Une collaboration entre des médecins de la Mayo Clinic, Arizona et des experts environnementaux du Biodesign Institute de l’Arizona State University a permis de mettre en évidence que les bactéries de la flore intestinale sont impliquées dans la régulation du poids chez la souris et suggèrent que la modification de ces bactéries pourrait un jour constituer un traitement contre l’obésité chez l’homme. Cette étude a été réalisée grâce aux financements fournis par la Mayo Clinique, financements destinés au développement de solutions innovantes pour améliorer la santé humaine.
L’obésité est l’état d’une personne possédant une masse adipeuse plus importante que la moyenne des individus. Elle a été reconnue comme une maladie en 1997 par l’Organisation Mondiale de la Santé et représente un problème de santé publique en raison des répercussions importantes qu’elle a sur la santé (augmentation de la tension artérielle, diabète,…). Elle résulte d’un déséquilibre entre la consommation de calories et la dépense énergétique. Aux Etats-Unis, une personne sur trois est obèse, ce qui a conduit les scientifiques à rechercher les multiples facteurs responsables de la prise de poids.
Les 1014 bactéries qui peuplent le tube digestif de l’homme accomplissent une grande variété de tâches. Elles participent, entre autre, à l’extraction des calories des aliments ingérés, aident au stockage de celles-ci pour un usage différé et fournissent l’énergie et les nutriments pour la production de nouvelles bactéries.
Dans cette étude, les scientifiques ont comparé des souris élevées dans un environnement conventionnel et des souris de laboratoire dépourvues de bactéries intestinales, élevées dans un contexte aseptisé. Une masse graisseuse plus importante est observée chez les souris élevées dans un environnement conventionnel et ce même si leur consommation calorique est moindre. De plus, la transplantation des bactéries de la flore intestinale de souris normales dans des souris de laboratoire entraîne une augmentation de leur masse corporelle de 60% en deux semaines, sans qu’une augmentation de la consommation ou un changement de comportement ne soient détectés. Une diminution des produits finaux de fermentation et des calories dans les fèces des souris obèses a été observée suggérant que les bactéries intestinales avaient aidé à l’extraction de calories supplémentaires à partir de la nourriture ingérée.
Chez l’homme, ce lien entre bactéries intestinales et poids n’est pas aussi clairement établi mais semble également exister. Une étude réalisée sur 12 personnes obèses soumises à un régime basse-calorie pendant un an, a montré qu’il existait des différences notables au niveau du type et du nombre de bactéries intestinales, avant et après le régime. Une seconde étude effectuée sur des enfants de leur naissance jusqu’à l’âge de 7 ans, a permis de mettre en évidence une différence entre la composition de la flore bactérienne intestinale chez les enfants présentant un poids normal à 7 ans et les enfants devenus obèses, suggérant ainsi que la composition bactérienne intestinale pourrait jouer un rôle dans le développement de l’obésité.
Des études futures devront vérifier que les résultats obtenus chez la souris peuvent être confirmés chez l’homme, et confirmer la relation entre la flore intestinale et la régulation de la masse corporelle. Enfin à terme, la possibilité de modifier la flore intestinale dans un but thérapeutique devra être explorée dans le but de mettre en place des essais cliniques chez l’homme.
Source :
– Mayo Clinic, Biodesign Institute collaboration examines link between gut bacteria and obesity, Joe Caspermeyer, The Biodesign Institute News & Events, 29/04/2008 – https://www.biodesign.asu.edu/news/mayo-clinic-biodesign-institute-collaboration-examines-link-between-gut-bacteria-and-obesity
– Could changing the bacteria in your digestive system be an obesity treatment, ScienceDaily, 02/04/2008 : https://www.sciencedaily.com/releases/2008/04/080401165014.htm
– Mayo Clinic Proceedings examines link between bacteria in the digestive system and obesity, EurekAlert, 01/04/2008 : https://www.eurekalert.org/pub_releases/2008-04/mc-mcp040108.php
Pour en savoir plus, contacts :
– Sur la Mayo Clinic : https://www.mayoclinic.org/scottsdale/
– Sur le Biodesign Institute : https://www.biodesign.asu.edu/
Code brève
ADIT : 54673
Rédacteur :
Camille Arnaud, [email protected] – Mireille Guyader, [email protected]