L’urbanisation occulte les efforts de réduction des apports en nutriments dans la baie de Chesapeake

Le bureau de l’Inspecteur Général de l’EPA a rendu public un nouveau rapport d’évaluation sur l’action de l’Environmental Protection Agency (EPA) et de ses partenaires pour la restauration de la baie de Chesapeake, le plus grand estuaire des Etats-Unis. Ce rapport se concentre plus particulièrement sur les progrès effectués en matière de réduction de l’apport en nutriments et en sédiments des zones développées. Selon ce rapport, les efforts de l’EPA et de ses partenaires sont occultés par le développement rapide de la région.

La qualité de l’écosystème de la baie, dont le bassin versant couvre 166.000 km2, s’est nettement dégradée ces dernières décennies. Les maux dont souffre la Baie sont divers : espèces invasives, érosion, produits toxiques… Le problème principal reste cependant la charge excessive en nutriments des eaux se déversant dans la baie qui entraîne un appauvrissement des eaux en oxygène et favorise la prolifération des algues. L’origine de ces nutriments est variée : agriculture, eaux usées, déposition atmosphérique…

La catégorie hydrologique des "zones développées" (qui inclue les eaux de ruissellements des zones urbaines et des zones mixes telles les parcs et terrains de golf, ainsi que les eaux septiques) contribue à hauteur de 24% aux apports en azote dans la baie, de 30% aux apports en phosphore et de 18% aux apports en matières en suspension. En effet, les surfaces imperméables (routes, parking, toits…) empêchent la pénétration des eaux de pluie dans les sols et augmentent donc les ruissellements qui emportent avec eux nutriments et sédiments directement dans les rivières.

Les stratégies d’action de l’EPA et de ses partenaires pour lutter contre cette pollution comprennent l’amélioration de la gestion des eaux pluviales, la promotion de méthodes de développement prenant en compte les impacts sur l’environnement, l’amélioration des installations sanitaires et une réduction directe des sources. Cependant malgré des initiatives intéressantes, telle la réduction de la quantité de phosphore dans les engrais pour pelouses à usage domestique, la quantité de nutriments en provenance des zones développées continue d’augmenter du fait de la croissance urbaine. Selon le Chesapeake Bay Program Office (CBPO), les surfaces imperméables ont augmenté de 41% depuis les années 90, alors que la population a augmenté de 8%. La population du bassin devrait encore augmenter de près de 20% d’ici 2030.

A cette croissance s’ajoutent également des limitations du programme de restauration. Selon le CBPO, du fait de l’absence de limitations des apports en nutriment à l’échelle des communes, celles-ci sont moins enclines à contribuer à l’effort général en améliorant la gestion de leurs eaux de pluie et la gestion de leur croissance. Le programme souffre également d’un manque d’information sur les modèles de développement urbain et plus particulièrement d’étalement urbain. Enfin, une utilisation inefficace des outils de réglementation des eaux de pluie, un manque de formation des communes et un manque de financement portent également préjudice aux efforts de réduction des apports en nutriments des zones développées.

Le rapport recommande à l’EPA et à ses partenaires de concentrer leurs efforts sur les zones en développement, en identifiant et en promouvant les technologies permettant de limiter les apports en nutriments qui en résultent.

Il est à noter que la catégorie "zones développées et en développements" est la seule source de nutriments à ne pas progresser vers ses objectifs de réduction. Les catégories "agriculture", "stations de traitements d’eau" et "dépôts atmosphériques" ont toutes diminué de façon plus ou moins importante leurs rejets de nutriments et de sédiments dans la baie de Chesapeake.

Source :

– Development growth outpacing progress in watershed efforts to restore the Chesapeake Bay, EPA 2007:
https://www.epa.gov/oig/reports/2007/20070910-2007-P-00031.pdf
– Chesapeake Bay 2006 health and restoration assessment, Chesapeke bay Program, 2007:
https://www.chesapeakebay.net/assess/index.htm

Pour en savoir plus, contacts :

– Autres rapports du bureau de l’Inspection générale de l’EPA sur le programme de restauration de la baie de Chesapeake :
Saving the Chesapeake Bay Watershed Requires Better Coordination of Environmental and Agricultural Re

sources :

https://www.epa.gov/oig/reports/2007/20061120-2007-P-00004.pdf
EPA Relying on Existing Clean Air Act Regulations to Reduce Atmospheric Deposition to the Chesapeake Bay and its Watershed : https://www.epa.gov/oig/reports/2007/20070228-2007-P-00009.pdf
Federal Facilities in Chesapeake Bay Watershed Generally Comply with Major Clean Water Act Permits : https://www.epa.gov/oig/reports/2007/20070228-2007-P-00009.pdf

– Site web de l’EPA sur la baie de Chesapeake: https://www.epa.gov/region3/chesapeake/
Code brève
ADIT : 51109

Rédacteur :

Elodie Pasco, [email protected]

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