Ecologie : le potentiel invasif des espèces reste difficile à prédire

Alors que les problématiques environnementales liées aux espèces invasives prennent de plus en plus d’ampleur aux Etats-Unis, notamment en raison des dégâts occasionnés sur les espaces boisés des rocheuses et des Appalaches ([1], [2]), des chercheurs de l’université californienne UC Davis ont tenté d’évaluer avec plus de précisions les facteurs influençant la propagation d’une espèce animale. Alan Hasting (chercheur à l’université UC Davis) et Brett Melbourne (maître de conférence à l’université du Colorado) ont rendu public les résultats de leur recherche portant sur la difficulté d’évaluer le potentiel invasif d’une espèce donnée.

Si la détermination de la vitesse moyenne de dispersion d’espèces invasives a fait l’objet de nombreuses études, peu de recherches portent actuellement sur l’évaluation du potentiel invasif d’espèces données. Publiés dans la revue Science du 18 septembre 2009 et financés par la "National Science Foundation" [3], ces récents travaux soulignent la difficulté de prédire les comportements malgré la prise en compte d’incertitudes telles que la variabilité environnementale, démographique ou génétique.

Deux méthodes existent actuellement pour déterminer le potentiel invasif d’une espèce et tenter d’anticiper les invasions. La première consiste à faire appel à la modélisation en évaluant les paramètres d’entrée. La seconde vise à extrapoler les résultats obtenus à partir d’observations et de données de terrain. Les chercheurs ont utilisé ces deux outils pour évaluer le degré d’incertitude du potentiel invasif du coléoptère "Tribolium Castaneum". Recréant 30 écosystèmes d’accueil identiques, ils ont étudié les déplacements et comportements de 600 coléoptères sur 13 générations. Ces expériences de laboratoire, couplées à un modèle mathématique, ont mis en évidence un degré de déplacement différent selon les générations, certaines se déplaçant sur l’ensemble du terrain d’étude alors que d’autres se contentaient d’occuper le tiers de l’espace.

Ces résultats soulignent donc la difficulté de cataloguer l’ensemble des facteurs influençant le comportement invasif d’une espèce. En effet, la variabilité intrinsèque à chaque espèce aurait une influence non négligeable sur sa propagation dans un écosystème d’accueil.

Source :

– Bugs In Boxes Show Difficulty Of Predicting Invaders’ Progress, 18/09/2009 – ScienceDaily : https://www.sciencedaily.com/releases/2009/09/090918153121.htm
– Invasive Species on the March: Variable Rates of Spread Set Current Limits to Predictability, 17/09/2009 – National Science Foundation : https://www.nsf.gov/news/news_summ.jsp?cntn_id=115597&org=OLPA&from=news
– Highly Variable Spread Rates in Replicated Biological Invasions: Fundamental Limits to Predictability, 18/09/2009 – Science. https://dx.doi.org/10.1126/science.1176138

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] BE Etats-Unis 136, 03/10/2008 – "Le scarabée : acteur du réchauffement climatique" : https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56165.htm
– [2] BE Etats-Unis 142 , 14/11/2008 – "Les forêts du Nord Est américain menacées par un coléoptère asiatique" : https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56659.htm
– [3] BE Etats-Unis 177, 18/09/2009 – La NSF souligne la nécessité d’accroître les recherches interdisciplinaires pour lutter contre le changement climatique : https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60531.htm
Code brève
ADIT : 60623

Rédacteur :

Agathe Dumas, [email protected]

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