Le capital risque aux Etats-Unis : une activité en décroissance avec de fortes disparités régionales

La semaine dernière, nous traitions de l’avenir de l’industrie du capital-risque. Deux études semi-publiques viennent confirmer notre analyse. Le volume des prises de participation des sociétés de capital-risque dans les entreprises innovantes accuse une très forte baisse, cependant moins catastrophique que celle que nous anticipions puisque les investissements se montent à 3,9 milliards pour les trois premiers mois de 2009 (contre 7,8 en 2008, soit – 50%). En termes d’affaires ("deal"), et pendant la même période, seuls 477 accords ont été conclus par des sociétés de capital risque (706 en 2008). Autre confirmation : des deux côtés du pays, le volume moyen des investissements par dossier baisse de 73% pour atteindre 2,5 millions (9 millions en 2008). Au total, et comme nous le disions, il y a de la part de la profession une réelle interrogation sur le modèle économique du capital risque, appelé à se contracter et à s’installer durablement dans des volumes d’investissements se situant autour de 10 à 15 milliards de dollars par an.

Mais ces deux études nous fournissent un éclairage complémentaire sur l’activité de capital-risque aux Etats-Unis. Il s’agit des disparités régionales.

Alors que tous les chiffres sont en très forte baisse, la région de Nouvelle-Angleterre enregistre un recul modeste (-15%) sur la période considérée : 61 affaires ont été signées pour un montant de 594 millions lors du premier trimestre 2009. En 2008, 703 millions avaient été investis dans 83 jeunes entreprises. Une explication à ce paradoxe : les volumes d’investissement dans les énergies nouvelles sont traditionnellement plus élevés que les autres, à l’instar de celui réalisé dans la société "A123 Systems" à Watertown (MA) pour la fabrication de systèmes de batteries rechargeables lithium-ion (69 millions).

A San Diego, un autre pôle important de capital risque, la baisse des investissements atteint 34%. Mais un examen attentif de ce résultat nous amène à le relativiser car l’essentiel des montants consacrés aux SDV a été maintenu en 2009 (190 millions). Dit autrement, à San Diego, à l’exception d’un investissement en STIC, le capital-risque a été monopolisé par des projets en SDV.

Dans l’état de Washington (capitale : Seattle) la chute des investissements est de 54% pour s’établir à 114 millions qui vont équitablement dans des projets en STIC et en SDV.

Outre la confirmation de la baisse brutale des investissements dans l’innovation américaine, ces deux études viennent souligner la forte polarisation de l’activité de capital risque aux Etats-Unis, avec deux pôles dominants, la Californie (San Diego, San Francisco) et le Massachusetts (Boston). En volume, la côte ouest conserve certes une position dominante. Mais, par tête, le modeste Massachusetts (5 millions d’habitants) s’enorgueillit de faire beaucoup mieux. Reste à savoir si la crise actuelle n’est pas susceptible de faire évoluer la position relative de l’un et l’autre état ou de faire émerger de nouveaux pôles. A suivre.

Rédacteur :

Antoine Mynard, [email protected]

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