Dans une période de forte contraction des activités de capital risque dans les jeunes entreprises en phase de démarrage, les experts américains de l’innovation s’interrogent sur la pertinence du modèle traditionnel d’investissement par le capital risque. Ils tentent également d’évaluer les solutions de rechange que le marché fait émerger. Nous avons déjà évoqué certaines d’entre elles (voir BE Etats-Unis 170 [1]) mais ce n’est sans doute qu’un échantillon tant le monde de l’innovation américain est inventif, réactif et protéiforme. Une illustration de cette réalité nous est donnée par la société University Funds (UFunds), qui constitue une approche innovante du financement et de l’accompagnement de la création d’entreprises technologiques.
Créée en mai 2009 dans l’état de Washington, UFunds est une entreprise qui fournit à la fois une expertise en entrepreneuriat et le soutien d’un incubateur traditionnel doté d’un fonds de capital risque en propre. Le but est de faciliter la commercialisation des innovations développées par les universités publiques ou privées. L’entreprise cible les technologies à fort potentiel dans les domaines des sciences de la vie, des soins médicaux, des sciences animales et végétales et des technologies propres ainsi que des applications logicielles liées à ces domaines.
Pour les 8 bureaux de transfert de technologie d’universités de plusieurs états auxquels est associé UFunds, le modèle est particulièrement intéressant. Il apporte en effet aux entreprises non seulement des capacités de financement, mais aussi une équipe de d’experts avertie, formée de scientifiques, de consultants juridiques et d’entrepreneurs. C’est précisément cet apport de compétences personnalisé qui peut faire défaut aux équipes de gestionnaires que mettent en place les sociétés de capital risque une fois la décision prise de financer la jeune entreprise.
Les deux créateurs de UFunds, qui sont d’anciens experts des plans d’affaires pour le compte de l’université de l’Etat du Washington, se sont lancés dans la création de cette entreprise dans la perspective de répondre à un besoin économique. Avec leur projet, ils souhaitent également tirer profit des projets récompensés par les concours de plans d’affaires mais laissés en plans et tombés dans l’oubli, faute de capital suffisant.
UFunds s’intéresse aux technologies ayant un marché potentiel d’une valeur minimum de 100 millions de dollars avec un temps d’accès au marché inférieur à trois ans. Les produits associés aux technologies doivent avoir passé l’étape de la preuve de concept ou être en mesure de le faire dans les 12 mois qui viennent. Lorsque le fonds identifie des technologies brevetées issues des universités qui répondent à ces critères, il forme alors une équipe de conseillers scientifiques et de gestionnaires pour définir et mettre en oeuvre la stratégie de la start-up naissante. C’est dans ce contexte que UFunds a tissé des relations partenariales avec plusieurs bureaux de transfert de technologie (TTO). En trois mois d’existence, l’entreprise a déjà signé 8 mémoires de bonne entente (MoU) avec des universités de l’ouest américain. Les cibles privilégiées sont les universités américaines de deuxième rang, dont les TTO, faute de ressources suffisantes, ne peuvent apporter aux projets issus de la recherche l’accompagnement stratégique qu’ils méritent.
UFunds pallie également le manque d’expertise entrepreneuriale et la difficulté d’accès aux financements des universités plus modestes, qui, à la différence d’établissements comme le MIT ou Stanford, n’ont pas de centre d’entrepreneuriat ou d’incubateur dédié. Les TTO apprécient également le fait que, contrairement aux VC qui demandent à l’inventeur de la technologie de prendre d’importantes responsabilités au sein de l’entreprise (CEO ou CTO), UFunds et son équipe laissent le libre choix de son implication au chercheur. Ceci constitue un argument auquel les universités sont sensibles. Elles sont en effet parfois tiraillées entre la nécessité de valoriser la production scientifique et la crainte d’être privées d’une partie de leurs ressources académiques.
Source :
University Funds offers new VC model to commercialize technology, Technology Transfer Tactics, July 2009.
Pour en savoir plus, contacts :
[1] "Passer le cap de la crise grâce à l’innovation financière", BE Etats-Unis 170, 19/06/2009, https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59595.htm
Code brève
ADIT : 60442
Rédacteur :
Yann Le Beux, [email protected]