En 2001, une équipe de Berkeley (Quist et Chapela), publie dans Nature (414, 541-3) un article révélant la présence de transgènes dans quatre épis de maïs collectés dans la région montagneuse d’Oaxaca au Mexique où la culture de maïs transgéniques est interdite. L’explication la plus vraisemblable est alors que des paysans ont replanté des grains transgéniques importés des Etats-Unis pour l’alimentation, et qu’il y a eu transmission de certains gènes aux variétés locales. L’information fait grand bruit, à juste titre, puisqu’elle montre une inquiétante dissémination de gènes étrangers et une menace concrète pesant sur la biodiversité (Oaxaca est la région d’origine et de diversification du maïs).
L’étude de 2001 est cependant rapidement l’objet de critiques sévères portant sur la méthodologie utilisée et finalement Nature reconnaît en 2002 que l’article n’aurait jamais dû être publié (*).
Une étude récente, publiée dans les PNAS (**), porte sur 153.000 grains de maïs de 870 épis différents collectés en 2003 et 2004 dans la région d’Oaxaca puis analysés par des laboratoires américains. Aucune trace d’ADN étranger n’a été détectée (limite de détection : 0,005%). Qu’est-il arrivé aux transgènes mis en évidence en 2001 ? Les fermiers d’Oaxaca ont-ils cessé de replanter des grains venant des EU ? Les gènes détectés à l’époque ont-ils jamais existé ? La question restera sans réponse puisque les échantillons de la première étude ont été perdus.
La dissémination des gènes étrangers et la menace sur la biodiversité existent, mais le débat sur les OGMs est déjà suffisamment irrationnel pour ne pas le compliquer par des données scientifiques ambiguës qui sont reprises très vite comme des arguments indiscutables.
Source :
Nature 2005, 436, 760 ; Science 309, 2005, 1000
* Nature 416, 602
** Proc Natl Acad Sci USA, 102, 12338-43
Rédacteur :
Jean-Pierre Toutant, [email protected]