Mise en application de la réglementation sur la compatibilité entre la téléphonie mobile et les appareils auditifs

Suivant le vieillissement de la population, le nombre de personnes atteintes de problèmes auditifs aux Etats-Unis ne cesse d’augmenter. 4 à 6 millions de personnes utilisent déjà des aides auditives mais une grande partie des personnes mal entendantes ne s’en servent pas encore. Cependant la réduction des coûts et la meilleure efficacité des appareils auditifs tendent à augmenter le nombre de personnes équipées. Par ailleurs, avec plus de 280 millions de souscriptions à un cellulaire, la téléphonie mobile est devenue un moyen de communication très utilisé dans la société américaine actuelle. C’est pourquoi en 2003, la Federal Communication Comission (FCC) a classé la téléphonie mobile comme une forme essentielle de communication. Cette dernière est alors devenue sujette au 1988 Hearing Aid Comptability Act (HAC Act). Par l’intermédiaire du HAC Act, la FCC a pour obligation de s’assurer de la compatibilité des téléphones fabriqués aux USA ou importés après août 1989 et des appareils auditifs.

Et cette compatibilité n’est pas toujours évidente à réaliser. En effet, les téléphones portables transmettent à des fréquences comprises généralement entre 700 Mhz et 5 Ghz. A proximité d’une aide auditive, les ondes émises par le cellulaire et les circuits de l’appareil peuvent se coupler et générer de faibles courants électriques. Ces courants ne sont pas continus mais intermittents et suivent la modulation du signal RF. Si la fréquence du signal généré est dans la gamme audio (2 hertz à 20 Khz), l’appareil auditif l’amplifie pour ensuite le transmette à l’oreille créant ainsi des interférences audibles. Par ailleurs d’autres interférences peuvent être créées par les composants du cellulaire comme les batteries, des oscillateurs ou bien d’autres composants électroniques.

Parallèlement, les transmissions utilisent des systèmes et des signaux de plus en plus complexes afin d’optimiser les bandes de fréquences et le nombre d’utilisateurs sur chaque bande. Les signaux sans fil par exemple deviennent plus dynamiques afin de fournir plus de capacité pour la transmission de données. Certains transmetteurs devraient bientôt être capables de détecter la présence des autres transmissions dans leur environnement, puis de s’ajuster avec les autres transmetteurs afin d’optimiser leur efficacité.

Enfin la capacité de créer des téléphones compatibles avec les appareils auditifs dépend de la technologie utilisée par les fabricants. Ainsi il est plus facile de rencontrer des standards sur les systèmes qui utilisent le Code Division Multiple Access (CDMA) que sur les systèmes basés sur le Global System for Mobile (GSM).

La FCC a adopté des règles spécifiques pour le téléphone digital sans fil, énoncées dans l’American National Standard Institute (ANSI) dans l’article C63.19. Le comité a changé pour la dernière fois la réglementation en 2007. Le standard décrit les limites et les tests de procédures pour contrôler l’immunité électromagnétique dans les appareils auditifs et les émissions dans les cellulaires. Il établit également deux niveaux acceptables de bruit pour les utilisateurs, représentés par les lettres M et T et notés de 1 à 4 (1 désignant la plus mauvaise compatibilité). Ces deux niveaux proviennent du fait qu’il existe deux type d’appareils auditifs: ceux opérant par couplage acoustique (M) et ceux opérant par couplage "telecoil[1] (T)". Par couplage acoustique, tous les sons entourant l’utilisateur, ceux désirés comme le bruit ambiant, sont amplifiés puis transmis. Par couplage "telecoil", les bruits ambiants sont éliminés.

La FCC a ensuite demandé aux fabricants et aux opérateurs téléphoniques de certifier qu’une portion significative de leurs offres téléphoniques réponde à la norme ANSI C63.19 avec un niveau de compatibilité de M3/T3 au minimum. Cette réglementation est entrée en vigueur pour la plupart des mesures en 2008 et impose des ratios devant être atteints avant 2010. La liste selon le type de couplage et de technologie utilisé est disponible sur le site de la FCC : https://www.fcc.gov/cgb/consumerfacts/hac_wireless.html. En supplément, à partir du 15 janvier 2009 les fabricants devront ajouter des informations sur leur site Web détaillant les offres compatibles avec les aides auditives.

[1] Un telecoil est un petit morceau de fil placé dans l’appareil auditif qui lorsqu’il est activé prend le signal de la voix directement à partir du champ électromagnétique généré par le téléphone portable compatible. Ainsi les utilisateurs équipés de tels appareils sont capables de communiquer de façon efficace et sans bruits de fond. Cependant les telecoils ne sont applicables qu’à deux types d’appareils auditifs : "Dans l’oreille" et "derrière l’oreille". Les plus petits ne sont pas assez larges pour pouvoir être équipés de telecoil. Aux Etats-Unis, 25-30% des aides auditives contiennent des "telecoils", généralement utilisés par les individus affectés de sérieux problèmes auditifs.

Source :

– "The Cellphone and the Hearing Aid: The Odd Couple": Joseph J. Morrissey – January 2009 – https://www.spectrum.ieee.org/jan09/7187
– "Hearing Aid Compatibility for Wireless Telephones": site de la FCC – https://www.fcc.gov/cgb/consumerfacts/hac_wireless.html

Rédacteur :

Arnaud Souillé, [email protected]

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