Les reliques bénéfiques d’un virus

De nombreux organismes hébergent des reliques de génomes viraux témoignant d’anciennes infections virales. Durant l’évolution des mammifères, certains virus ont infectés les cellules germinales de l’hôte et ont transféré ce matériel génétique supplémentaire à leurs descendants. En général, ces virus endogènes sont sans danger et contiennent des mutations qui préviennent les infections. Pendant longtemps ces virus intégrés ont été considérés comme des fragments d’ADN inutiles.
Une étude menée par des scientifiques du "Texas A&M University" et de l’"University of Glasgow Veterinary School" a montré l’importance d’un virus endogène durant les premiers stades du développement placentaire chez le mouton. D’après Thomas Spencer, spécialiste en biologie de la reproduction et auteur de l’étude, cette idée de virus utiles pour l’hôte avait été proposée par des scientifiques, il y a déjà une trentaine d’années. Aucune démonstration in vivo n’avait été entreprise depuis, seule une étude réalisée sur des cellules en culture avait étayé cette hypothèse.
Le travail de l’équipe de Spencer, publié dans le journal PNAS, montre que le rétrovirus endogène de Jaagsiekte (JSRV) est indispensable pour la grossesse. Pour le démontrer, les scientifiques ont utilisé une méthode d’interférence à ARN qui inhibe spécifiquement l’expression d’une protéine d’enveloppe du virus. Après traitement, la croissance du placenta est largement réduite et des cellules (cellules géantes binuclées) ne se divisent plus. Les cinq embryons traités se développent de manière anormale et la gestation s’interrompt généralement 20 jours après la fécondation.
Cependant, le virus exogène de Jaagsiekte provoque le cancer du poumon et a été notamment à l’origine de la mort de Dolly.
Pour Massimo Palmarini, virologiste de l’Université de Glasgow, cette infection a été bénéfique pour l’hôte, apportant un avantage sélectif aux animaux " équipés " du virus. Désormais ce virus est partie intégrante du génome du mouton. Actuellement, les chercheurs veulent déterminer la fonction exacte du virus afin de développer des applications pour la santé humaine et pour la production animale.

Source :

– https://sciencenow.sciencemag.org/cgi/content/full/2006/913/5
– https://www.medicalnewstoday.com/medicalnews.php?newsid=51649
– "Endogenous retroviruses regulate periimplantation placental growth and differentiation." Dunlap KA. PNAS. (en cours de publication)

Pour en savoir plus, contacts :

https://en.wikipedia.org/wiki/Jaagsiekte
Code brève
ADIT : 39176

Rédacteur :

Brice Obadia [email protected] – Hedi Haddada [email protected] – Sophia Gray [email protected]

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