Quel est le point commun entre Johnson & Johnson, Caterpillar, McDonald’s , Walt Disney, Adobe, Intel Compaq, Sun Microsystems et Microsoft ? Croyez-le ou non, toutes ces entreprises devenues aujourd’hui de grandes entreprises globales, ont été créées pendant un ralentissement économique. Et cela vaut pour 18 des 30 valeurs composant le principal indice de la place de New-York, le Dow Jones Industrial. L’histoire a donc montré à plusieurs reprises que les entrepreneurs pouvaient apporter une réponse concrète aux crises tout en étant capables de doper une économie affaiblie … et les électeurs le savent !
Une enquête publiée cet automne par la Fondation Kauffman vient renforcer ce constat. Elle établit que, pour plus de 70% des personnes interrogées, la santé de l’économie dépend de la réussite des entrepreneurs. 80% des sondés souhaitent que le Gouvernement encourage l’esprit d’entreprise. En revanche seuls 26% seraient prêts à se lancer eux-mêmes dans les cinq prochaines années.
Les avis convergent : ne tardez pas à vous lancer, la récession peut être votre alliée. En effet, alors que le moral de beaucoup de grosses sociétés est au plus bas, pourquoi et comment la crise peut-elle représenter une fenêtre d’opportunité ? Tout d’abord un ralentissement économique atténue la concurrence dans la course aux financements des jeunes pousses. La plupart des "me too", moins efficaces et avec un plan commercial moins performant ont beaucoup moins de chance d’obtenir des financements. Il est par ailleurs beaucoup plus facile de négocier des licences intéressantes avec des établissements de recherche, par ailleurs beaucoup moins sollicités pour des demandes de transfert. Aussi, les banques ont besoin de diversifier leurs actifs et doivent donc continuer à prêter. Donc "en période de crise, les bons projets et les dossiers solides ont de bonnes raisons d’espérer trouver un financement", commente Marc Touati, économiste et directeur général de la société d’investissement Global Equities. D’autant que de nouveaux débouchés se dessinent avec notamment les places laissées vacantes par les entreprises disparues.
Il est aussi temps d’en profiter pour acheter. Surtout si l’on dispose de liquidités car tout est beaucoup plus négociable (immobilier, équipement, matériaux… voire rachats d’entreprises). A ceci s’ajoute le fait que la discussion salariale est malcommode (à l’entrée comme pour l’évolution de carrière) : il est donc plus facile de recruter ou de garder les bons éléments. C’est bien connu, les bons profils vivent la récession de plein fouet et se retrouvent "libérés" de leurs précédentes fonctions, ils sont donc disponibles, moins exigeants, plus flexibles et prêts à prendre plus de risques. Plus fidèles, en quelque sorte…
Le temps peut aider. La crise permet de prendre plus de temps pour faire les choses au mieux : concevoir de meilleurs produits, les tester avec soin pour s’assurer de ne pas perdre de client mécontent et répondre précisément à leurs besoins, tester son business model…
Une activité à privilégier : la communication. On le sait, elle affecte la perception que l’on a de l’entreprise : communiquer vers ses salariés pour les rassurer, communiquer vers ses clients pour qu’ils sachent où vous êtes, qui vous êtes et ce que vous proposez le jour où ils sont prêts à ouvrir leur porte-monnaie ! Moins visibles et moins rassurantes, les entreprises qui ne communiquent pas auront moins de chance de gagner des marchés. Un exemple concret avec Mahalo, une start-up offrant un moteur de recherche humain qui vient de licencier 10 pour cent de son personnel. Son fondateur Jason Calacanis a utilisé son blog pour donner libre cours à toute idée venant de ses employés, en expliquant en détail comment les mesures de précaution prises aujourd’hui en matière de réduction des coûts aideront demain en 2012 l’entreprise à gagner les marchés. Mahalo a ainsi gagné la reconnaissance de ses employés, de la presse et de ses clients.
Enfin, en période de crise, les jeunes-pousses peuvent aussi se permettre de davantage mûrir leur projet, sans levée de fonds sauf la famille et les amis, avec des modèles que des investisseurs leur refuseraient tels la création de communautés dont les membres deviendront plus tard de réels clients. Ce type de modèle permet d’accroître notablement la valeur de l’entreprise et de lever des fonds plus aisément ultérieurement avec une bien meilleure valorisation et une moindre dilution des fondateurs.
Au final, on lève autant d’argent mais plus sagement… les opportunités sont différentes mais elles existent. Ceux qui s’adaptent seront ceux qui en sortiront gagnants. Pour ceux qui ont de vraies bonnes idées innovantes, il n’y a pas de saison pour créer, et ce sont eux que les américains attendent pour sortir de la crise. Un modèle à suivre ? En tous cas un état d’esprit largement répandu en ces temps de crise où les américains n’ont rien perdu de leur optimisme.
Source :
– "Startups: The Upside of a Downturn", Vivek Wadhwa, BusinessWeek 07/11/08 – https://www.businessweek.com/smallbiz/content/nov2008/sb2008117_695019.htm?campaign_id=rss_smlbz
– "No time like the present", Srah Klein, CRAIN’s Chicago Business, 10/11/08 – https://www.chicagogsb.edu/entrepreneurship/docs/Crains-NoTimeLikeThePresent.pdf
Pour en savoir plus, contacts :
Rapport de la fondation Kauffman : https://www.kauffman.org/newsroom/americans-believe-entrepreneurs-will-revive-economy.aspx
Code brève
ADIT : 56815
Rédacteur :
Géraldine Quetin, [email protected]