La réorganisation de la recherche agronomique américaine (suite mais pas fin)

Il y a peu nous rendions compte de la proposition de réunir deux agences importantes de l’USDA : l’ARS (un organisme de recherche) et le CSREES (une agence de moyens) en un Office of Science unique. Ceci pour supprimer les redondances et surtout mettre l’évaluation de la qualité des recherches agronomiques au coeur des préoccupations. En effet dans le système actuel, sur 2 milliards de budget annuel de l’USDA consacré à la recherche agronomique, 1,3 milliard sert à financer l’ARS (recherche dite intra-muros), 0,34 à la recherche forestière (Forest Service), et seulement 0,36 à la recherche dans les universités (surtout les Land Grant Universities dont c’est la spécialité-recherche extra-muros). Sur ces 360 millions de dollars, 180 sont des financements directs aux stations expérimentales des LGUs et seuls 180 millions sont distribués sous forme d’appel d’offres ouverts à la concurrence. Il n’est pas étonnant que la compétition pour ces contrats de recherche soit encore plus sévère qu’aux NIH ou à la NSF (16% de succès). Les LGUs font d’ailleurs largement appel aux financements NSF et NIH.

Le comité sénatorial sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt a examiné début Mars plusieurs propositions de rééquilibrage des financements (quasi) automatiques au profit de financements sur appel d’offres.
Une proposition de l’association des LGUs (dite CREATE-21) vise à augmenter la part des crédits soumis à appels d’offres (les National Research Initiatives du CSREES) mais sans diminuer le financement intra-muros. William Danfort (Washington University, St Louis) a présenté un projet de création d’un National Institute for Food and Agriculture qui rationaliserait les thèmes étudiés en augmentant la part de financement compétitif. Mais ce projet déposé devant le congrès depuis 2004 est resté lettre morte.
Enfin l’USDA a présenté son propre projet de création d’un Institute for Science issu de la fusion de l’ARS et du CSREES. Ce projet suscite le scepticisme.
Même si la nécessité d’introduire plus de compétition dans la recherche agronomique intra-muros est reconnue par un grand nombre, les tentatives de réforme se heurtent à une forte résistance de la part des défenseurs de la centaine de laboratoires de l’ARS (souvent l’enjeu de luttes politiques locales). De tels projets de réforme remontent aux années 70 et ont été régulièrement enterrés. La réforme de la recherche agronomique US, basée sur la qualité de la Science, est donc loin de prendre forme -une opinion largement partagée sur les campus des LGUs du Midwest.

Source :

The Future of the Nation’s Agricultural Research, AAAS Center for Science, Technology, and Congress
https://www.aaas.org/spp/cstc/stc/index.shtml#AG

Pour en savoir plus, contacts :

Réorganisation possible de la recherche agronomique américaine, BE Etats-Unis 71
https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/041/41973.htm
Code brève
ADIT : 42296

Rédacteur :

Claire Notin, [email protected] ; Jean-Pierre Toutant, [email protected]

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