L’enrichissement en CO2 provoquerait des rétroactions chimiques dans les communautés de plancton marin

En 2005, l’équipe du Prof. Oliver Wingenter, du New Mexico Institute of Mining and Technology, a participé à la 3ème Pelagic Ecosystem CO2 Enrichment Study à l’Université de Bergen en Norvège. Il s’agit d’un projet international dont l’objectif est d’étudier les effets de l’acidification des océans sur les communautés de plancton marin.

L’équipe du Prof. Wingenter s’est plus particulièrement intéressée aux émissions de sulfure de diméthyle (SDM, (CH3)2S) et de chloroiodométhane (CH2ClI). Ces deux gaz sont naturellement produits par certains microorganismes marins et sont importants d’un point de vue climatique. Dans l’atmosphère le SDM est rapidement oxydé en dioxyde de soufre (SO2), précurseur d’aérosols sulfatés, une source importante de noyaux de condensation pour les nuages. Le chloroiodométhane contribue à la destruction de l’ozone ainsi qu’au phénomène de nucléation.

Les concentrations en SDM et CH2ClI ont été mesurées dans des mésocosmes soumis à des concentrations de CO2 atmosphérique simulant les conditions actuelles (~375ppm), les conditions attendues pour la fin du siècle si les émissions de CO2 ne sont pas contrôlées (760ppm), et enfin des conditions plus extrêmes (1150 ppm). Les concentrations moyennes en SDM et CH2ClI relevées dans les mésocosmes de type 2 et 3 sont plus élevées que celles relevées dans les mésocosmes de contrôle. Plusieurs explications sont possibles : modification de la physiologie des algues, du comportement des virus présents dans le mésocosme ou encore de la chimie du milieux aqueux.

Cette étude illustre le fait que les conséquences d’une hausse des concentrations de CO2 dans l’atmosphère et de l’acidification des océans représentent une grande inconnue. Ainsi une hausse des émissions de SDM dans un environnement enrichi en CO2 pourrait contribuer à stabiliser le climat. Les résultats obtenus lors de cette étude ne peuvent être étendus à l’ensemble des communautés planctoniques, c’est pourquoi les auteurs rappellent le besoin d’études supplémentaires pour évaluer les conséquences de l’acidification des océans.

Source :

– https://www.nsf.gov/news/news_summ.jsp?cntn_id=108456
– O. Wingenter et al., Unexpected consequences of increasing CO2 and ocean acidity on marine production of DMS and CH2ClI: potential climate impacts, 2007, Geophysical Research Letters, 34:
https://infohost.nmt.edu/~chem/wingenter/Wingenter_PeECE_III_GRL_2007.pdf

Pour en savoir plus, contacts :

– Le pH de l’océan pacifique diminue, BE Etats-Unis #30 :
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/033/33112.htm
– L’océan austral a un petit goût acide, BE Etats-Unis #5 :
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/030/30054.htm
– Site web du Pelagic Ecosystem CO2 Enrichment Study:
https://peece.ifm-geomar.de/
– Site Web de Surface ocean Lower Atmosphere Study (SOLAS) – initiative international:
https://www.uea.ac.uk/env/solas/org/whatis.html
Code brève
ADIT : 41837

Rédacteur :

Elodie Pasco, [email protected]

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