Doctorats aux Etats-Unis : le rêve américain est encore bien présent !

Selon un rapport commandé par six agences fédérales et publié par la NSF, 48 802 doctorats ont été décernés par des établissements d’enseignement supérieur américains en 2008. Il s’agit de la sixième année consécutive d’augmentation (+1,4% par rapport à 2007). Sur la période 1998-2008, on note une progression globale de 14,5%. Néanmoins, cette tendance générale masque des évolutions contrastées. On distingue trois grandes forces motrices de ces résultats structurellement en hausse: le domaine des sciences et techniques (i), l’afflux de non-résidents permanents ou "étrangers" (ii), la féminisation des études doctorales (iii).

Le domaine des sciences et techniques continue sa progression

Sans surprise, le secteur des sciences et de l’ingénierie pèse fortement dans la balance. Celui-ci a augmenté de 3% par rapport à 2007 et de 20% au cours des 11 dernières années. Il a ainsi atteint 32.827 doctorats décernés en 2008 soit deux tiers du total. Par opposition, les sciences de l’homme ont diminué de 2% dont 12% pour la composante "sciences humaines" [1].

Les deux graphiques ci-dessous présentent l’évolution du nombre de doctorats attribués de 1998 à 2008 tant pour le domaine des S&T que pour celui des sciences de l’homme en distinguant les sous catégories -disciplines- identifiées par les auteurs du rapport.


Cet accroissement tiré par la S&T a été rendu possible grâce à l’attraction constante des meilleurs cerveaux du monde entier.

Le maintien de l’afflux d’étrangers nourrit l’effort de recherche au niveau doctoral et soutient l’économie de la connaissance

Le nombre de doctorats attribués à des détenteurs de visas temporaires a cru de 144% entre 1988 et 2008 contre 23,6% pour les résidents permanents et citoyens américains ! Aujourd’hui, ils représentent un tiers des bénéficiaires contre un cinquième seulement il y a 20 ans.

Malgré la tendance structurelle à la baisse des financements fédéraux de la recherche lorsqu’on les exprime à prix constants [2], les étudiants étrangers sont beaucoup plus enclins à rester à la fin de leurs études doctorales. Aux Etats-Unis, un "PhD" est un diplôme recherché qui permet une rémunération attractive. Aujourd’hui, face à une proposition d’embauche ou de post-doctorat, près de quatre cinquièmes des "étrangers" acceptent de rester aux Etats-Unis contre à peine plus de la moitié d’entre eux il y a 20 ans (78,2% en 2008 contre 59,5% en 1988).

La féminisation des études doctorales soutient sa croissance

Le nombre de femmes recevant un doctorat a augmenté de 5,7% de 2007 à 2008 contre 1,7% seulement pour les hommes. Au final, après une augmentation de 36,1% en l’espace de 5 ans, la part des femmes a atteint 39,5% des doctorats décernés en 2008. En outre, dans la part des "doctorants étrangers", la représentation féminine a explosé, multipliée par cinq au cours des vingt dernières années. Par ailleurs, au sein des doctorants "résidents permanents et citoyens américains", les hommes ont enregistré une chute nette de leurs effectifs (1%) au cours des vingt dernières années, laissant les femmes prendre la majorité (52%).

Une amélioration de la représentation des minorités

Le nombre de "citoyens américains et résidents permanents issus de minorités ethnico-raciales" devenus titulaires d’un doctorat en 2008 a fortement progressé (+10% par rapport à 2007 et +28% par rapport à 2003). Avec un total de 4.423 individus, leur représentation a atteint près d’un quart du total. Les américains d’origine asiatiques en constituent la partie la plus importante (43%) mais les hispaniques ont enregistré la plus forte croissance (+45,2% par rapport à 2003). Par ailleurs, les afro-américains sont bien représentés dans les sciences de l’homme avec 45% des doctorats attribués aux minorités raciales mais beaucoup moins dans la S&T.

La ventilation des doctorats 2008 des minorités ethnico-raciales est présentée ci-dessous.


Ainsi, en 2008, les deux tiers des doctorants étaient spécialisés en S&T, un tiers d’entre eux étaient titulaires d’un visa temporaire, et les deux cinquième de sexe féminin. Les statistiques ont rendu leur verdict: les universités de recherche américaines continuent de séduire, de plaire et de retenir. En matière de doctorats et de recherche, le rêve américain est encore bien présent…

[1] Selon la NSF, les "humanities" ou sciences humaines en français sont composées de la littérature, des langues étrangères, de l’histoire, des études théologiques, de l’art et autres.

Source :

– Number of doctorates rose slightly in 2008,in summary of delayed NSF report, David Glenn, The Chronicle of Higher Education
– Numbers of U.S. Doctorates Awarded Rise for Sixth Year, but Growth Slower: https://www.nsf.gov/statistics/infbrief/nsf10308/
-[2] voir la brève intitulée "Budget fédéral 2010 de R&D : hausse à prix courants, baisse à prix constants", Johan Delory – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/61023.htm

Pour en savoir plus, contacts :

Rapport de la NSF: US doctorates in the 20th century : https://www.nsf.gov/statistics/nsf06319/
Code brève
ADIT : 61372

Rédacteur :

Johan Delory, universites-vi.ambafrance-us.org

Partager

Derniers articles dans la thématique