Des composés organiques et synthétiques présents dans l’eau potable aux Etats-Unis

Greg Delzer, scientifique en charge des études à l’United States Geological Survey (USGS), a communiqué vendredi dernier les résultats de ses travaux portant sur l’analyse des composés organiques et synthétiques présents dans les eaux de surface utilisées pour l’alimentation en eau potable. D’après ces analyses, certains produits organiques et synthétiques persisteraient dans le système d’alimentation en eau potable et ceci malgré le traitement de l’eau. En effet, deux tiers des polluants synthétiques mesurés en sortie de station d’épuration seraient déjà détectables à de faibles concentrations dans les rivières.

Cette étude, ayant pour but de contrôler la qualité de l’eau potable provenant de sources de surface, analyse la composition d’échantillons d’eau prélevés à la source (dans les rivières) et après traitement (avant le système de distribution). Les sites de prélèvement consistent en neuf bassins versants, chacun drainé par une rivière (White River en Indiana, Potomac river dans le Maryland, Elm Fork Trinity au Texas, Neuse en Caroline du nord, Chattahoochee en Géorgie, Running Gutter Brook dans le Massachusetts, Clackamas en Oregon, Truckee au Nevada et Cache La Poudre dans le Colorado).

Plus de 260 polluants tels que les pesticides, les solvants ou encore les traces d’hydrocarbures ont été mesurés. Tous les polluants ne pouvant être analysés, les composés synthétiques et organiques testés ont été choisis de façon à représenter le plus grand nombre. Ces mesures, n’excédant pas l’ordre du ppb (partie par milliard) pour les deux tiers des polluants, ont été rendues possibles grâce à de récentes avancées technologiques dans le domaine des appareils de mesure. Les nouveaux produits synthétiques comme les hormones ou les produits pharmaceutiques n’ont pas été inclus dans ces travaux.

Selon Tom Jacobus, directeur de Washington Aqueduct, société responsable de l’alimentation en eau potable d’un million de personnes, ces résultats ne sont pas surprenants étant donné l’absence de règlementation pour la majeure partie des composés synthétiques retrouvés après traitement. En effet, aucune norme n’existe concernant leur concentration admissible dans l’eau potable, les concentrations mesurées par l’USGS étant 100 à 1000 fois plus faibles que les valeurs susceptibles d’être toxiques pour l’espèce humaine. Si ces concentrations sont bien trop faibles pour avoir des répercussions en termes de santé humaine, l’exposition récurrente à un mélange de polluants pourrait néanmoins présenter une toxicité moyenne non négligeable. A ce sujet, 21 études additionnelles sur les eaux de surface sont programmées d’ici 2013 afin d’évaluer avec plus de certitude l’impact des pollutions de surface sur la santé publique (écosystème et espèce humaine).

Ces travaux soulignent ainsi l’importance de mettre en place un contrôle continu des eaux de surface, celles-ci reflétant la qualité de l’eau potable. Si ces études ont mis en évidence un lien entre l’utilisation des sols et les mélanges de polluants obtenus, cette logique ne semble cependant pas s’appliquer au milieu urbain. De plus amples études seront nécessaires pour caractériser avec précisions les liens existants entre les pollutions de surface et leurs répercussions sur la qualité de l’eau potable.

Source :

– Conférence du 5 Décembre 2008 à la Cannon House Office Building (Washington DC). Low Level Organic chemicals in rivers and streams : implications for drinking water
– Source Water Quality Assessment : https://water.usgs.gov/nawqa/swqa/

Pour en savoir plus, contacts :

Le site de Washington Aqueduct: https://washingtonaqueduct.nab.usace.army.mil/
Code brève
ADIT : 56997

Rédacteur :

Agathe Dumas ([email protected])

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