Nouvelle tendance chez les capitaux risqueurs : investir en solo

Les capitaux risqueurs sont un solide moteur de l’économie de l’innovation américaine. En 2006 on estimait à 10,4 millions d’emplois générés par l’économie qu’ils soutiennent pour un revenu global de 2 300 milliards de dollars (17,6% du PNB américain). Au-delà de l’apport financier qu’il prodiguent, ils représentent aussi pour les sociétés dans lesquelles ils investissent des experts avisés qui peuvent les aider dans certaines prises de décision ainsi que pour des connections avec des clients et partenaires stratégiques clés dans leur portefeuille d’investissement.

Traditionnellement, plusieurs capitaux risqueurs investissent dans une même entreprise. Cela permet tout d’abord de diluer les risques financiers mais aussi de bénéficier de regards différents sur la société. Il en découle un esprit communautaire assez marqué chez ces investisseurs qui ont l’habitude de travailler ensemble à un but commun: la rentabilité financière de l’entreprise dans laquelle ils investissent.

Cependant une nouvelle tendance se dessine actuellement chez les capitaux risqueurs américains: investir beaucoup et seul dans une entreprise. Alors que 22% des accords conclus entre capitaux risqueurs et entreprises en 2000 impliquaient un unique capital risqueur, 34% répondaient à ce critère en 2007 De même, le pourcentage d’accords impliquant 5 capitaux risqueurs ou plus atteignait 14% en 2007 contre 30% en 2000.

Malgré cette diminution d’acteurs multiples dans le capital des sociétés, il semble que le nombre total d’accords entre capitaux risqueurs et entreprises reste stable. Les chiffres relatifs à la Nouvelle-Angleterre suivent la tendance nationale et oscillent entre 318 et 360 accords annuels depuis 2002. Mais si le nombre d’accords se maintient, les sommes investies sont en général bien supérieures. Dans cette même région, l’investissement global a plus que doublé depuis 2002, passant de 2,41 milliards de dollars à 6,16 milliards en 2007. Ceci est dû en partie au regain d’énergie du secteur du capital risque en 2007 mais aussi aux conséquences des investissements uniques dans une entreprise. En effet, si un capital risqueur veut investir seul dans une entreprise, il doit atteindre un montant critique de plusieurs millions de dollars.

L’intérêt pour les capitaux risqueurs est d’espérer des retours sur investissement financier plus importants en jouant sur le risque par la non dilution du capital. Pour les sociétés de capital risque qui pratiquent ce type d’investissement, ce risque peut être dominé grâce au degré d’expertise de leur personnel. En effet, il s’avère que les sociétés de capital risque qui investissent en solo dans une entreprise le font uniquement lorsqu’ils sont sûrs d’avoir les bonnes compétences en interne pour évaluer ladite entreprise et sa technologie.

Ce nouveau comportement, semble d’un côté renforcer la spécialisation des capitaux risqueurs mais d’un autre il accroît la compétition entre eux. Cette compétition, pourtant propre à l’économie de marché inquiète le président de la National Venture Capital Association, Mark Heesen qui estime qu’elle risquerait d’affaiblir la culture collaborative des capitaux risqueurs dont la mission originelle est de mettre en commun des moyens et des cerveaux pour résoudre des problématiques de business.

Finalement, pour les premiers intéressés, les entrepreneurs, ce type d’investissement présente l’avantage de pouvoir lever de grosses sommes d’argent rapidement mais ne semble pas faire l’unanimité. En effet, pour eux, un investisseur n’est pas qu’une source d’argent, c’est aussi une source de contacts et limiter le nombre d’acteurs dans leur capital c’est aussi limiter la taille du réseau de contacts qui en découle.

Source :

"Going Solo: more Vcs decinding to invest alone", Christopher Calnan, Mass High Tech, 25/04/08 – https://masshightech.bizjournals.com/masshightech/stories/2008/04/28/story1.html

Pour en savoir plus, contacts :

– National Venture Capital Association : https://www.nvca.org/
– "Venture Impact", Global Insight, 2006 : https://www.nvca.org/pdf/NVCA_VentureCapital07-2nd.pdf
– Dow Jones Venture

Source :

https://www.venturesource.com/login/index.cfm?CFID=837134&CFTOKEN=21952980##
Code brève
ADIT : 54585

Rédacteur :

Aline Charpentier, [email protected]

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