Commerce des tailles

Une étude du California Center for Public Health Advocacy établit une liaison statistique entre l’incidence de l’obésité et du diabète d’une part et les environnements alimentaires (restaurants et commerces) d’autre part. Ce phénomène affecte de manière générale tous les communautés quelque soit leur ethnicité et leur niveau de vie, mais frappe plus intensément les communautés à faibles revenus.

L’étude se base sur les données de l’enquête de santé CHIS (California Health Interview Survey) réalisée par téléphone en 2005 auprès de 43000 adultes répartis sur tout le territoire de la Californie. Ces données ont été croisées avec un « indice de commerce de proximité » (Retail Food Environment Index, RFEI) calculé comme le quotient de (1) la somme des fast-food et des supérettes « de dépannage » (« convenience stores », souvent associés à des stations-services) et de (2) la somme des commerces de détail traditionnels (épiceries, magasins spécialisés, marchés) disponibles dans l’environnement des consommateurs étudiés. L’environnement de proximité est défini comme un rayon de 800 mètres en milieu urbain, de 1,6 kilomètres dans les petites villes et de 8 kilomètres en milieu rural.

25% des personnes interrogées étaient affectées d’un RFEI de plus de 5 ; 21% de 3 à 4,9, 26% de moins de 3. Les 28% ayant un RFEI infini (pas de commerce traditionnel à proximité) ont été écartés de l’étude statistique. Le RFEI moyen de la Californie est de 4,5. On constate que le taux de prévalence de l’obésité (IMC>30) augmente de 20% entre un RFEI<3 et un RFEI>5. L’augmentation est de 23% pour ce qui concerne le diabète. Les communautés à faibles revenus (inférieurs à 2 fois le seuil de pauvreté) ont un RFEI moyen supérieur de 20% (4,9) à celui des communautés à revenu plus élevé (4,1). Toutefois, au sein de ces deux populations, la variation relative des incidences d’obésité et de diabète en fonction du RFEI ne diffère pas sensiblement. Les données CHIS révèlent en outre que 21% des adultes californiens sont obèses et 35% supplémentaires ont une surcharge pondérale.

L’étude recommande (i) que les autorités procurent des incitations au développement des commerces traditionnels, au besoin en innovant dans les modes de distribution (marchands mobiles, agriculture de proximité), (ii) que les restaurants soient tenus à la publicité des informations nutritionnelles relatives aux aliments qu’ils distribuent, (iii) que les zonages restreignent l’installation des fast-food dans les communautés déjà exposées et enfin (iv) que les programmes fédéraux d’assistance alimentaires soient révisés de manière à garantir la consommation d’aliments sains. Ces rééquilibrages s’avèrent difficiles : il y aux Etats-Unis environ 280000 fast-foods (données 2005) et 145000 convenience stores (données 2007) contre à peine 50000 détaillants traditionnels (données de 2006).

Les programmes de secours alimentaire peuvent jouer un effet de levier important pour ces évolutions, tel le Special Supplemental Nutrition Program for Women, Infants and Children (WIC) du Département de l’Agricultue (USDA), qui s’adresse aux familles ayant un revenu inférieur à 1,85 fois le seuil de pauvreté (établi en 2008 à 21200 dollars pour une famille de 4 en moyenne sur les 48 Etats contigus et le District de Colombia). Le WIC distribue des coupons que les familles peuvent aller échanger contre de la nourriture dans des magasins agréés et exclusifs au WIC. Il est donc important, pour combattre les effets mis en évidence par l’étude de faire en sorte que ces magasins distribuent de préférence des rations alimentaires équilibrées. 8,5 millions de personnes bénéficient en 2008 du programme WIC mis en place en 1974 et dont le budget annuel en constante augmentation s’élevait en 2007 à près de 5,5 milliards de dollars.

D’après l’Economic Policy Institute de Washington, le taux de pauvreté des mineurs aux Etats-Unis était en 2006 de 21,9%. Ce taux est le plus élevé parmi 16 pays les plus développés et les politiques de redistribution publiques s’avèrent assez inefficaces (le taux « sans politiques » s’élevait à 26,6%). A titre de comparaison, les chiffres pour la France étaient de 27,7% avant interventions publiques (le plus élevé après la Nouvelle-Zélande) et de 7,5% après interventions.

Source :

The link between local food environments and obesity and diabetes, California Center for Public Health Advocacy, 29/4/2008 https://www.publichealthadvocacy.org/designedfordisease.html (documents téléchargeables)

Pour en savoir plus, contacts :

– The Special Supplemental Nutrition Program for Women, Infants and Children (WIC) de l’USDA – https://www.fns.usda.gov/WIC/
– Bénéficiaires et coûts du WIC (1974-2007) : https://www.fns.usda.gov/pd/wisummary.htm
– U.S. government does relatively little to lessen child poverty rates, Economic Policy Institute, 19/7/2006 – https://www.epi.org/content.cfm/webfeatures_snapshots_20060719
Code brève
ADIT : 54499

Rédacteur :

Philippe Jamet, AST, [email protected] – Mireille Guyader, AST, [email protected]

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