La crise, les entrepreneurs et l’investissement

De nombreux rapports et articles américains en font état : l’entrepreneuriat est un des remède de sortie de crise. Générateur de richesses et d’emploi, il est également associé à une image positive ainsi qu’à des valeurs d’autonomie, d’adaptabilité et d’ingéniosité. Il est aussi perçu comme un moyen de remotiver les travailleurs américains tout en leur offrant des perspectives. Mais la seule promotion de l’entrepreneuriat ne suffit pas et de nombreux spécialistes en appellent désormais à un coup de pouce de l’état fédéral.

Ces dernières semaines, et alors que le plan de relance est en cours de mise en oeuvre, la presse spécialisée tourne autour des mêmes sujets que sont la sortie de crise, l’innovation, l’entrepreneuriat et le rôle (insuffisant) du Gouvernement fédéral. L’impression générale qui se dégage du propos ambiant n’est pas tant qu’il faut une nouvelle politique ou une réforme[1] mais que l’économie a besoin d’investisseurs et, pour tout dire, de croire en son avenir.

Soutenir les activités entrepreneuriales n’est, en effet, pas seulement lié au taux de chômage qui commence à être critique (9,5% en juin 2009) mais aussi à la relance de toute l’économie de l’investissement. De ce point de vue, la diminution des financements venant du capital risque est une source de préoccupation majeure. Les raisons de cette situation sont variées mais essentiellement conjoncturelles et financières. Certains y voient la conséquence de la montée en puissance de certains pays émergents. En effet, les opportunités d’investissement en hautes technologies y sont sans doute plus attractives et les sociétés de capital risque peuvent être tentées de se tourner vers ces marchés.

En matière d’action, les Etats-Unis ont bien compris l’intérêt de faciliter les investissements dans des technologies stratégiques comme les énergies propres ou l’amélioration du système de santé. C’est ainsi qu’un projet de "green bank" est actuellement en examen au congrès[2]. L’idée est de créer une organisation, détenue et gérée par le gouvernement américain destinée à investir dans le développement de technologies propres. Cette banque aurait un capital initial du gouvernement fédéral et serait chargée de lever des fonds privés pour alimenter l’économie des énergies propres. Elle viendrait en support au projet du président de transformer 20% du parc énergétique américain qui permettrait la création d’un million d’emplois "verts".

Cette initiative semble répondre aux besoins de relance économique par l’incitation à l’investissement mais ne concerne qu’un domaine technologique et ne remplit pas son rôle de promotion et facilitation de l’entrepreneuriat.

Il existe pourtant des idées assez simples qui répondent à ces exigences. A titre d’exemple, le directeur d’une société touchée de plein fouet par la crise a empoché son bonus pour créer un fonds entrepreneurial à destination des employés qui avaient perdu leur travail. Celui-ci a permis de créer plusieurs entreprises et, fort de son efficacité, a voulu voir plus grand, lever des fonds extérieurs pour faire grossir son propre fonds. Le problème a été qu’aucun financeur n’a voulu investir car ce fonds n’avait pas d’historique garant de sa bonne santé.

Cette situation reflète bien le problème inextricable de l’investissement dans le risque. En périodes incertaines, on se réfugie dans des valeurs sûres, qui ne sont pas forcement les plus génératrices de richesses, encore moins d’emplois. C’est pourquoi, la solution souvent évoquée serait de développer des financements fondés sur des partenariats publics-privés, une découverte aux Etats-Unis. Basés sur le modèle des SBIR mais beaucoup plus axé sur la prise de risque, de tels financements permettraient également de financer des entreprises déjà établies, ce qui est actuellement impossible avec des fonds fédéraux.

En conclusion l’auteur rappelle l’importance de la réflexion sur l’avenir des Etats-Unis, au-delà de la crise. Celui-ci passera par l’entrepreneuriat certes mais l’état aura deux grandes fonctions à remplir :
– Faire la promotion de cette activité
– S’assurer de l’augmentation des investissements en capital et de leur utilisation pour financer la prise de risque essentielle au leadership américain.

Source :

"Congress must create some entrepreneurial opportunities in crisis", Norman Ornstein, Roll Call, 29/06/09: https://www.rollcall.com/issues/54_153/ornstein/36320-1.html

Pour en savoir plus, contacts :

– "Emerging markets such as Brazil, Russia, India and China attract investors", Mark Davis, Kansas City Star, 03/07/09 – https://www.kansascity.com/business/story/1304787.html
– [1] Voir à ce sujet la note de la MS&T portant sur les tendances récentes de l’innovation aux Etats-Unis (avril 2009): https://www.bulletins-electroniques.com/rapports/2009/smm09_032.htm
– [2] Proposition de Chris Van Hollen – https://vanhollen.house.gov/HoR/MD08/Newsroom/Press+Release+by+Date/2009/3-24-09+Van+Hollen+Introduces+the+Green+Bank+Act+of+2009.htm
Code brève
ADIT : 60021

Rédacteur :

Aline Charpentier, [email protected]

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