Après les clubs de sport, les grandes institutions culturelles et autres bénéficiaires des systèmes de donation ou de mécénat américains, c’est au tour des jeunes pousses, des créateurs d’entreprises de haute technologie et des entrepreneurs technologiques de s’inquiéter des conséquences de la tourmente financière.
Deux raisons sont liées à ce sentiment que l’année 2009 est déjà à oublier et qu’il faut désormais se régler sur 2010 en préparant ses projets en conséquence. Tout d’abord les sources de financement sont appelées à se restreindre, le besoin de liquidités étant la préoccupation première de l’ensemble de la chaîne de financement. Pour une longue période, on s’attend à ce que l’accès et les conditions d’emprunt se compliquent, surtout dans le cadre du plan proposé par l’exécutif au Congrès, tantôt appelé plan de "redressement" ou de "sauvetage". Pour les candidats en phase de tour de table, un plan fédéral d’une telle ampleur ne sera pas sans contreparties, ni sans obligations surtout si le contribuable est appelé à la rescousse. Déjà avant la faillite de Lehman Brothers et le rachat de Merrill Lynch & Co., ce sont quelque 130 jeunes pousses, dont 8 au Massachussetts, qui ont retiré leur IPO (offres publiques d’achat). Au total, tous les acteurs de la chaîne de l’innovation s’attendent donc à un recul économique qui ne favorise nullement l’éclosion de l’innovation. Sans parler des conséquences sur l’emploi. Dans une récente enquête conduite par KPMG auprès de sociétés de capital risque, 69% des répondants ont indiqué que le pays se dirigeait vers une récession.
Peut-être plus inquiétant est le fait que la prise de risque dans la chaîne de l’innovation va considérablement diminuer au cours des prochains mois. Les investisseurs spécialisés dans les technologies innovantes, qui, dans la pratique, consacrent entre 10% à 15% de leur portefeuille dans des projets jugés risqués, vont bien entendu jouer la prudence au cours des prochains mois et appuyer leurs décisions sur des dossiers solides liés à des risques plus faibles. Selon la même enquête de KPMG, 26% des sociétés de capital risque interrogées n’attendent pas de retour à la normale des marchés avant une bonne année. Cela signifie que les volumes de capitaux risqueurs, soit environ 30 milliards de dollars en 2007 aux Etats-Unis, est appelé à diminuer globalement, même si l’on pourra observer de la croissance dans des niches de marché (technologies vertes, certaines biotechnologies et Internet) ou des niches géographiques.
Concrètement, tous les porteurs de projets s’interrogent moins sur l’ampleur de la crise que sur sa durée. Certains experts, à l’instar de Bill Warner de la société Avid Technology, voient des raisons d’espérer une situation transitoire et même une source d’une sortie de crise car, ce sont les jeunes entreprises qui font la croissance de demain. En clair, la crise actuelle ne peut, à terme, que conduire les investisseurs à se tourner à nouveau vers elles pour y trouver de nouvelles idées et opportunités d’affaires. A suivre !
Source :
– "Mass. high-tech start-ups brace for spending freeze after Wall St. Woes", Robert Weisman, 17/09/08, Boston Globe – https://www.boston.com/business/technology/articles/2008/09/17/mass_high_tech_start_ups_brace_for_spending_freeze_after_wall_st_woes/
– "Venture Capitalists: U.S. Recession and Unstable Markets Will Slow Investing and…", 16/04/08, Reuters – https://www.reuters.com/article/pressRelease/idUS140701+16-Apr-2008+PRN20080416
Rédacteur :
Antoine Mynard, [email protected]