Budget fédéral 2024 : le financement de la recherche en recul pour la plupart des agences

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Chaque année les dépenses fédérales sont autorisées par le Congrès à travers douze lois de finances sectorielles (Appropriations bills). L’année fiscale 2024 a commencé le 1er octobre 2023, mais ce n’est que le 5 mars 2024 que six Appropriation bills ont été adoptés par les deux chambres du Congrès. Entre-temps, les agences fédérales ont été financées sous le régime des Continuing Resolutions, dispositions provisoires reconduisant le financement 2023 au prorata temporis, de manière à éviter l’interruption de l’activité gouvernementale (shutdown).

L’American Association for the Advancement of Science (AAAS) a détaillé les perturbations des activités de recherche des agences induites par ces recours répétés aux Continuing Resolutions : discontinuités dans les ressources humaines, multiplication des contrats courts, voire licenciements, surcoûts administratifs, gel des nouveaux projets, détournement de priorité des projets stratégiques à long terme vers des projets plus courts, publications retardées d’appels d’offres, avec pour résultat une baisse de la qualité des propositions, stratégies non optimales d’achats dans l’urgence quand les crédits sont versés [1]…

Le financement fédéral de la recherche est réparti entre plusieurs Appropriations bills. L’American Institute of Physics (AIP) et l’AAAS les ont analysés pour estimer l’évolution du financement fédéral de la recherche entre les années fiscales 2023 et 2024.

Le projet présidentiel de budget pour l’année 2024, publié par la Maison Blanche en mars 2023 [3], demandait au Congrès une augmentation de 4% pour la recherche (cf notre article dans la Newsletter d’avril 2023). Dans la version finale votée par le Congrès, le montant alloué en 2024 à la R&D (hors défense) est inchangé par rapport à 2023.

Seul le Department of Energy voit son budget de recherche augmenter (+2%), l’essentiel de l’effort portant sur la recherche sur les isotopes. La recherche sur la fusion progresse moins qu’espéré (+3.5%).

Tous les autres budgets fédéraux de recherche baissent, en particulier :

– La National Science Foundation, pour laquelle la Maison Blanche demandait une augmentation de 19%, qui voit au final son budget baisser de 8%. Ce sont surtout les actions pour promouvoir l’éducation en STEM qui sont sacrifiées (-14.5%).

– Le programme Mission Scientifique de la NASA, en baisse de 6%, la division Planetary Science (consacrée aux objets du système solaire) subissant les coupes les plus fortes (-15%)

– Le National Institute of Standards and Technology (NIST) : -8%

– Le budget de la branche recherche de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) : -4%

– Les budget de recherche de l’Environmental Protection Agency : -5%

La compétition avec la Chine figurait en bonne place dans l’argumentaire du Président Biden en appui de sa demande de budget 2024 [3] : « It outlines crucial investments to out-compete China globally« . Au final, les budgets fédéraux de recherche votés – hors Défense –  sont donc en réalité en baisse, à l’exception de celui du DoE. Incidemment le journal Nature rapporte  dans le même temps que le gouvernement chinois annonce une augmentation de 10% du financement public de la R&D en 2024 [4].

Rédacteur : Joaquim Nassar, attaché pour la science et la technologie, Washington DC

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Références :

[1]  Impacts of a Continuing Resolution, American Association for the Advancement of Science, 27 février 2024

[2] Science Agencies Cut in Final FY24 Budget, Except DOE, American Institute of Physics, 4 mars 2024

[3]  Budget of the U.S. Government FISCAL YEAR 2024,  U.S. Government Publishing Office, 2023

[4] China promises more money for science in 2024, Nature, 8 mars 2024

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