Visions pro et anti élevage intensif s’affrontent dans l’Indiana

En 2005 l’Indiana State Department of Agriculture (ISDA) lançait l’initiative "Possibilities unbound: the plan for 2025, Indiana agriculture strategic plan" sous l’impulsion du nouveau gouverneur de l’Etat, le républicain Mitchell Daniels. L’un des objectifs à atteindre évoqué par ce plan était de multiplier par deux la production de porcs de l’Etat d’ici 2025. Cependant l’augmentation du nombre d’installations d’élevage intensif (les CAFOs : "Concentrated Animal Feeding Operations") qui en résulte ne plaît pas à tout le monde.

Un certain nombre de nuisances accompagnent en effet le fonctionnement de ces installations : mauvaises odeurs, pollution de l’air (ammoniac, sulfure d’hydrogène…) et l’eau (bactéries, nutriments…). Une nouvelle étude sur l’impact économique de ces installations préparée par l’Office of Building Better Communities de la Ball State University, vient d’alimenter le débat lors de deux colloques locaux organisés en Juin : le Livestock Summit de l’ISDA et un colloque rassemblant les opposants de l’élevage intensif. Selon cette étude effectuée dans deux comtés de l’Indiana (Randolph County et Jay County), la production de porcs a effectivement été multipliée par 4 entre 2003 et 2007 dans le premier comté et par 2 entre 2004 et 2007 dans le second. Dans le comté de Randolph, le nombre d’emplois est passé de 335 en 2003 à 1264 en 2007, tandis que dans le comté de Jay il s’est accru de 450 à 838 entre 2004 et 2007. Les revenus pour l’Etat (impôts) ont également augmenté.

Cependant, selon des représentants du groupe Grace Factory Farm Project, un groupe militant pour l’agriculture "durable", l’étude met également en avant le peu d’impact sur l’économie locale qu’auraient ces installations d’élevages intensifs. Les installations se fournissent essentiellement en dehors de l’Etat et n’engendrent donc que peu d’activité économique dans la région. Les emplois créés sont peu nombreux et peu désirables du fait de l’exposition des travailleurs aux gaz toxiques produits dans ces installations. Selon ce groupe un certain nombre d’autres activités économiques, y compris agricoles, auraient pu être promues et avoir un meilleur impact sur l’économie locale.

Pour sa défense, l’Indiana State Department of Agriculture affirme que les installations d’élevage intensif modernes sont beaucoup moins polluantes que les anciennes. L’Environmental Protection Agency requiert en effet qu’aucun déchet ne soit rejeté dans les eaux sans l’obtention d’un permis, le fumier est donc conservé dans des sites de stockages. L’EPA a également lancé en Juin un programme pour étudier les émissions atmosphériques associées à ces installations. Les émissions de plus de 14.000 installations seront surveillées pendant deux ans. Les données obtenues permettront de développer une méthode d’estimation des émissions des installations individuelles et ainsi d’accélérer le processus de leur mise en règle avec le Clean Air Act.

Source :

– CAFO foes applaud BSU study, Seth Slabaugh, The Star Press
https://www.thestarpress.com/apps/pbcs.dll/article?AID=/20070706/NEWS01/707060342/1002
– Page internet de l’ISDA Livestock Summit
https://www.in.gov/isda/LivestockSummit/index.html
– Analysis of Hog Production in Randolph County, Indiana, Office of Building Better Communities, Ball State University, 2007:
https://www.thestarpress.com/assets/pdf/C77857075.PDF
– Analysis of Hog Production in Jay County, Indiana, Office of Building Better Communities, Ball State University, 2007
https://www.thestarpress.com/assets/pdf/C77789975.PDF
– Page web de l’EPA sur les CAFO :
https://www.epa.gov/oecaagct/anafoidx.html
– Site internet de GRACE factory farm project :
https://www.factoryfarm.org/

Rédacteur :

Elodie Pasco, [email protected]

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