Bilan de la grippe aviaire aux Etats-Unis et réponse de l’USDA

Répartition et épidémiologie

Les premiers cas ont été identifiés en Caroline du Sud, chez des oiseaux sauvages [i]. A ce jour, la grippe aviaire a été détectée dans 41 états, oiseaux d’élevage et sauvages confondus [ii], bien que sa progression semble se ralentir dans certains états. Le Midwest est fortement touché, et particulièrement l’Iowa avec 13.4millions de volailles abattues depuis le début de l’année, bien qu’aucun nouveau cas n’ait été détecté depuis un mois dans cet état [iii].

Fig.1: Répartition de l’HPAI (Highly Pathogenic Avian Influenza) en Amérique du Nord. Source : USGS. Domaine public.

 

L’HPAI est extrêmement contagieuse, avec près de 38 millions de cas comptabilisés au total [iv], et souvent mortelle pour les volatiles touchés. Cependant, la majorité des volailles mortes depuis le début de la pandémie ont été abattues à cause d’une contamination et non pas suite à la maladie. Ces mesures ont été prises afin de limiter la propagation du virus : étant donné la forte mortalité des volailles contaminées par le virus, l’APHIS a fait le choix de prendre des mesures de précaution drastiques.

Des cas ont également été observés chez des oiseaux sauvages dans différents états. Certaines espèces, notamment des espèces migratoires et des charognards, sont particulièrement touchés. Bien que l’impact environnemental direct ne soit pas connu, ces oiseaux sauvages représentent un réservoir du virus dans lequel il est difficile, voire impossible, de contrôler la transmission. En conséquence, l’épidémie semble installée durablement aux Etats-Unis, avec des conséquences à long terme pour les éleveurs de volailles. De plus, les oiseaux sauvages et en particulier les espèces migratoires, sont des vecteurs de transmission à grande échelle, aussi bien au sein du territoire américain que dans le reste du monde [v].

 

Réponse de l’USDA et moyens mis en place

Afin de faire face à cette crise, l’agence APHIS de l’USDA (United States Department of Agriculture) a mobilisé des fonds importants. $130m ont été débloqué à la mi-mars, $263m en plus fin avril. Fin mai, le secrétaire à l’agriculture, Tom Vilsack a mobilisé $400m supplémentaires pour faire face à l’épidémie [vi] Ces fonds d’urgence ont été débloqués pour répondre rapidement à la crise et aider les agents présents sur le terrain. Ils proviennent du Commodity Credit Corporation, une société fédérale du USDA supervisée par le secrétaire à l’agriculture [vii].

Les fonds servent à couvrir les diagnostics, les activités sur le terrain et les autres coûts d’intervention d’urgence. Les actions de terrain sont principalement menées auprès des éleveurs: ces actions incluent la mise en quarantaine de volailles contaminées, l’abattage des spécimens contaminés et de ceux ayant été en contact avec, voire de l’ensemble des oiseaux de l’élevage ; ainsi que la gestion des carcasses et le nettoyage. Une autre action importante de l’APHIS permise par ces fonds est l’épidémio-surveillance.

Les fonds de l’USDA servent aussi à indemniser les éleveurs pour les volailles abattues et les œufs détruits ; ainsi que le matériel détruit car contaminé. L’agence peut aussi participer aux frais d’abattage. Cependant, les éleveurs ne sont pas indemnisés pour la baisse de chiffre d’affaire, ce qui pourrait causer une hausse importante des prix [viii] des œufs et de la volaille.

 

Transmission et risques pour l’humain

Le premier et actuellement le seul cas de transmission du virus des oiseaux à l’humain aux Etats-Unis a été signalé le 29 avril au Colorado ; c’était également le deuxième cas signalé dans le monde. Il s’agit d’un prisonnier du centre de détention de Delta County en charge d’abattre des poulets contaminés. Il n’a montré que des symptômes légers et s’est bien remis de l’infection [ix].

Bien que le risque de transmission à l’humain soit pour l’instant considéré comme faible, la situation est néanmoins suivie de près par les autorités sanitaires américaines car, en cas de mutation du virus ou d’association avec des souches grippales déjà existantes sur le territoire, la pathogénicité pour l’humain pourrait s’accroître [x].

Rédactrice : Marie Poirot, Chargée de mission scientifique, Chicago

Références :

[i]https://www.aphis.usda.gov/aphis/newsroom/stakeholder-info/sa_by_date/sa-2022/hpai-sc

[ii]https://www.usgs.gov/centers/nwhc/science/distribution-highly-pathogenic-avian-influenza-north-america-20212022

[iii] https://iowacapitaldispatch.com/briefs/state-lifts-ban-on-bird-exhibitions-at-fairs/

[iv] https://www.cdc.gov/flu/avianflu/avian-flu-summary.htm

[v]https://www.npr.org/2022/04/09/1091491202/bird-flu-2022-avian-influenza-poultry-farms#:~:text=Scientists%20believe%20that%20wild%20migratory,to%20pelicans%20to%20bald%20eagles.

[vi]https://www.aphis.usda.gov/aphis/newsroom/news/sa_by_date/sa-2022/hpai-response-additional-funding

[vii] usda.gov/ccc

[viii] https://www.ers.usda.gov/data-products/food-price-outlook/summary-findings/

[ix] https://www.npr.org/2022/04/29/1095474268/first-us-avian-flu-human-colorado

[x]https://www.npr.org/2022/04/09/1091491202/bird-flu-2022-avian-influenza-poultry-farms#:~:text=Scientists%20believe%20that%20wild%20migratory,to%20pelicans%20to%20bald%20eagles.

 

 

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