Conférence sur la décarbonation des transports à San Francisco, septembre 2022

Le 22 septembre 2022 était organisé le premier événement de la série Climate Tech Conferences, un partenariat entre le Consulat général de France à San Francisco et le BNP Paribas C.Lab Americas, pour échanger sur la décarbonation des transports. Le transport est la plus grande source directe d'émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis (27%) et en France (30%). Cet échange a permis d’ouvrir le débat sur la transition de l’industrie automobile vers les véhicules électriques et hydrogènes, et les efforts qui restent à réaliser en termes d’accompagnement des acteurs privés par les pouvoirs publics afin d’être en conformité avec les objectifs de l’Accord de Paris. Cet événement était le premier d’une série de conférences visant à explorer le rôle de l’innovation technologique face aux défis du changement climatique. La prochaine conférence devrait se tenir à San Francisco début 2023.
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Depuis 2016, le transport est la plus grande source directe d’émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis. 

À l’automne 2020, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, avait signé un décret exigeant que toutes les ventes de véhicules neufs soient des “Zero-Emissions Vehicle (ZEVs)” d’ici 2035, et apportant un financement de 3,9 milliards de dollars pour accélérer la transition vers les véhicules électriques. 

Pour parvenir à ces objectifs, l’accent a été porté sur l’importance de soutenir un effort commun entre les acteurs publics et privés. Alors que ceux-ci étaient jusqu’à présent majoritairement indépendants, il devient essentiel d’ouvrir un dialogue commun pour créer les infrastructures nécessaires et assurer une continuité des services publics/privés, et ainsi favoriser l’adoption par tous. 

La discussion, animée par Matthieu Soulé, responsable de BNP Paribas C.Lab Americas, a permis aux intervenants de discuter de la manière dont l’industrie automobile et les pouvoirs publics doivent accélérer la transition vers les véhicules électriques : 

  • Apoorv Bhargava, cofondateur et PDG de Weavegrid ;
  • Daniel Witt, directeur de l’équipe politique de Lucid Motor ;
  • Jeffrey Tumlin, directeur exécutif de la San Francisco Municipal Transportation Agency ;
  • Gonzague Romefort, directeur nouvelles mobilités chez Valeo ;
  • Ally Warson, partenaire chez UP.Partners.

Le cœur du débat portait sur l’un des principaux axes de décarbonation des transports, à savoir le développement et l’adoption à grande échelle de carburants non dérivés du pétrole, tels que le gaz naturel, les biocarburants, l’hydrogène et l’électricité. Concernant cette dernière, un point fait consensus : le passage des véhicules du thermique à l’électrique implique encore plusieurs défis à la fois au niveau des infrastructures, de la production, du stockage, de l’approvisionnement et de la gestion du réseau de distribution d’électricité. Concernant la question écologique, il faudra définir les indicateurs et d’établir les mesures qui permettront d’assurer que la production d’électricité propre ne contribue pas indirectement à l’augmentation des émissions carbones. Enfin du point de vue de l’adoption par le consommateur, la garantie d’un service fiable en continu (24h/24h et 7j/7) est un pré-requis incontournable.

Parmi les questions traitées lors du panel, celle du partage de l’espace public dans la mise en place de bornes de rechargement privées pour les véhicules électriques a suscité des échanges et soulevé des questions auxquelles il faudra répondre : Comment envisager la mise en place de bornes de rechargement publiques ? Le modèle dit « d’économie de la fonctionnalité », avec mise en place de bornes partageables, est-il viable ? A qui reviendrait la responsabilité de sa mise en place et de son application ? Et comment gérer la question des parkings dont la disponibilité est déjà limitée et le prix considérablement élevé à San Francisco, par exemple ? 

La décarbonation des transports passe aussi par l’aménagement des territoires pour favoriser les moyens de mobilité douce comme la marche, le vélo ou les transports publics. Sur ce point, Jeffrey Tumlin, directeur exécutif de la San Francisco Municipal Transportation Agency (SFMTA), souligne que San Francisco, en plus d’être la première ville des Etats-Unis à avoir abrité un système de transport public, possède le système de transport en commun le plus écologique d’Amérique du Nord. Il est également notable que des mesures incitatives sont mises en place localement par certaines compagnies de transport, comme par exemple la gratuité pour tous les mineurs. Côté français, la ville de Paris a été citée en exemple par les interlocuteurs pour la mise en place d’infrastructures favorisant la mobilité douce, tout en garantissant santé publique, sécurité, et équité en termes d’utilisation de l’espace publique. Côté San Francisco, le développement de telles solutions semble plus difficile du fait de la topographie la ville.

Dès lors, quelle est la prochaine étape pour les grandes agglomérations ? Et quelles seraient les mesures transposables et les modèles à adopter pour des agglomérations de plus petite taille ?

Les discussions sont ouvertes et invitent tous les acteurs à se positionner sur ces questions, afin d’établir des stratégies communes pour une décarbonation des transports à la fois rapide et durable. Cet événement était le premier d’une série de conférences visant à explorer le rôle de l’innovation technologique face aux défis du changement climatique. Les débats sont ouverts !

La prochaine conférence devrait se tenir à San Francisco début 2023.

 

Rédaction:

  • Emmanuelle Pauliac-Vaujour, Attachée pour la science et la technologie, San Francisco
  • Héloïse Pajot, Chargée de mission scientifique, San Francisco

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