Les étudiants étrangers restent toujours autant aux Etats-Unis, mais cela changerait-il ?

Deux études publiées récemment analysent le comportement des étudiants étrangers en science et ingénierie venus aux Etats-Unis : restent-ils aux Etats-Unis après l’obtention de leur diplôme et les nouveaux arrivants comptent-ils rester ? Ces questions sont d’importance sachant la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de cet apport de "cerveaux", que ce soit pour le secteur de la recherche ou pour celui de l’industrie, comme l’indique le tableau suivant :

La décroissance en matière de doctorats délivrés à des américains a été en partie compensée par l’apport d’étudiants étrangers, alors que la demande a augmenté.
En ce qui concerne les étrangers qui ont obtenu leur diplôme il y a quelques années, le constat est qu’ils restent très majoritairement sur le long terme aux Etats-Unis. Ainsi 61% de ceux qui avaient obtenu un doctorat en science ou ingénierie en 1968 étaient toujours aux Etats-Unis en 2003, ce pourcentage montant à 70% pour l’informatique.
Davantage, 68% de ceux qui avaient obtenu leur doctorat en 2001 étaient toujours là en 2003. Le record est détenu par le secteur computer and electric engineering avec 84%, suivi par les sciences physiques avec 80%, les sciences de la vie, 78% et Mathematics and computer science, 77%. En revanche la moitié des étudiants en sciences sociales étaient repartis, de même qu’en agronomie. Sur le long terme la tendance est également favorable, puisque 58% de ceux qui ont eu leur doctorat en 1993 étaient toujours aux Etats-Unis en 2003.
Pour ce qui est des deux plus grands fournisseurs de scientifiques aux Etats-Unis, la Chine et l’Inde, les pourcentages sont encore plus forts : 90% des étudiants chinois qui avaient obtenu leur doctorat en 1998 étaient établis aux Etats-Unis en 2003, de même que 86% des indiens. Les taux sont moins favorables pour les deux pays qui suivent immédiatement en matière d’apport d’étudiants, Taiwan (47%) et la Corée du Sud (34%), tous deux avec des taux en baisse régulière sur plusieurs années. Pour ce qui est de la France, peut-être mal prise en compte (le chiffre de 53 doctorats scientifiques paraissant faible, la NSF en recensant usuellement entre 70 et 90 par an), le taux est de 54%.
La tendance sur la période allant de la fin des années 80 à 2003 est favorable : le pourcentage d’étudiant restant aux Etats-Unis a régulièrement augmenté jusqu’en 2001 et semble rester stable depuis.
Une autre étude, l’analyse statistique annuelle de la NSF en matière de doctorats, portant sur l’année 2004, apporte une note moins optimiste.
En effet, si le nombre de doctorats délivrés a augmenté en 2004, après 2003, sans pour autant rejoindre 1997 :

les projets des étudiants les plus récents font apparaître une croissance de la part de ceux qui envisagent la suite de leur carrière hors des Etats-Unis. Ils seraient maintenant 15% des étrangers, 29,5% de ceux qui n’ont qu’un visa temporaire, à voir leur avenir ailleurs qu’aux Etats-Unis, tandis que les taux n’étaient que de 13,7% et de 26,2% en 1998. Ceci alors que les étudiants étrangers représentent près des deux tiers des doctorats en ingénierie, plus de 40% de ceux en science et ingénierie.
Ceci dit, l’amélioration de la situation de l’emploi depuis 2003 pourrait conduire à une amélioration.

Source :

– Stay Rates of Foreign Doctorate Recipients from U.S. Universities, 2003 – https://www.orau.gov/orise/pubs/stayrate05.pdf
– Science and Engineering Doctorate Awards: 2004, NSF 06-308
https://www.nsf.gov/statistics/nsf06308/pdf/nsf06308.pdf
https://www.nsf.gov/statistics/infbrief/nsf06301/
– Les statistiques de 1998 – https://www.nsf.gov/statistics/nsf00304/pdf/nsf00304.pdf

Rédacteur :

Jean-Philippe Lagrange [email protected]

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