La génération d’innovations technologiques, en particulier de technologies de rupture, correspond à l’aboutissement d’un processus assez complexe qui nécessite des compétences à la fois pointues et complémentaires ainsi qu’une certaine réactivité.
C’est pourquoi il est communément admis que les petites organisations comme les jeunes pousses, sont souvent en meilleure position que les grands groupes pour se lancer dans des activités innovantes. La souplesse organisationnelle et l’agilité managériale que l’on observe dans ces jeunes sociétés créent des conditions propices à l’innovation. Ce fonctionnement autorise également une plus grande prise de risque. De leur côté, les grands groupes sont assez frileux quand il s’agit de prendre des risques financiers et technologiques. Ils sous-traitent bien souvent ces activités à de jeunes pousses de leur secteur. Ceci est particulièrement vrai dans les domaines des sciences de la vie où les enjeux financiers sont majeurs. Ainsi, pour des raisons de coûts, les grands groupes pharmaceutiques ne se lancent généralement pas dans des aventures scientifiques car elles sont déjà soumises à des activités de recherche coûteuses et à haut risque ; un projet qui échoue dans les phases tardives d’essais cliniques peut également remettre en cause des pans entiers d’activités de recherche d’une société pharmaceutique. En revanche, une jeune pousse qui échoue dans ces mêmes phases peut plus facilement se redresser. Elle n’aura finalement perdu que l’investissement de sociétés de capital risque dont le métier est précisément le financement de ces risques élevés.
En matière d’innovation, les "start-ups" restent aux Etats-Unis le modèle d’entreprise le plus emblématique. Alors que la crise économique se poursuit et que la nouvelle Administration favorise la recherche, on note un regain d’intérêt des grands groupes pour la notion d’innovation, en interne mais aussi vis-à-vis de partenaires extérieurs.
Le contexte actuel exacerbe la concurrence. Elle incite aussi les entreprises à tenter de sortir leur épingle du jeu en jouant la carte de l’investissement, particulièrement dans l’innovation. Ceci se vérifie d’autant plus que la crise n’est pas éternelle et qu’elle va contribuer à modifier les positions concurrentielles des uns et des autres. Lors du redémarrage de l’économie, les entreprises qui auront misé sur les bonnes technologies, auront une meilleure position économique ou seront mieux à même d’aborder de nouveaux marchés.
Un autre élément incite les grands groupes à s’investir dans l’innovation. Il s’agit des grands défis technologiques de sortie de crise présentés par l’administration Obama. En effet, ces grands défis technologiques pour lesquels le gouvernement appelle à plus d’innovations relèvent de grands programmes liés à des thématiques complexes que des start-ups auront du mal à aborder en ordre dispersé. On pense bien entendu aux défis en matière de santé et d’énergie qui réclament d’importants moyens et de grands programmes. Déjà, dans le cadre du plan de relance, la nouvelle Administration a mis sur la table du Département de l’énergie environ 39 milliards de dollars à dépenser d’ici un peu plus d’un an.
C’est ainsi que l’on voit des sociétés telles que General Electric se positionner agressivement sur la recherche en énergies renouvelables. Au travers de son plan "ecomagination", l’entreprise s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à investir dans la recherche sur les nouvelles énergies en interne ou sous forme de capital risque pour le financement de jeunes pousses. L’année dernière, General Electric déclare avoir dépensé 1,4 milliard de dollars dans la recherche en énergies renouvelables contre 700 millions en 2004. L’initiative "ecomagination" lui aurait rapporté 17 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2008.
Au total, il semble que la crise soit en train de d’imposer aux grandes organisations américaines une vision à plus long terme des enjeux de l’innovation. Les acteurs économiques se placent dans des objectifs plus structurés mais moins immédiats. Cela ne remet en aucun cas en question le modèle de la "start-up" mais signifie simplement que celles-ci vont progressivement davantage interagir avec toutes les parties prenantes de leurs secteurs d’activité. On voit par exemple émerger des réseaux de collaborations pluridisciplinaires où la performance en matière d’innovation ne se mesurera plus à quelques bons coups isolés mais bien à la capacité des grands groupes à savoir connecter et animer un réseau d’acteurs académiques et bien entendu de "start-ups".
Source :
"Who Says Innovation Belongs to the Small?" Joyce Dopkeen, The New York Times, 23/05/09 – https://www.nytimes.com/2009/05/24/business/24unboxed.html?_r=2&ref=business
Pour en savoir plus, contacts :
– https://www.claytonchristensen.com/disruptive_innovation.html
– "Top 5 Takeaways on Innovation and Entrepreneurship from Tim Draper of DFJ", Gregory T Huang, XConomy, 27/05/09 – https://www.xconomy.com/seattle/2009/05/27/top-5-takeaways-on-innovation-and-entrepreneurship-from-tim-draper-of-dfj/
– GE Ecomagination – https://ge.ecomagination.com/
Code brève
ADIT : 59393
Rédacteur :
Aline Charpentier, [email protected]