Elles sont riches, attractives et dépensent des sommes considérables pour le rester… Il est tentant de continuer à parler d’elles ! Ce sont bien entendu des sociétés pharmaceutiques dont nous voulons parler une nouvelle fois. La concentration du secteur et la réorganisation de recherche pharmaceutique, les deux mouvements que nous décrivions dans l’édition N°144 du BE, se doublent d’un autre changement qui a trait au mode de collaboration scientifique et technologique de la pharmacie.
Les grandes sociétés pharmaceutiques américaines amorcent actuellement un spectaculaire virage en direction des universités pour y développer d’ingénieuses alliances où les deux parties semblent y trouver leur compte. Les premières parce qu’elles partagent des ressources de façon coordonnée avec les établissements universitaires. Les secondes car elles parviennent à développer des relations plus denses et plus pérennes. A l’instar du Prof. Laurie H. Glimcher (Harvard Medical School) qui travaille avec Merck sur le traitement de l’ostéoporose ou du Prof. Rudolph L. Leibel (centre de recherche sur le diabète, université de Columbia) qui est associé à AstraZeneca pour des travaux sur les maladies métaboliques. Ce qui distingue ces partenariats des simples contrats de recherche, c’est une étroite collaboration, sur une base journalière, entre les chercheurs de l’université et de l’industrie. Ainsi Merck aide l’équipe universitaire à assembler des gammes étendues d’expression génique et à identifier de nouvelles approches de signalisation cellulaire. Chez AstraZeneca, c’est l’Université qui fait la proposition de sujets à l’industriel avant que ce dernier définisse avec elle les modalités de mise en oeuvre. Dans la pratique, le projet sur l’obésité porté par le Prof. Leibel se déroule de façon harmonieuse entre les deux laboratoires.
A Saint-Louis (Université de Washington), Pfizer va plus loin. Après 20 ans de collaboration, la société a fait évoluer son partenariat vers une sorte de co-entreprise ("joint-venture") où les chercheurs universitaires proposent des sujets évalués par des pairs de l’entreprise et de l’Université et mis en oeuvre conjointement. On est décidément loin du schéma antérieur qui voulait que l’industriel n’était pas impliqué dans la réalisation du projet et pour lequel le laboratoire universitaire jouait le rôle d’exécutant.
Derrière ce mouvement, fait de complémentarités entre les partenaires – l’expertise des cibles thérapeutiques sont aux universités alors que les industriels possèdent les banques de composés-, est la nécessité de faire face aux défis de l’explosion des coûts de R&D (en moyenne 800 millions de dollars par médicaments) tout en introduisant davantage de certitudes dans l’issue des recherches engagées.
Source :
"Seeking closer ties, drug companies and universities shake up the model for research alliances", Lisa M Jarvis, Chemical and Engineering News, 10/11/08 – https://pubs.acs.org/cen/coverstory/86/8645cover.html
Pour en savoir plus, contacts :
https://www.pfizer.com/research/rd_locations/st_louis.jsp
Code brève
ADIT : 56893
Rédacteur :
Antoine Mynard, [email protected] – Avec le concours de Nicolas J. Cabaton (Université de Tufts, Boston)