Hépatite C : un essai clinique remet en cause le traitement de patients non répondeurs

Le virus de l’hépatite C touche 4 millions de personnes aux Etats-Unis et plus de 100 millions de personnes dans le monde. L’hépatite [1] fait partie, avec l’abus d’alcool, des principales causes de maladie chronique du foie, et conduit à environ 1000 transplantations du foie par an aux Etats-unis.

Actuellement, le traitement des patients atteints d’hépatite C est une bithérapie associant de l’interféron pégylé (peginterféron) avec de la ribavirine. Malheureusement, ce traitement qui dure de 6 mois à un an, n’élimine complètement le virus que chez 50% des patients. Chez les patients qui n’ont pas de réponse anti-virale prolongée (patients non répondeurs), l’interféron seul est prescrit pour une plus longue durée. C’est un traitement d’attente qui a pour but de ralentir l’évolution de la maladie, de maintenir ou de freiner la fibrose, de prévenir l’apparition et l’aggravation de la cirrhose [2] et de diminuer l’incidence de l’apparition de carcinome hépatocellulaire (CHC) [3].

Un essai clinique [4], financé par les National Institutes of Health (NIH) en collaboration avec le laboratoire Hoffmann-La Roche, s’est intéressé aux effets à long terme du traitement par peginterféron alpha 2a chez des patients atteints d’hépatite C non répondeurs à un traitement par interféron seul ou par bithérapie. Sur 1050 patients recrutés dans plus d’une dizaine de centres aux Etats-Unis, la moitié seulement a reçu du peginterféron pendant trois ans et demi. Les chercheurs ont étudié la survenue de complications telles qu’un décès, un CHC, une augmentation de la fibrose ou une décompensation hépatique pour évaluer la progression de la maladie. Les résultats de l’étude, rapportés le 4 décembre dans le New England Journal of Medicine [5], montrent que le traitement par peginterféron n’empêche pas la maladie de progresser, bien qu’il permette une diminution de la charge virale, de l’inflammation du foie, et une baisse des taux d’enzymes hépatiques.

Selon le Dr. Adrian M. Di Bisceglie, professeur de médecine interne à Saint Louis University School of Medicine et responsable de l’essai, il faut examiner de plus près les mécanismes qui interviennent dans la thérapie d’entretien chez les patients non répondeurs. Ces patients ne devraient pas recevoir d’interféron comme traitement d’entretien de leur hépatite C chronique. Le Dr. James Everhart, manager du projet dans la Division of Digestive Diseases and Nutrition du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK), ajoute que ces découvertes devraient inciter à développer de nouveaux médicaments anti-viraux pour les patients atteints d’hépatite C graves. Les données cliniques recueillies dans cet essai permettront par contre de mieux identifier les traitements à même de retarder et prévenir les lésions du foie chez les patients atteints de d’une hépatite à un stade avancé.

[1] L’hépatite (du grec hépar: foie) désigne toute inflammation aiguë ou chronique du foie. Les formes les plus connues étant les formes virales (notées de A à G) et alcoolique. Mais l’hépatite peut aussi être due à certains médicaments. L’hépatite est dite aiguë lors du contact de l’organisme avec le virus et chronique lorsqu’elle persiste au-delà de 6 mois après le début de l’infection. L’hépatite peut évoluer ou non vers une forme grave ou fulminante, une cirrhose ou un cancer.

[2] La cirrhose est une maladie chronique du foie dans laquelle l’architecture hépatique est bouleversée de manière diffuse par une destruction des cellules du foie (hépatocytes), suivie de lésions de fibrose alternant avec des plages de régénération cellulaire qui ne respectent plus l’organisation initiale lobulaire.

[3] Le carcinome hépatocellulaire (CHC) ou hépatocarcinome, est un cancer primitif du foie. Il survient presque toujours sur une maladie hépatique préexistante, exceptionnellement sur un foie sain : cirrhose dans plus de 90% des cas et plus rarement hépatopathie chronique non cirrhotique, le plus souvent virale (hépatite B ou C chronique).

Source :

– [4] "Hepatitis C Antiviral Long-Term Treatment Against Cirrhosis (HALT-C)" – https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00006164
– [5] "Prolonged therapy of advanced chronic hepatitis C with low-dose peginterferon" – New England Journal of Medicine – Di Bisceglie AM et al.- 04/12/2008, 359(23), pages 2429 à 2441 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19052125
– "Hepatitis C Treatment Reduces the Virus but Liver Damage Continues", NIH News – Leslie Curtis – 04/12/08 – https://www.nih.gov/news/health/dec2008/niddk-04.htm
– "L’hépatite"- Wikipédia – https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9patite
– "Le carcinome hépatocellulaire" – Wikipédia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Carcinome_h%C3%A9patocellulaire

Pour en savoir plus, contacts :

– "A Report of the Liver Disease Subcommittee of the Digestive Diseases Interagency Coordinating Committee" – U.S. Department of Health and Human Services, National Institutes of Health – Décembre 2004 – NIH Publication No. 045491 – https://www2.niddk.nih.gov/AboutNIDDK/ResearchAndPlanning/Liver_Disease/Action_Plan_For_Liver_Disease_Intro.htm
– "Hépatite C. Comment traiter un non répondeur ?" – Patrick MARCELLIN – Journées d’hépatologie de l’hôpital Beaujon – 07/01/2006 – https://hepatoweb.com/congres/beaujon2006/hepatobeaujon2006/MARCELLIN.pdf
Code brève
ADIT : 57001

Rédacteur :

Alexandre Touvat ([email protected])

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