forbes.com/2008/09/12/google-general-electric-ent-tech-cx_mf_0912universitypatent.html
Pour en savoir plus, contacts :
– Etude annuelle de l’AUTM : https://autm.net/events/file/AUTM_06_US%20LSS_FNL.pdf
– [1] "Développement d’approches "market pull" dans les offices de transfert de technologies", bulletin électronique Etats-Unis 126, https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/54916.htm
– "L’art et la manière d’évaluer l’efficacité du transfert de technologies", bulletin électronique Etats-Unis 107, https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/52659.htm
Code brève
ADIT : 56356
Rédacteur :
Aline Charpentier, [email protected]