Depuis 1949 l’Institute of International Education, (IIE), publie chaque année le rapport Open Doors sur l’ouverture des universités américaines aux étudiants internationaux et sur la mobilité des étudiants américains à l’international. Les résultats de l’édition 2008, parrainée par Goli Ameri, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires culturelles et éducatives (ECA), ont été rendus publics lundi 17 novembre lors d’une conférence tenue à Washington DC, et conduite par Allan Goodman, président d’IIE. La publication de ce rapport est l’un des évènements majeurs de la Semaine de l’éducation internationale organisée conjointement par le Département d’Etat et le Département fédéral de l’Education dans l’ensemble des Etats-Unis.
La première leçon de ce rapport concerne l’attractivité retrouvée des universités américaines. Au cours de l’année universitaire 2007/2008, elles ont en effet enregistré une hausse de 7% du nombre d’étudiants internationaux par rapport à l’année précédente, pour atteindre 623.800 étudiants. Plus significatif encore, le nombre de nouveaux étudiants étrangers a augmenté de 10,1% sur la même période, passant de 157.178 à 173.122. Le nombre de ces nouvelles inscriptions est en augmentation croissante sur les trois dernières années ce qui permet aux Etats-Unis de dépasser pour la première fois le niveau total d’étudiants internationaux atteint en 2002-2003.
Au regard de la population étudiante du pays on peut cependant souligner la décroissance légère de l’internationalisation des campus américains sur les dix dernières années. Alors que la part d’étudiants étrangers oscillait entre 3,6% et 4,6% sur la période 1997/1998 à 2006/2007, elle ne représente aujourd’hui plus que 3,5% de l’ensemble de la population étudiante des Etats-Unis (17.958.000). De la même façon, dans un marché de la mobilité étudiante internationale en croissance quantitative (plus de 2,9 millions en 2006/2007, soit une hausse de 3% par rapport à l’année précédente), la diversification des destinations tend à mécaniquement réduire la part des Etats-Unis dans l’accueil d’étudiants étrangers. En 2006/2007, les Etats-Unis accueillaient ainsi 22% de l’ensemble des étudiants internationaux alors qu’ils n’en accueillent aujourd’hui plus que 20%. Cette évolution relative, peu inquiétante de l’avis d’Allan Goodman, n’est d’ailleurs pas inéluctable au regard du potentiel de moyen terme du système universitaire américain, dont l’immense majorité des plus de 4000 universités n’accueillent que marginalement des étudiants internationaux. Il faut en effet savoir qu’un nombre très restreint d’entre elles (153) accueille aujourd’hui plus de la moitié (55%) des 623800 étudiants internationaux présents dans le pays, ce qui laisse une marge de progression substantielle en termes d’internationalisation. Il en est de même d’un point de vue géographique puisque cinq états (Californie, New-York, Texas, Massachussetts et Illinois) se partagent actuellement environ 43% de la population étudiante internationale totale.
Quant aux régions d’origine des étudiants étrangers inscrits dans une université américaine, elles n’ont que très peu évolué par rapport à l’année 2006/2007, l’Asie arrivant toujours très largement en tête du classement. Pour la septième année consécutive, l’Inde envoie le plus d’étudiants aux Etats-Unis avec 94.563, soit une augmentation de près de 13% par rapport à l’année 2006/2007. La Chine arrive en deuxième position avec 81.127 étudiants mais enregistre une hausse encore plus significative de l’ordre de 20%. Viennent ensuite la Corée du Sud et le Japon qui envoient respectivement 69.124 et 33.974 étudiants aux Etats-Unis. Notons cependant que le Japon a connu une baisse substantielle de l’ordre de 3,7%, qui s’explique avant tout par la diminution du nombre d’étudiants japonais, elle-même causée par le déclin structurel de l’ensemble de la population au Japon depuis 2005. Les deux évolutions majeures de cette année concernent l’Arabie Saoudite et le Vietnam qui ont respectivement enregistré une hausse de 25,2% et 45,3% du nombre d’étudiants allant étudier aux Etats-Unis, soit au total 9.873 et 8.769.
En termes de disciplines enfin, à l’instar de l’année 2006/2007, les formations en "business" demeurent les plus attractives pour les étudiants étrangers, avec 19,6% du total des inscrits. Les disciplines des STEM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) demeurent elles aussi collectivement extrêmement attractives puisqu’elles représentent plus de 40% des inscriptions internationales.
Pour ce qui concerne la mobilité sortante, le rapport d’IIE indique qu’au cours de l’année universitaire 2006/2007 , ce sont quelque 241 791 étudiants américains qui ont eu l’opportunité d’aller étudier à l’étranger, représentant ainsi une hausse de 8% par rapport à l’année précédente. En dépit de cette évolution positive, cette mobilité demeure structurellement très faible au regard de la mobilité entrante, dans un rapport proche de un a trois, et son augmentation massive est pour les principaux responsables académiques et politiques américains une clé de la capacité de long terme du pays a s’insérer avec succès dans le monde contemporain.
D’un point de vue plus qualitatif, l’une des grandes tendances mises en avant par le rapport est la propension croissante des étudiants américains à choisir des destinations qualifiées de "non traditionnelles". Ainsi, des pays comme la Chine, l’Argentine, l’Afrique du Sud, l’Equateur ou encore l’Inde ont respectivement enregistré une hausse de plus de 20% du nombre d’étudiants américains inscrits dans leurs universités. Bien que l’Europe reste la région du monde qui accueille la plus grande part d’étudiants américains (57%), les résultats d’Open Doors 2008 attestent très clairement d’une profonde diversification des pays d’accueil, tendance qui reflète la volonté commune d’IIE et du Département d’Etat d’élargir le choix des destinations proposées aux étudiants américains. Si elles se félicitent de la hausse du nombre d’étudiants américains en mobilité et de la diversification des destinations, les deux institutions souhaitent également accroître la diversité des jeunes Américains participant à un séjour d’études à l’étranger. "L’expérience internationale doit faire partie de l’éducation de chaque étudiant […]" a souligné Allan Goodman lors de la conférence. Autre volonté qualitative exprimée à plusieurs reprises par les membres d’IIE, la promotion des séjours d’études de moyen (3 à 6 mois) et long terme (6 mois à un an), plus bénéfiques aux étudiants que les séjours de court terme (2 à 8 semaines), qui représentent aujourd’hui plus de 55% de la mobilité sortante.
Les conclusions du rapport Open Doors 2008 confortent, s’il en était besoin le caractère incontournable de la mobilité internationale dans l’expérience étudiante contemporaine, et confirment l’attractivité retrouvée d’un système universitaire américain pourtant encore inégalement ouvert. Elles sont aussi pour les institutions françaises un encouragement au développement de coopérations avec leurs homologues américaines.
Les données collectées dans le rapport Open Doors 2008 concernant la mobilité des étudiants américains à l’étranger datent de l’année universitaire 2006/2007 en raison du délai nécessaire au transfert des crédits académiques entre les universités.
Source :
– "Les Etats-Unis continuent d’attirer un nombre croissant d’étudiants internationaux" – BE Etats-Unis 102 – BOUZAT Estelle – 30/11/2007 – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/52099.htm
– "Record Numbers of U.S. Students Are Studying Abroad" – THOMAS Jeffrey -13/11/2007 – https://www.america.gov/st/washfileenglish/2007/November/200711131630101CJsamohT0.3882868.html
– Site du Bureau of Educational and Cultural Affairs (ECA): https://educationusa.state.gov/
– "Record Year* for Foreign Student Enrollment" – Inside Higher Ed – 17/11/2008 – REDDEN Elizabeth – https://www.insidehighered.com/news/2008/11/17/opendoors
Pour en savoir plus, contacts :
"Open Doors Online – Report on International Educational Exchange" – 17/11/2008 – https://opendoors.iienetwork.org
Code brève
ADIT : 56816
Rédacteur :
Florence Barnier, [email protected] – Pascal Delisle, [email protected]